De héros à parias [Tome 3]

Chapitre 19 - Confidences dans la nuit

Afin de ne pas être surpris par les forces de l'ordre, Steve avait décidé que nous monterions la garde à tour de rôle. Il m'avait attribué le 2e tour, au beau milieu de la nuit, car mon don de télépathie me permettait de détecter les gens avant même qu'ils ne soient trop près de nous. Lorsqu'il vint me réveiller pour prendre sa relève, je réalisai que ce lieu abandonné était très sombre. Puisque cela faisait remonter des souvenirs de ma captivité en Norvège, je choisis d'aller dans une partie moins lugubre de l'usine.

            Je finis par trouver un endroit dégagé où un trou dans le toit laissait passer la lumière de la lune. Commençant à me sentir un peu mieux, je me mis toute de suite à la tâche et élargie ma perception des pensées environnantes. Il y avait peu de pensées actives dans les alentours. La plupart des gens étaient dans les bras de Morphée à cette heure-ci, ce qui expliquait que je ne captais presque rien. Mais lorsqu'un dormeur faisait un rêve, je parvenais à lire ses songes. C'était le cas de Sam. Falcon rêvait qu'il exécutait des acrobaties aériennes avec ses ailes et son petit drone rouge. Je ne m'attardai pas longtemps dans son rêve. Toutes ces pirouettes me donnaient le tournis. Steve, de son côté, ne dormait pas depuis suffisamment longtemps pour être dans la phase onirique du sommeil.

            Quant à mon troisième compagnon, il venait de se réveiller après avoir fait un cauchemar. Je sentis ses pensées se mouvoir et je l'entendis jurer faiblement en russe quelques instants plus tard. Apparemment, il s'était cogné contre quelque chose. Je laissai échapper un petit rire discret, mais je crois que Bucky le perçut. Ses pensées se dirigèrent alors dans ma direction. Sans mon don, je n'aurais jamais pu détecter sa présence dans cette usine sombre tant il était silencieux dans ses déplacements. Bucky demeura dans l'ombre, à quelques mètres de moi, sur ma droite. Ne voulant pas le brusquer, j'attendis pendant plusieurs minutes qu'il se manifeste, mais il ne semblait pas presser de bouger de là où il était. « Je sais que tu es là, Bucky. Je t'entends respirer... Tu peux venir me tenir compagnie, si tu veux, ajoutai-je après avoir constaté qu'il restait toujours au même endroit.

            - Je ne voulais pas te déranger. T'avais l'air en transe. Tu lis dans les pensées des gens en ce moment?

            - Non, je fais surtout quelque chose s'apparentant à de l'écholocalisation. Ça demande peu de concentration. C'est comme ça que je t'ai repéré. Je détecte les pensées environnantes et si elles bougent, c'est que la personne se déplace. Dans ce cas, je vais "lire" dans la tête de cette personne pour savoir si elle représente une menace pour nous.

            - Il y en a beaucoup en ce moment?

            - Non, c'est assez tranquille. Les gens dorment. Mais les unités d'élite allemandes, avec l'aide de la police, patrouillent dans la ville. Si un groupe s'approche trop près, je leur fais oublier ce bâtiment et leur fais voir un terrain vague à la place.

            - Ta voix est mieux que tout à l'heure, dit-il après un long silence. Tu sembles guérir rapidement... C'est un autre de tes pouvoirs de mutant?

            - Non... Ça, c'est dû à autre chose, répondis-je en frissonnant. »

            Devais-je lui dire? Mais surtout, avais-je envie d'en parler avec lui? Les Avengers étaient les seuls non mutants qui savaient en détail ce qu'HYDRA m'avait fait subir lors de ma captivité. Le public avait eu droit à la version épurée officielle : kidnappée et battue. Mais si quelqu'un pouvait comprendre ce que j'avais vécu, c'était Bucky. HYDRA l'avait torturé pendant des années; au point où il était devenu moins que l'ombre de lui-même. « T'es pas le seul super-soldat issu des expérimentations d'HYDRA, lâchai-je en regardant fixement le sol. Après l'échec de tes cinq compagnons, leur sérum a fonctionné sur une autre personne.