"Regarde ça ! s'exclama Kalia en tirant Natt par le bras. Ne me dis pas que tu as un jour vu une fleur aussi magnifique et envoûtante que celle-là !"
La jeune Pygmée pointa du doigt une plante qui se trouvait à leurs pieds, aux abords de la petite clairière dans laquelle ils s'étaient arrêtés. La fleur, en effet, était très différente de toutes celles que Kalia avait pu apercevoir dans la Vallée - et pourtant, elle en avait rencontré un grand nombre. Elle possédait de longs pétales rouges, qui se refermaient comme les paupières d'un œil qui s'apprête à s'endormir, et, en son centre, on pouvait distinguer une petite boule de lumière blanche qui semblait flotter. Kalia s'asseya juste devant afin de pouvoir l'observer de plus près.
"Il faut absolument qu'on revienne la voir demain matin, décida-t-elle. Ses pétales s'ouvrent sans doute avec le lever du soleil, on ne peut pas manquer un spectacle aussi éblouissant ! La beauté de ce que l'on peut voir actuellement n'est rien en comparaison avec ce qui se cache à l'intérieur."
Son débit de parole s'accéléra, et elle sentit ses yeux la piquer.
"Et puis, la nature offre toujours un paysage spectaculaire, continua-t-elle de débiter. Je trouve qu'on ne la regarde pas assez. On ne la remercie pas assez. C'est vrai, depuis le début de notre quête, on profite de la forêt et de ses clairières pour nous abriter mais à aucun moment on ne l'a remerciée pour ça ! On se nourrit de ses fruits, mais on ne lui rend aucune gratitude ! J'espère que l'Éther se trouve dans la nature, entouré d'arbres et de plantes, et de fleurs. J'espère que mon dernier regard se portera sur un paysage aussi splendide, sur un paysage qui représente la vie.
-Kalia, l'interpella Natt tandis que sa voix avait commencé à se faire haletante. Est-ce que ça va ?
-Non ça ne va pas ! s'écria-t-elle, ne parvenant plus à retenir ses larmes cette fois. J'essaie d'être comme toi, comme Aria et même comme Kay, mais j'en suis incapable ! J'ai peur ! Je comprends l'importance de notre mission pour toute la Vallée, mais je n'ai pas envie de mourir ! J'ai peur de mourir ! J'ai déjà vu la mort une fois avant toute cette histoire, et ça m'avait largement suffit. Je ne voulais pas la revoir. Pas si tôt.
-Eh, Kalia, tout va bien, murmura Natt en s'asseyant à côté d'elle. Tu as le droit d'avoir peur. C'est même légitime.
-Toi tu n'as pas peur.
-Bien sûr que si, la détrompa le Taïwas. Ce n'est pas parce que je ne l'exprime pas de la même manière que toi que je n'ai pas peur. On a tous peur. Moi, Kay et Aria. On est tous effrayé. Et c'est normal.
-Vraiment ?
-Oui, vraiment, assura Natt. Tu as dit que tu avais déjà vu la mort, releva le jeune homme. Tu veux en parler ?"
Kalia hésita un instant puis, finalement, hocha la tête. Elle laissa le flot de souvenirs remonter en elle.
Un groupe de cinq jeunes adolescents, dont l'âge ne semblait pas dépasser les treize ans, se tenait devant un immense chêne qui semblait chatouiller le ciel de ses feuilles. Occupés à jouer avec une araignée qu'ils avaient repéré sur le tronc, ils ne remarquèrent pas la présence d'un adulte se glisser derrière eux.
"Tout le monde est là ?" s'enquit le nouveau venu.
Il s'agissait d'un homme qui devait être âgé d'une trentaine d'années. Il possédait des cheveux noirs qui formaient de grandes ondulations autour de son crâne, d'un volume tel qu'on ne distinguait presque pas ses oreilles sur le haut de sa tête. Il abordait un air amical et tous les jeunes Pygmées se tournèrent vers lui en souriant.
"Bien, fit-il. Merci de vous être porté volontaires pour la récolte des fruits. Je sais que ce n'est pas la tâche la plus amusante, mais elle est nécessaire pour éviter aux arbres de souffrir, indiqua-t-il en désignant un pommier qui croulait sous les fruits un peu plus loin. On va se mettre par binôme. Oihan, tu iras avec Floris, Lyla et Kalia seront ensemble et Kezhia tu viendras avec moi."
VOUS LISEZ
L'Héritage, tome 1 : Sacrifice
FantasíaAria sentit une vague d'énergie lui parcourir le corps, imprégnant sa chair et enveloppant son coeur. Il était là. Tout près. Elle pouvait le sentir. Comme s'il était en elle. Non. Pas comme s'il était en elle. Il n'était pas en elle. Elle était l'É...