Chapitre 25 - Un lieu sûr

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Le quinjet survolait depuis plusieurs minutes le terrain où aurait dû se situer ma nouvelle maison, mais il n'y avait rien. Seulement la forêt sur les quelques hectares entre la route et le lac. Je comprenais maintenant pourquoi le notaire m'avait donné des coordonnées géographiques plutôt qu'une adresse. Reste qu'une construction aurait dû se trouver là! J'avais même utilisé le scanneur du quinjet pour la chercher, mais le résultat s'était avéré négatif.

            Clint avait fini par repérer une clairière pour y poser l'aéronef. Steve et moi en sortîmes pour aller inspecter le terrain de plus près. Je fis un rapide sondage mental des environs, mais il n'y avait personne d'autre que nous dans un rayon de dix kilomètres. Mon petit ami me recommanda tout de même de rester prudente. Ross pouvait nous avoir tendu un piège. « Cela me surprendrait. Officiellement, le terrain et la maison ne sont plus à moi. Je les ai vendus.

            - Que fait-on ici alors? Les nouveaux propriétaires voudront certainement venir jeter un coup d'œil.

            - Oui, c'est d'ailleurs ce qu'ils sont en train de faire et...

            - Mais tu as dit qu'il n'y avait personne, me coupa Steve.

            - Plan Z, mon chéri! J'ai mis le tout en vente tout de suite après que le notaire m'eut informé de mon héritage. Après les funérailles, il m'a rejoint à l'église pour que je signe les documents de vente. Les nouveaux propriétaires sont un couple fraichement retraité : Thomas et Margaret Grant.

            - Oh, ria Steve. Bien jouer Miss Margaret... Grant. Pourquoi Thomas?

            - C'est le deuxième prénom de Sam. Je ne voulais pas prendre l'un des tiens, juste au cas où quelqu'un ferait le lien. À moins que tu n'aies préféré Ulysses, comme le 18e président des États... Aïe, fis-je en me retrouvant brusquement projetée au sol. » Qu'est-ce qui m'avait frappé?

            Steve m'aida à me relever tout en surveillant les alentours. Il n'y avait rien. Du moins, rien de visible. J'avançai lentement, les mains tendues devant moi. Soudain, je sentis une résistance et la vision des arbres se brouilla légèrement autour de mes doigts. C'était donc une sorte de champ de force projetant une image de la forêt qui m'avait envoyé au sol. Steve et moi suivîmes ce mur invisible jusqu'à la route. Nous aperçûmes alors une clôture rouillée qui barrait l'accès à la propriété. Un interphone qui semblait dater des années 70 était situé à la gauche du chemin et était surmonté d'une caméra. J'appuyai mon pouce sur l'unique bouton de l'interphone et regardai vers la lentille. « Identité confirmée, fit une voix robotique en provenance du haut-parleur. Vous êtes autorisé à entrer. » La barrière s'ouvrit lentement et mon compagnon et moi avançâmes sur l'allée de gravier.

            Quelques mètres plus loin, le chemin devint asphalté après avoir bifurqué vers la gauche pour continuer derrière une rangée d'arbres. Après une dizaine de mètres et un autre tournant, je l'aperçus enfin : la maison que m'avait léguée mon arrière-grand-tante. Haute de deux étages, elle avait un style rappelant la Nouvelle-Angleterre avec sa galerie s'étendant tout autour du bâtiment. Le toit était pentu, son revêtement était fait de bois ronds et d'immenses fenêtres laissaient passer la lumière. De l'extérieur, je pouvais voir que c'était déjà meublé. Steve et moi nous dirigeâmes vers l'entrée, mais il n'y avait pas de poignée pour l'ouvrir. Mon compagnon me pointa alors un petit rectangle de métal sur le cadrage de la porte. Je reconnus un lecteur d'empreintes digitales. Décidément, ce n'était pas n'importe qui qui pouvait entrer ici. J'appuyai mon pouce sur le lecteur et le déclic de la porte se fit entendre.

            Une fois à l'intérieur, nous nous retrouvâmes dans une vaste pièce à air ouverte. La partie avant faisait office de salon tandis que l'arrière servait de cuisine et de salle à manger. Sur notre droite, un escalier menait au second étage, là où devaient se trouver les chambres. Du côté gauche, on pouvait apercevoir un foyer. Tous les murs étaient recouverts de bois et d'immenses poutres ornaient le plafond. Les meubles étaient au goût du jour tout en rappelant le style champêtre de ce lieu. L'endroit me plut instantanément et je m'avançai pour mieux observer le tout. « Bonjour ma petite chérie, fit soudainement une voix que je connaissais. » Je me retournai vers le salon et la vis assise dans un fauteuil. « C'est pas possible, soufflai-je en me retenant après le bras de Steve. Tante Peggy!

De héros à parias [Tome 3]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant