Chapitre 28

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- Papa, papa, papa...

J'entends la voix de ma fille qui semble venir de nulle part, elle apparait en plein milieu de mes rêves les plus doux que je partage avec la femme de ma vie.

J'ouvre un œil. Je ne tarde pas à me rendre compte qu'Emma me secoue de toutes ses petites forces.

Pourtant, je n'y comprends rien.

Pourquoi vient-elle nous réveiller en pleine nuit ?

Et je finis par perdre patiente.

- Emma ! Tu devrais aller dormir. Allez, je te ramène au dodo.

- Non papa ! C'est maman !

Je cherche Victoire, mais je suis bel et bien seul.

- Comment ça, maman ? Où est-elle ?

La panique s'empare de moi.

Non, c'est un cauchemar.

Je n'ose pas comprendre que le jour que nous avons tant redouté vient d'arriver.

Je me lève et enfile le premier jean que je trouve, tout en lançant :

- Emma ! Tu sais quelque chose ?

- C'est Lando, il est là. Il dit que maman va mourir.

Je ne pensais pas perdre un jour si facilement les pédales. Au moment même où je tourne en rond sans trop savoir ou aller, elle me prend par la main et me conduit rapidement vers l'extérieur.

Le vent souffle fort, comme un appel funeste.

Alors que tout est particulièrement confus dans ma tête, je pose mes deux paumes sur les épaules de mon enfant et la rudoie pour qu'elle m'en apprenne plus.

- Qu'est-ce qu'il dit ? Pourquoi n'entends-je rien ? Où est ta mère ?

Mais ma fille commence à nettement avoir peur, aussi je me reprends en respirant un bon coup avant de lui sourire comme je peux.

- Pardon, Emma, mais le temps presse. Où est ta mère ?

Elle pointe du doigt la forêt profondément noire et je me lève pour foncer dans la direction qu'elle m'indique.

Dans cette course folle, j'aperçois Emma qui communique avec cet être que je méprise maintenant au plus haut point. Mon corps se tend sans cesse, il réclame une sorte de vengeance.

Si je pouvais le voir... Pourquoi ne puis-je pas le voir ?

Soudain, au détour d'un autre chemin toujours plus étroit et incertain, elle stoppe.

Ses petits poings se ferment avant de commencer à trembler. Alors comme un geste de désespoir, elle se met à crier de toutes ses forces :

- Maman ! Non !

Mon sang se glace...

Je quitte ma fille pour aller plus vite, j'arrive rapidement au pied d'un éboulis, le vent frappe mon visage, et je regarde vers le haut.

À cet instant, je la vois. Fragile comme un roseau, elle est si proche du vide qu'on dirait qu'elle flotte dans l'air.

Tout à coup, elle ouvre lentement ses bras comme un oiseau, un temps je l'observe avec une certaine fascination.

Elle est si belle...

Mais je comprends ce qu'elle va faire aussi, je bondis le plus vite possible en criant son prénom.

MB MORGANE - Mon double, son mec et moi ! [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant