L'affaire de Détroit (4/5)

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Je jubile, Jimmy joue son rôle à la perfection jusqu'ici. Ce sont cinq mille dollars franchement bien investis. En revanche, il y a encore un truc qui me turlupine : pourquoi Roy ne lâche-t-il pas le morceau ? Le gamin a avoué, il connaît l'histoire sur le bout des doigts et la répète depuis des heures. Il faut dire que j'ai fait en sorte qu'il soit crédible, mais ce foutu lieutenant s'obstine. Je ne veux certainement pas en arriver là, mais je vais devoir m'occuper de son cas s'il fait tout foirer.

Si près du but...

Tout cela est contrariant, les soupçons doivent absolument continuer de peser sur le jeune. Je repasse toutes mes conversations avec lui et rien n'indique que ça ne colle pas. Pourtant, Archer n'en démord pas. Il y a un problème.

Il faudrait que j'aie accès à la salle. Au pire, je le lance sur une autre piste.

Oui, en voilà une excellente idée, l'envoyer voir ailleurs. L'éloigner de moi à tout prix, c'est ce qu'il faut. Avec malice, j'esquisse un sourire en élaborant un plan. Comment l'amener ailleurs ? Je suis dans la maison depuis un moment, mais j'ai rarement vu un policier aussi borné que lui. En même temps, je dois la jouer subtile et ne pas trop m'emballer, un faux pas est si vite arrivé. Le regard neutre, je continue d'observer les agents fourmiller dans la salle. S'ils savaient...

Un loup dans la bergerie.

Le tableau. Et si je m'amusais à changer des choses ? Perspective intéressante, de quoi rendre Archer complètement dingue. Mais dangereux. Trop dangereux. Je ne peux pas me permettre un tel risque. Je soupire, puis mords l'intérieur de ma joue. C'est plutôt du bon travail, tous les liens et photos pointent vers le môme qui croupit dans la salle d'interrogatoire depuis plusieurs heures.

Les différentes conversations qui ont lieu autour de moi me tirent de mes pensées. À l'affût, j'emmagasine la moindre information susceptible de m'aider ou au contraire, de refermer le piège sur moi. Pas le choix. Quand on cherche à atteindre la perfection, aucun détail ne doit nous échapper. Petit et nerveux, le second d'Archer apparaît soudain dans mon champ de vision. Rejoignant Roy, il s'éclaircit la voix avant d'annoncer :

- Lieutenant, le dossier du môme est prêt à être transféré au juge Clarke. C'est l'affaire de quarante-huit heures, tout au plus.

- Ok. On a des nouvelles du labo ? grogne son supérieur.

- Non, je les rappelle tout de suite.

Le portable collé à l'oreille, Gable quitte rapidement la pièce, laissant le lieutenant en pleine méditation. L'ombre d'un rictus à la commissure des lèvres, tous mes muscles se détendent d'un coup.

Voilà, je sais maintenant comment je vais m'amuser. Je sais même de quelle manière m'y prendre !

Au hasard d'une idée [nouvelles]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant