L'Héritage, tome 1 : Sacrifice

Chapitre 8

« Voilà, c'est parfait. »

Aria ouvrit les yeux et regarda sa robe. Sa mère avait tenu à ce qu'elle donne une bonne image de leur Clan et s'était donc appliquée à créer la plus belle tenue que la jeune fille n'eut jamais porté. L'habit était composé de deux pièces ; en bas, une jupe, assez extensible pour permettre une parfaite liberté de mouvements, qui descendait jusqu'aux pieds, et en haut, une tunique avec un col en V et des manches courtes qui s'amincissait et descendait jusqu'aux tibias. Elle portait aux pieds des bottes très élégantes qui étaient toutefois assez confortables pour marcher durant plusieurs heures. Sa mère avait également arrangé ses cheveux dans une coiffure sophistiquée qu'elle avait décoré avec quelques bourgeons de fleur.

« Je suppose que c'est l'heure, alors » constata Aria.

Sa mère acquiesça gravement et se positionna devant elle en lui attrapant les épaules.

« Ton rôle est très important, Aria, annonça-t-elle. Tu es l'image de notre peuple désormais. Tu vas voyager avec les autres pendant un certain temps, je ne peux pas te dire combien exactement car personne ne sait où est situé le Noyau à l'intérieur du Temple. Tu ne dois pas pour autant les laisser te détourner de tout ce que tu as appris. N'oublie jamais que ton peuple passe avant tout.

-Maman, répondit Aria. Dans quelques jours, je serais morte. L'Éther aspirera toute ma force vitale. Peu importe la manière dont je penserai à ce moment-là, mon énergie nourrira le noyau dans tous les cas. Alors, on pourrait peut-être... Je ne sais pas, se faire nos adieux autrement.

-Ce n'est pas à propos de toi, Aria ! Tu as le devoir de faire passer ton peuple avant toute chose. Donc oui, il est essentiel que lorsque tu seras devant le noyau, tu penses exactement de la même manière que maintenant. Je ne te demande rien de plus que de te comporter comme la Mikéas que tu as toujours été. L'énergie que tu donnes au noyau doit être pure. Tu as bien compris ?

-Oui, fit la jeune fille. J'ai bien compris.

-Bien, tâche de ne plus jamais l'oublier, l'avertit sa mère. Par ailleurs, reste loin du Selkam. Les gens de ce peuple sont mauvais et pourris jusqu'à la moelle. Nous avons besoin d'eux pour maintenir l'équilibre de la Vallée, mais ça ne veut pas dire que nous devons les côtoyer.

-Je ferai attention, opina Aria. Maintenant, je peux aller faire mes aux revoir aux autres ? »

Sa mère acquiesça et la jeune fille sortit de sa chambre pour rejoindre le reste de sa famille. Son autre mère et ses deux sœurs attendaient à proximité de la porte. En la voyant arriver, ces-dernières se précipitèrent vers elle pour l'enlacer. Aria tâcha de leur rendre leur étreinte sans pour autant montrer ce qu'elle ressentait. Comme une bonne petite Mikéas.

« Tu vas nous manquer ! gémit la plus jeune d'entre elles.

-Je ne vous quitte pas, répondit sagement Aria. Je vivrai toujours dans l'âme du clan, je serai toujours à vos côtés. »

La jeune fille adressa ensuite un au revoir à ses mères puis, après s'être emparée du sac contenant du matériel de premier secours, sortit de leur maison par la cascade qui coulaient devant l'entrée. Elle sauta de pierres en pierres afin de gagner la rive puis se redressa et traversa son village avec la tête haute. Sur son chemin, les Mikéas l'acclamaient comme si elle était leur grande prêtresse, ce qui embarrassa profondément la jeune fille.

Elle n'était pas une grande prêtresse.

Elle n'était pas une sauveuse.

Tout ce qu'elle pouvait faire pour son peuple, c'était mourir.