Les bras croisés sous la tête et les cheveux enfouis dans l'oreiller, ses yeux de jade se perdaient sur le plafond de sa chambre. C'était sûrement sa dernière journée qu'elle allait passer dans cette pièce avant un bon bout de temps. Des centaines de souvenirs joyeux et maussades étaient incrustés entre ces quatre murs. Une multitude de sentiments se bousculèrent à l'intérieur de sa cage thoracique et de sa boîte crânienne. Où allait-elle bien atterrir ? Retrouvera-t-elle un jour le chemin d'une vie plus conforme ? Elle n'en avait aucune idée. La jeune fille espérait simplement que tout ce vacarme cesse une bonne fois pour toutes.
Un sifflement fit écho dans son esprit. Un sifflement ressemblant à des murmures, à une voix... Elle compressa de sa main son visage crispé par l'agacement et la souffrance. Cette personne qui lui bredouillait des paroles incompréhensibles l'insupportait au plus haut point. Le bruit se transforma rapidement en bourdonnement, en brouhaha. Alors qu'elle commençait à perdre raison, un impact contre sa vitre la fit précipitamment se relever. Le souffle saccadé, elle alla ouvrir la fenêtre, esquivant de peu le petit caillou de nouveau lancé. Son corps penché dans le vide, ses yeux purent apercevoir l'image d'un jeune homme en vélo, les cheveux bruns et le regard espiègle.
– Qu'est-ce que tu veux ? commença la blonde en s'accoudant.
– Que tu descendes me rejoindre.
– Pourquoi je ferais ça ?
– Je veux qu'on fasse un dernier tour ensemble avant ton départ, sœurette, proposa celui-ci en s'affalant sur son guidon.
La jeune fille réfléchit un instant, faisant le point sur ce qu'elle devait faire en cette fin d'après-midi, c'est-à-dire... Rien. Elle reprit alors avec amusement :
– Je sors mon vélo et je te suis tête de nœud ! s'exclama-t-elle en refermant la fenêtre.
Ce dernier pouffa de rire en constatant le soudain engouement de sa sœur. Quelques minutes passèrent avant qu'il n'entende le cliquetis des roues sur le bitume sortir du garage. Les sorties avec leurs deux roues étaient devenues une habitude, un rituel. Alors c'était tout naturellement que cette idée germa dans la tête du jeune garçon pour leur potentielle dernière balade. La blonde enfourcha son vélo et suivit son frère qui roulait déjà vers le Soleil qui se couchait au loin...
– Emma, tu me réponds ?
– Pardon Mary, tu disais ? bafouilla la jeune femme en secouant la tête.
Emma était partie rendre visite à son ex-colocataire qu'elle n'avait pas vu depuis sa sortie de prison. La revoir et lui reparler lui faisait le plus grand bien. Se pourrait-il que la brunette eût finalement pris une importante place dans le cœur de la blonde ?
– Et bien, t'étais passée où pendant cinq minutes ?
– Rien d'important... Alors ?
– Je te suppliais de bien vouloir aller à ce foutu rendez-vous, expira agacée la détenue.
– Pourquoi j'irais la voir alors qu'elle me sort par les yeux ?
– Peut-être parce qu'elle veut vraiment t'aider ? Tu penses jamais à ça ? rétorqua amèrement celle-ci face à la remarque de son amie.
– Personne peut m'aider, se lamenta la blonde en croisant les bras.
– Bon maintenant tu vas arrêter Emma ! commença-t-elle à s'énerver. Cette Mills fait, à ce que j'entends, tout son possible pour t'aider avec cette maladie qui te détruit. Tu t'en rends peut-être pas compte, mais tout ce qu'elle fait c'est pour ton bien ! Et puis c'est ta psy : à quel moment elle allait bien t'exposer et t'avouer sa vie privée ? Tu pensais vraiment qu'elle allait s'ouvrir à toi alors qu'elle doit sûrement le garder juste pour sa personne ?
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Sous toutes ses faces
FanfictionAprès plusieurs années passées derrière les barreaux à cause de problèmes psychologiques, Emma est obligée de prendre rendez-vous avec une professionnelle : le Docteur Mills. Et rien ne risque d'être facile, bien au contraire. Mais c'est avec patie...