Une odeur de sueur nous sauta aussitôt à la gorge tandis que des pleurs, des lamentations et des cris de douleur agressaient nos oreilles. Asma posa une main devant sa bouche et réprima un haut-le-cœur. Alex serra ma main si fort qu'il me fit mal, mais j'avais besoin de ce contact pour me rassurer, pour conserver cette présence familière, cet ancrage de raison dans un monde de folie.
Partout, des cages aux barreaux plus ou moins espacés laissaient entrevoir des para-humains aux caractéristiques particulières. Comme dans les zoos qu'affectionnaient les humains, des pancartes indiquaient la particularité de chaque spécimen, parfois sa généalogie ou son espèce d'origine. Hélas, les créatures enfermées dans ces cages n'avaient plus rien d'humain, ni même de para-humain. Il leur restait à peine la parole pour réclamer aux visiteurs de la nourriture. Cependant, ceux qui venaient ici n'y entraient pas pour donner mais pour admirer l'horreur d'un tel spectacle. Je ne comprenais pas comment ils pouvaient payer pour cela et rester là sans rien faire...
— Si le petit se cache là-dedans, ne comptez pas sur moi pour le chercher, murmuré-je, mal-à-l'aise.
Alex comprit très bien que ni Asma ni moi n'étions en état de faire le tour des lieux et de jeter un coup d'œil dans chaque cage. Chacun de ces grillages de fers me rappelaient trop que je pourrais aussi être de l'autre côté si ma bonne fortune et mon fidèle compagnon m'abandonnaient.
Pour faire mine de rien, nous marchâmes côte à côte, sans conviction. Au bout d'un laps de temps bien trop long, Alex reparut, un sourire à la fois carnassier et désolé sur les lèvres. Il nous annonça :
— Je l'ai trouvé.
Nous le suivîmes jusqu'à une cage dans un coin éloigné qui attirait surtout la gent féminine. Là, un vampire aux yeux d'un bleu éclatant se tenait assis en tailleurs et observait son public de toute sa candeur, des larmes coulant sur ses joues salies. De toute ma vie de vadrouille à flâner dans les lieux les plus mal famés, je n'avais vu pareil contraste entre la pureté et l'immondice. Je ne tergiversai pas longtemps :
— On le sort de là, tout de suite.
Alex et sa grande taille bousculèrent les femmes qui se tenaient là, des humaines en plus ! J'eus la brusque envie de leur cracher au visage mais je la réprimai. Ce n'était pas une stratégie de survie très efficace.
Parvenu près de la porte, le lycan me fit signe et je le rejoignis. Sa carrure bien plus imposante que la mienne couvrit mes gestes au regard des curieux qui de toute façon se fichaient de mes affaires. En quelques secondes, la serrure de la cage céda et je m'accroupis sans ouvrir la porte avant de tendre une pièce à l'enfant pour attirer son attention. Il ne m'eut pas plus tôt repérée que la pièce disparut de ma main tendue.
— Petit, on va t'aider à retrouver ton papa, lui chuchotai-je.
J'avais éveillé sa curiosité puisqu'il se rapprocha de moi, avec méfiance néanmoins.
— Tu t'appelles Eric, c'est ça ? demandé-je.
Il hocha la tête en signe d'assentiment.
— Moi c'est Alyss, je connais ton papa, Kylian, il te cherche. Je vais te sortir de là.
— D'accord, accepta-t-il.
Du haut de ses sept ans, il gardait un sang froid exemplaire en une pareille situation que je lui enviai. Je lui indiquait de reculer un peu et me relevai pour ouvrir la cage. À la vue de ce prodige qui échappait toujours aux autres clients, Eric écarquilla les yeux, comme s'il n'avait pas cru à sa délivrance après mes seules paroles. Désormais, il fallait agir vite. Sans attendre qu'il ne réalise, je l'emportai dans mes bras.
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C'est ici qu'on parle encore de moi
RandomVoilà mon Randbook numéro 3 ! Comme toujours vous y trouverez des tags et des tas d'autres catégories selon mon inspiration.