4.Mise au point.. ou pas.

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Une  caresse sur ma joue me fait ouvrir les yeux.

Il est là, le dos de sa main sur ma joue.

-         Avez-vous bien dormi très chère ?

-         Excessivement bien et vous ?

-         Je n'ai pas dormi, je vous ai regardé.

Ah, la ça devient gênant. Changeons de sujet.

-         Bien et maintenant que fait-on ?

-         J'ai bien une idée mais malheureusement nous n'allons pas pouvoir la mettre en pratique.

-         Pourquoi ?

-         Parce qu'il est 8h47 et que je pense que vous ouvrez à 10h00, non ?

-         Oh mon dieu, la boutique.

Je me lève d'un bond, saute dans ma robe et me fige. Encore une fois comme s'il avait lu dans mes pensées ;

-         Prenez ma voiture, dit-il en me tendant les clés. Vous serez obligée de me la ramener après votre journée.

-         Oui mais enfin c'est votre voiture, vous aller en avoir besoin aujourd'hui ;

-         J'en ai d'autres ne vous en faites pas pour moi.

Je ne l'ai pas vu venir celle là. En même temps vu la taille de la maison, c'est presque logique d'avoir plusieurs voitures.

-         Je préfère vous laisser partir car si c'est moi qui vous ramène,  il y a de fortes chances  que vous soyez en retard pour l'ouverture.

-         Bien, alors je me sauve et vous ramène votre bien ce soir, sans faute.

-         Embrassez-moi avant de me quitter.

Je me penche vers lui et pose mes lèvres délicatement sur les siennes. Sa réponse est instantanée. Ses lèvres se font plus présentes, sa langue cherche un passage pour rejoindre la mienne. Je cède et la laisse envahir ma bouche. Elle est si expérimentée. J'ai envie de lui maintenant, mes mains sur son torse le caressent et explorent encore et encore cette peau que je commence à connaitre. Ma robe  relevée  sur mes hanches, je sens ses doigts s'infiltrer en moi, je m'arrache à sa bouche pour laisser échapper un gémissement mêlant surprise et désir. Il lève un regard taquin sur moi et continue son exploration.

Je ne suis plus que désir, je veux à mon tour lui faire éprouver ces sensations mais il retient ma main et la plaque contre le matelas. Un peu surprise, je me laisse malgré tout aller à son doigté. J'ai comme l'impression de m'enfoncer dans un épais brouillard cotonneux de désir. Mes sens sont exacerbés, je ne pense plus à rien et  me concentre sur ses doigts en moi, sa bouche sur mes seins. Je sens que le volcan au creux de mon ventre  gronde,  pour bientôt exploser. Cette détonation accompagne mes cris de délivrance au plus grand bonheur de Monsieur.

C'est officiel, sur 3 ans d'existence de la librairie d'Avalon, l'ouverture se fera avec du retard. Ayant été retenue avec mon accord, j'arrive à la boutique avec 10 minutes de retard. Heureusement que cette voiture  à plus les avantages d'un bolide que d'une charrette de montagne. J'allume vite les lumières et le pc m'aidant bravement pour les stocks, commandes et autres comptabilités. Le carillon zen de l'entrée retentit. Un coursier avance vers moi un énorme bouquet de roses rouges à la main.

-         Mademoiselle Walcott ?

-         Oui.

-         Veuillez signer ici, s'il vous plait.

J'empoigne le stylet accroché à l'appareil et signe.  Il me remet les fleurs dans lesquelles se trouve  une enveloppe cachetée à la cire. Je remercie  le coursier et ouvre l'enveloppe.

Ma très Chère Séléné,

Cette soirée fut merveilleuse. Comme toujours en votre compagnie. Acceptez ces quelques fleurs, humble gage de mon affection. Mon corps vous réclame... encore.

A ce soir,

Votre dévoué.


On y prend vite goût à ce genre d'attention. Pourtant du haut de mes 25 ans je ne peux rivaliser avec cet homme qui a appris, vécu et testé. 22 années nous séparent et ca fait toute la différence. Moi  j'apprends encore, lui il sait ! Je m'installe derrière mon comptoir et je fixe les roses dans le vase en cristal miraculeusement abandonnée par les anciens propriétaires. On m'offre rarement des fleurs donc je n'ai pas grande utilité d'un vase. Il fait calme et mon esprit dérive. Qui est-il au fond ? Je couche avec un homme dont je connais à peine le nom et qui lui à l'air de tout savoir sur moi. Qu'est ce que je suis en train de faire ? Cette histoire ne me mènera pas au mariage, alors puis - je vivre comme ca ? Ce soir c'est décidé je lui parle et s'il est toujours aussi secret, nous en resterons là. Enfin, je crois.

La fin de journée arrive vite. Beaucoup de monde envahit la boutique donc le temps file et la fermeture arrive à grands pas. La boule caractéristique au fond de mon ventre fait son apparition. En fermant la porte derrière moi je me rends compte que je ne suis pas rentrée chez moi depuis plus de 24h. Direction maison pour  me changer et prendre un petit moment pour moi.

Une fois dans mon salon, j'ai l'impression de ne plus y être venue depuis des mois. Je passe dans ma chambre pour choisir une tenue plus agréable ; un sarouel noir et une blouse  pourpre. J'enfile un long sautoir ornée d'une fleur de lotus en or blanc et je n'oublie pas le splendide collier en améthyste et diamant de Daniel.

Sur la route menant à lui, je me rends compte un peu plus de ce qu'il se passe et j'aime cette histoire. Et lui, il est si sûr de lui, si ténébreux, malgré son âge et ses cheveux poivre et sel. Ses mains me font vibrer, sa voix me fait frémir et cette façon de me regarder. J'ai connu des hommes mais lui est différent. Quelque chose en lui est différent, un coté sombre indescriptible mais tellement attirant. Qui est-il ? Et pourquoi a-t-il cet effet sur moi ?

Garée devant l'immense demeure, je prends une grande inspiration pour faire diminuer la mini tornade au creux de mon corps. Je n'ai pas le temps d'arriver sur le perron qu'il est déjà là. Elégant, comme à son habitude, son sourire taquin sur ses lèvres délicieuses a définitivement raison de moi. Il me tend la main que j'attrape sans hésitation. Il approche doucement ma main de sa bouche pour y déposer un délicat baiser. Son regard enflammé remonte vers mon visage empourpré.

-         Séléné, vous êtes délicieuse, même avec un sarouel. Sourit-il.

-         Merci Daniel, vous êtes vous-même assez exquis. Dis-je en lui rendant son sourire.

-         Entrons,  si vous voulez bien...

2016 L'instant XOù les histoires vivent. Découvrez maintenant