Chapitre 27 : Une complainte dans le vent

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Les bourrasques ébouriffant ses longs cheveux dorés, effleurant ses pommettes saillantes, et irritant ses yeux de jade ; elle était complément seule au beau milieu de cette étendue de sable. Les vagues s'entrechoquèrent contre les rochers recouverts d'algues alors que les mouettes et goélands tranchèrent les cieux, produisant d'agaçants cris éraillés pour ses pauvres oreilles. Les conditions météorologiques donnèrent des impressions de chaos à cette mer déchaînée, assombrie et déferlant toute sa puissance sur les côtes de Storybrooke.

Les pieds et les fesses cohabitant avec le sol, la jeune blonde au corps tremblotant s'était réfugiée à l'aire de jeu, sous la structure en bois la protégeant un minimum du vent qui s'abattait sans répit. Cet endroit lui rappelait les quelques moments partagés avec ce petit bonhomme qu'elle trouvait au départ insupportable et qui, finalement, étaient tout simplement adorables et si chers à ses yeux. Que deviendrait leur après-midi de lecture à présent ? Pourra-t-elle seulement le revoir ? Cette éventualité fit apparaître une boule d'angoisse dans son bas ventre, enfouissant désespérément son visage entre ses mains.

Inspirer lui déchirait la poitrine, expirer lui broyait le cœur. Son organe vital n'arrivait plus à fonctionner correctement, affaibli et meurtri par tout ce qu'il se passait dans sa vie. Elle était plongée dans une spirale infernale qui ne déniait se stopper, tourmentée entre tout arrêter ou continuer à survivre. Oui, survivre face à ce monde qui l'engloutissait petit à petit, sans plus personne à qui s'accrocher, s'épauler. L'absence de son amie brune avait déjà causé des dégâts colossaux dans son système, mais, l'abandon de sa psychiatre qui était devenue un pilier pour elle l'avait complètement détruite et bousillée...

— Il y a quelqu'un ?

Elle ravala douloureusement un long sanglot, se crispant à l'entente de cette voix.

— Est-ce que quelqu'un est ici ?

La voix se rapprocha, se faisant plus forte, à quelques petits mètres de la jeune femme.

— Je...

Elle se brisa, se transformant en simple murmure.

— Je sais que tu es là... Réponds-moi, Emma.

Sans pouvoir le contrôler, le poing de la patiente entra violemment en contact avec l'un des piliers de la structure, attirant l'attention de l'étrangère. Cette dernière passa sa tête sous le jeu en bois, découvrant la jeune femme avec les yeux translucides qui se frotta le nez avec le revers de sa manche.

— Emma, expira-t-elle d'un air soulagé.

— Tu veux quoi, Regina ? interrogea froidement la concernée, esquivant le regard ambré inquiet.

Que voulait-elle ? À vrai dire, elle n'en savait absolument rien. Son cœur avait parlé à la place de son cerveau, partant à la poursuite de cette blonde en furie.

— Pour être honnête : je l'ignore.

Cette réponse fit hausser les sourcils à la serveuse, levant la tête pour finalement capter les yeux de chocolats. Ils avaient l'air différents des autres fois, beaucoup plus ternes et... sans vie.

— Est-ce que... Je peux m'asseoir ? demanda-t-elle en pointant du doigt l'espace inoccupé.

La jeune blonde resta le regard perdu vers l'horizon, voyant les vagues s'entrechoquer encore et encore alors qu'un petit crabe venait flirter avec le bout de ses chaussures.

— Fais comme tu veux.

Hésitant un moment, les mains fermement agrippées autour de la lanière de son sac, la psychiatre s'accroupit lentement pour passer sous la structure, s'avançant à pas de velours auprès d'elle. Une fois assise au milieu de cette couche de sable fin, quelques centimètres la séparant de sa patiente, un long silence s'installa entre les deux femmes. Elles étaient comme deux inconnues, ne sachant que dire à l'autre pour juste lui faire relever les yeux, ou au moins lui faire esquisser un simple sourire. Cette sensation provoqua un vide à l'intérieur de chacune, comme si toute la magie qui brillait dans leur être en voyant celle qui faisait battre leur cœur s'était évaporée.

Sous toutes ses facesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant