Chapitre 28 : Frôler le bonheur

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— Je pensais pas que me revoir te ferait cet effet-là...

Elle reçut un léger coup dans l'épaule, lui décrochant un ricanement.

— Qu'est-ce que tu fous ici ? argua la blonde en s'accrochant tant bien que mal à son manteau, ayant perdue toutes ses forces.

— Je pouvais pas éternellement vagabonder pour essayer de fuir mes démons, expliqua-t-elle en passant ses bras autour du corps frêle pour mieux la maintenir. D'ailleurs, est-ce qu'on va devoir rester éternellement sous ce froid devant la baraque de ta copine ?

Malgré la colère qui traversait son être, Emma ne put s'empêcher de serrer tout contre elle la brune, enfouissant son visage entre les mèches rougeâtres et d'ébènes. C'était si bon de la retrouver, de pouvoir entendre sa voix et ses blagues de mauvais goût. Elle se remit de ses esprits pour l'inviter à rentrer, refermant la porte derrière elles alors que le froid prenait possession des lieux. Après avoir accroché sa doudoune aux couleurs florales auprès des autres manteaux, les deux jeunes femmes se dirigèrent dans le plus grand calme jusqu'au salon, apercevant au loin la silhouette de la maîtresse de maison.

— Qui était-ce, ma Lune ? demanda-t-elle alors qu'elle s'occupait de la cheminée, attisant les quelques braises restantes.

— J'avais presque oublié à quel point vous étiez gnangnan.

La brune sursauta avant de précipitamment se retourner, plantant ses yeux ambrés dans ceux d'azurs de la serveuse.

— Ruby ? Tu es revenue ?

— J'en ai bien l'impression, ouais, expira celle-ci avec un fin sourire, apposant énergiquement un bras sur l'épaule de son amie.

— Je t'en prie, assieds-toi, invita la psychiatre en passant devant elles. Je reviens, je vais préparer de quoi nous réchauffer.

Alors que la maîtresse de maison partait en direction de la cuisine, la brunette et la blonde s'installèrent sur le canapé, les yeux de la nouvelle arrivante parcourant les alentours. Elle n'était venue que très peu de fois ici, mais elle devait bien avouer que Regina avait de très bon goût en termes de décoration, en tout cas bien plus que son amie...

Quelques minutes passèrent dans un calme étrangement reposant, arrivant finalement la brune avec un plateau en argent recouvert par deux tasses de café et une de chocolat chaud. Un doux regard se posa sur elle lorsqu'Emma prit celle qui lui était destinée, une agréable odeur de cannelle s'en dégageant.

— Alors, que nous vaut ton retour parmi nous ? commença le docteur en trempant ses lèvres dans la boisson aux nuances noires.

— Oh, c'est une drôle d'histoire qui m'est arrivée, pouffa nerveusement la brunette en ajoutant un nuage de lait dans son café.

— Comment ça ? Raconte-nous tout, incita la plus jeune d'un ton monocorde, encore un peu chamboulée de retrouver son amie.

La concernée fixa un long moment son propre reflet dessiné sur la surface de la boisson chaude, buvant quelques gorgées tout en se brûlant la langue, relevant le regard pour observer à tour de rôle les deux jeunes femmes en face d'elle. Ruby se racla la gorge, tapotant du bout de ses ongles la porcelaine qu'elle tenait entre les mains, ne réalisant toujours pas réellement les événements passés.

— Tout s'est déroulé il y a presque deux semaines...


À l'extérieur, toutes les lumières étaient allumées. Les habitants de la Grosse Pomme s'émerveillaient par l'ambiance qui régnait dans les rues, par les nombreux stands qui décoraient le bas-côté de la route, offrant sucreries et boissons chaudes à ces êtres gelés par le froid hivernal. Cette ville était continuellement en train de vivre, rythmée par les touristes qui venaient pour les fêtes ou encore par les travailleurs qui ne prenaient jamais de pause. Mais à travers ces rues où grouillaient ces ouvrières, une âme solitaire errait parmi eux, légèrement étouffée par ces hauts buildings qui l'entouraient. Elle se sentait minuscule et insignifiante, comme si elle n'était qu'une poussière invisible aux yeux de tous.

Sous toutes ses facesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant