Sous toutes ses faces

Chapitre 24 : C'était salement romantique

L'astre du jour s'infiltrant entre les rideaux clairs, la pièce commençait peu à peu à se gorger de lumière. Ces quelques rayons scintillants vinrent s'échouer contre son fin visage, grommelant légèrement en s'enfonçant dans l'oreiller. Mais lorsqu'elle bougea, un bras s'enroula autour de son abdomen et une poitrine se pressa dans son dos. Cette présence lui rappela à quel point elle n'avait pas rêvé, que tout s'était réellement passée durant cette nuit torride. Elle se souviendra à jamais de cet instant magique, voyant encore le corps pâle se mouvoir sous le sien avec désir. Dire qu'elle n'était pas satisfaite serait un mensonge, mais la brune devait bien se l'avouer : elle avait encore terriblement envie de sa patiente.

Un souffle d'aise passa entre ses lèvres carmin, entremêlant ses doigts à ceux reposant contre son ventre plat. Regina jura intérieurement en pensant que, malheureusement, elle ne pourrait rester aussi longtemps qu'elle ne l'aurait voulu dans les couettes. Pourtant, la chaleur du corps émanant près du sien voulait clairement lui faire comprendre le contraire. Elle se sentait affreusement bien, malgré les quelques courbatures qui lui rappelaient la veille. Cette montagne russe d'émotion coulait inlassablement dans ses veines, se demandant comment elle avait fait pour vivre ces derniers mois sans tout ce bonheur apparu en une seule nuit.

– Réveillée ? entendit-elle au creux de son oreille.

Elle se retourna lentement, faisant face à la mine à moitié endormie de la jeune femme.

– Oui, répondit la brune en souriant. Bien dormi ?

– Trop peu... Mais ça en valait la peine.

Cette remarque les fit doucement ricaner, se rapprochant un peu plus pour coller leur front. Le bout de ses doigts effleura la peau bronzée, percevant de fines marques sous son touché. Elle remarqua instantanément les sourcils autrefois maquillés se froncer.

– Je te l'ai dit Regina : je m'en fiche, rappela-t-elle en ancrant son regard à celui ambré.

– Je sais, souffla péniblement la brune en se mettant sur le dos. Mais maintenant qu'il fait jour, tout devient concret, tu peux voir tout ce qui me hante.

En entendant les paroles amères, ses lèvres rosées se pincèrent longuement. Cependant, une idée lui vint, s'accoudant contre le matelas pour être légèrement au-dessus de son amante.

– Est-ce que je peux voir ? Enfin t'es pas du tout obligée bien sûr, mais j'ai pas envie que tu subisses ça toute seule et que tu perdes confiance en toi à cause d'un con, laissa-t-elle échapper en parlant posément. Je veux te pousser vers le haut moi, et te faire comprendre à quel point t'es fantastique.

– Tu veux vraiment voir ce qu'il m'a fait ? s'assura la jeune femme, troublée par la bienveillance de sa patiente qui hocha doucement de la tête

L'oxygène coincé dans ses poumons s'extirpa longuement, regardant encore un instant le plafond de sa chambre. La peur de lui montrer cette part d'elle envahissait tous ses sens, ayant honte de ses foutues cicatrices indélébiles. Qu'avait-elle fait pour subir tout ceci ? Qu'avait-elle fait pour être lâchement amochée de la sorte ? Mais surtout : qu'avait-elle fait pour mériter une aussi belle personne comme Emma ? Car derrière cette apparence froide et dure se cachait en réalité une immense douceur, la réconfortant dans n'importe quelle situation.

Comme signe de reconnaissance, elle prit son visage pâle entre ses deux mains chaudes, pressant un tendre baiser au sommet de celui-ci. Un fin sourire se glissa contre ses lèvres en sentant la jeune femme loger une mèche derrière son lobe, caressant au passage sa chevelure de jais. Et puis finalement elle se détacha, baissant doucement la couette jusqu'en dessous de son torse qui marqua de rouge les joues d'Emma. La brune s'amusa légèrement de la situation, reprenant rapidement son sérieux lorsqu'elle s'allongea sur son ventre. Voilà, son dos durement marqué était à découvert, juste pour cette femme qui partageait ses draps, mais aussi sa vie.