Chapitre 25 : Juste te protéger

1.2K 79 65
                                    

– Ruby est... Partie ?

Cette information était comme un coup de massue pour Emma, complètement choquée et démunie. Les entrailles de la blonde brûlaient tel un brasier, se détruisant de l'intérieur par ce choc émotionnel. Elle ne comprenait pas pourquoi la brune s'était enfuie, laissant derrière elle tout un restaurant, mais surtout, sa grand-mère ainsi que ses amis de toujours. Alors qu'elle était bien trop submergée par la tristesse et la colère, la plus âgée d'entre elles sortit un papier soigneusement plié de sa poche, le coulissant sur la longueur du comptoir pour arriver à la hauteur de la plus jeune. Mais voyant son amie immobile et les yeux rivés sur un point fixe, Mary décida de le prendre entre ses mains, dépliant délicatement cette page subtilisée d'un cahier au vu des déchirures présentes sur la tranche.

L'écriture qui se dégagea était d'une calligraphie presque parfaite, soignée et aucune faute ne s'était incrustée entre les lignes. Pas une seule rature non plus, comme si cette lettre avait été mûrement réfléchit et refaite un bon nombre de fois. En tout cas, ce bout de papier le faisait clairement comprendre. Les yeux bruns analysèrent plusieurs fois son contenu puis, lorsqu'elle était sûre que ses cordes vocales n'allaient pas flancher, elle l'a lu à voix haute :

« Grand-mère, Emma et Mary.

Je vous écris cette lettre pour vous prévenir de mon départ.
En effet, depuis les récents événements qui ont chamboulé nos vies, je ne me sens plus capable de rester entre ces quatre murs qui me rappellent sans cesse la trahison de certains.
J'ai pris la décision de partir pour m'éloigner de tout ceci, car, de jour en jour, je souffre de cette situation même si je ne le vous montre pas.
J'espère que vous comprendrez ma décision, je pense fort à vous.

PS : Ne te tracasse pas grand-mère, ta petite-fille est une grande.
PPS : Mary, prends soin de ma Blondie et qu'elle reste forte.

Je vous reviens vite,

Ruby. »

– C'est pas possible, souffla-t-elle en s'asseyant lourdement à côté de la gérante, n'en revenant pas de cette soudaine décision.

– C'était... Imprévisible, compléta la brunette en prenant également place sur un tabouret, la blonde au milieu d'elles deux.

– Mais comment j'ai pas pu le voir ? Comment j'ai pas pu le voir qu'elle souffrait ? répéta durement la plus jeune en pressant sa tête entre ses deux mains.

La femme aux cheveux courts laissa une petite moue se former sur sa figure, passant un bras dans le dos de son ex-colocataire.

– Même si je ne la connais que très peu, je pense que sa bonne humeur et sa joie ont absolument tout masqué. Tu ne peux pas t'en vouloir, on ne pouvait pas le savoir.

– Oui, mais j'aurai dû. C'est exactement comme Dorothy, on aurait dû le savoir, cracha-t-elle en fermant ses poings, faisant blanchir ses phalanges.

– À moins que tu aies des pouvoirs de médium : non, Emma.

Alors que les deux jeunes femmes parlaient vainement de ce sujet, la gérante à leurs côtés releva la tête auparavant écrasée contre le vernis, retrouvant la faible luminosité du restaurant. Elle enleva sa monture du bout de son nez, se mouchant brièvement dans un mouchoir pour les interpeller d'une voix presque brisée :

– Ce n'est pas la première fois qu'elle me fait ça.

– Quoi ?

La blonde et la brunette tournèrent vivement leur tête en direction de la plus âgée, se demandant ce qu'elle voulait dire par-là. Un long silence plana dans la salle, alors que la femme aux cheveux grisonnants essaya de reprendre ses esprits, voulant leur conter cette partie immergée de la vie de sa petite-fille.

Sous toutes ses facesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant