Prologue - Une nouvelle piste

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La fête d'inauguration de notre nouveau quartier général battait toujours son plein lorsque je pénétrai dans mon bureau. Je pouvais entendre la musique, estompée par la distance, du DJ chargé de faire danser nos invités. Enfin, je dirais plutôt les invités de Tony, car je ne connaissais pas la majorité des gens qui participaient à la soirée. Je soupirai en me remémorant la scène qui s'était déroulée dans le hall quelques minutes auparavant. Qu'est-ce qui m'avait pris de manipuler les pensées du milliardaire? Les derniers mois avaient été difficiles pour moi. Reste que Tony m'avait poussé à bout en insistant pour que je parle de ma fausse couche avec cette journaliste. Ne pouvait-il pas comprendre que la douleur était encore là et que je n'avais aucune envie de partager cette mauvaise expérience avec la planète tout entière? J'avais beau être une personnalité connue depuis que j'étais une Avenger, je tenais quand même à ma vie privée. Tout était si superficiel avec Stark! Mais quand il avait une idée en tête, il était difficile de l'en faire décrocher.

            La voix de FRIDAY me ramena sur la raison de ma présence dans mon bureau à une heure aussi tardive. Il y avait quelque temps, j'avais demandé à l'intelligence artificielle de retrouver les documents d'HYDRA mis en ligne par Black Widow en 2014 et de les décrypter. J'espérais y dénicher des informations supplémentaires sur le Soldat de l'hiver qui pourraient m'aider à le localiser. Apparemment, il y avait déjà des résultats intéressants. À moins que l'assistante virtuelle n'ait voulu m'éloigner de Stark... FRIDAY me dit qu'elle avait trouvé des rapports en lien avec les différentes missions effectuées par Barnes et qui venaient compléter le dossier que j'avais déjà en main sur lui. La plupart étaient des ordres de mission pour les attentats commis par l'assassin et la confirmation que les résultats attendus avaient été atteints. Jusque-là, rien de bien exceptionnel; le Soldat de l'hiver réussissait toujours ses missions. Cependant, FRIDAY attira mon attention sur une série de missives qui expliquaient une mystérieuse note au dossier de Barnes. La note en question datait de juin 1973 et interdisait toute incursion en sol américain jusqu'à nouvel ordre.

            En mars 1973, les Soviétiques avaient ordonné à Bucky d'assassiner un sénateur américain du nom de Harvey Baxtor. La mission fut un succès, mais le tueur d'HYDRA ne s'était pas présenté au point d'extraction une fois son méfait accompli. Des ordres furent donnés pour le retrouver coûte que coûte, quitte à compromettre les couvertures des espions soviétiques aux États-Unis. Barnes fut finalement localisé à New York plusieurs semaines plus tard dans un refuge pour les sans-abris ou les gens sans domicile fixe. Il était alors dans un état confus et désorienté. De retour en Sibérie, les scientifiques d'HYDRA avaient procédé de nouveau à un lavage de cerveau et lui avaient effacé la mémoire. Comme tout semblait être rentré dans l'ordre, ils le placèrent en cryogénisation jusqu'à sa prochaine mission. Pendant la vingtaine d'années qui suivit, le Soldat de l'hiver ne remit pas les pieds aux États-Unis.

            FRIDAY m'informa qu'elle avait trouvé un enregistrement de l'interrogatoire de Barnes lors de son rapatriement en URSS et me demanda si je voulais le visionner. Je mis donc des écouteurs pour couper le bruit de la fête et enclenchai la lecture du fichier. L'entrevue se déroulait en russe, mais cela ne me causait aucun problème. Je comprenais parfaitement cette langue. La première chose que je remarquai fut l'état général de Bucky. Outre le fait qu'il paraissait aussi docile qu'un pantin, il avait le regard effaré et il ne semblait pas savoir où il se trouvait. Ses traits étaient tirés, comme s'il n'avait pas dormi depuis plusieurs jours. Son visage exprimait une telle tristesse et il avait l'air si perdu que j'eus pitié de lui. Je me demandais bien ce qui s'était passé pour qu'il se retrouve dans un tel état. Mais l'interrogateur avait beau poser toutes sortes de questions, Barnes ne répondait que par une seule et unique phrase, en anglais : « Elle est partie. »

            Puis, le son fut coupé. Je vérifiai auprès de FRIDAY s'il s'agissait d'un problème technique, mais elle me dit que le fichier était ainsi. À l'écran, la personne chargée de l'interrogatoire se leva et fit lentement le tour de la pièce. J'aperçus Barnes se raidir et se mettre à respirer de plus en plus vite. Sa bouche s'ouvrait et se refermait comme s'il cherchait son souffle. Il semblait souffrir. Deux gardes assez costauds le maintinrent assis sur sa chaise jusqu'à ce qu'il baisse sa tête. Quand il la releva, je vis le Soldat de l'hiver regarder stoïquement son interlocuteur. Les traits de Bucky s'étaient durcis et son visage n'exprimait plus aucune émotion. Je sursautai et arrachai les écouteurs de mes oreilles lorsque l'interrogateur salua Barnes. J'avais oublié de rebaisser le volume après la coupure du son... « À vos ordres, entendis-je Barnes répondre d'un ton neutre en russe après que j'eus remis mon casque d'écoute.

            - Rapport de mission. Le 12 mars 1973.

            - La cible était chez elle... » Pendant que Bucky détaillait la manière dont il s'y était pris pour tuer le sénateur Baxtor, je restai sans voix face à sa métamorphose soudaine. Qu'est-ce qu'il venait de se produire et qui m'avait échappé? Comment Bucky avait-il pu passer d'un état confus, puis agité et finalement à un état aussi neutre et calme en l'espace de quelques instants à peine? Je fis rejouer la scène au moins une bonne dizaine de fois avant de remarquer que l'interrogateur, tête penchée, semblait consulter quelque chose devant lui avant de se lever. Ce moment correspondait à la coupure de son de la vidéo. Malheureusement, la caméra était située derrière l'homme et je n'arrivais pas à distinguer ce qu'il y avait sur la table. Et une fois qu'il fut debout, je ne vis qu'un épais dossier refermé. Je demandai à FRIDAY s'il y avait un autre enregistrement de l'interrogatoire montrant un angle de vue différent, mais elle n'en avait pas trouvé.

            Je continuai l'écoute de la vidéo. Après son compte rendu, le Soviétique félicita le Soldat de l'hiver pour le succès de sa mission. Puis, il lui demanda pourquoi il ne s'était pas présenté au point d'extraction. « Il y avait cette chanson qui jouait.

            - Laquelle? » Barnes se racla la gorge avant de fredonner :

Hold me close and hold me fast.
The magic spell you cast.
This is la vie en rose.
When you kiss me heaven sighs.
And though I close my eyes.
I see la vie en rose.

« Je devais la retrouver, ajouta Barnes dont les traits semblaient de moins en moins durs.

            - Soldat, cette chanteuse, Édith Piaf, est morte depuis quelques années...

            - Non, pas elle. Rosie! » La vidéo s'arrêta sur le visage de Bucky, ravagé par le chagrin, lorsqu'il avait crié le nom de Rosie.


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Voilà, c'est partie pour une nouvelle aventure pour ma petite Rose. J'espère que vous aimerez aussi cette histoire. Si c'est le cas, n'hésitez pas à mettre des étoiles!

Vous pouvez aussi me laisser un commentaire. J'aime bien vous lire, ça me motive à écrire la suite ;)

La publication d'un nouveau chapitre se fera une fois par semaine, comme pour les deux tomes précédents, mais je n'ai pas encore choisi la journée.

Bonne lecture!

De héros à parias [Tome 3]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant