Chapitre 36

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Cela doit faire au moins une semaine que nous sommes perdus en mer. Le brouillard nous entourait. On ne voyait rien du tout. Nous finîmes finalement par apercevoir des côtes.

À la nuit tombée, nous accostons. Nous ne savions pas vraiment comment nous allions être accueillis alors nous avions nos armes à la main. Nous entrâmes discrètement dans la ville mais nous faisons vite remarquer. Je marchais tranquillement observant tout autour de moi. C'était étrange. Cet endroit est différent. Il ne ressemble pas à ce qu'on a l'habitude de voir. C'est la première fois que nous allons aussi loin. Rares étaient ceux qui se défendaient ici. Je me promenais dans les rues sinueuses de cette ville. L'architecture était magnifique. Je trouvai une porte ouverte. Des gens étaient rassemblés. Un seul parlait dans une langue étrangère. Sa voix était lente et monotone. Les autres avaient l'air de l'écouter. Je remarquai Floki devant le meneur. Personne ne disait rien. Ils avaient l'air de prier. Halfdan, Harald et d'autres hommes arrivèrent derrière moi. Harald demanda : « Freyja, Floki, qu'est-ce que vous faîtes ? ». Les hommes derrière moi se dispersèrent dans l'édifice. Harald et Halfdan rejoignirent Floki. Harald questionna :

« Quel est cet endroit ?

-C'est un temple, répondit Floki.

-Où sont leurs Dieux ? Demanda Halfdan.

-Je n'en vois aucun, dit Floki. Et cependant ils prient avec une telle ardeur.

-Je supporte pas ce bruit, râla Harald.

-Ils prient, expliquai-je absente. Ils nous voient mais préfèrent prier. Je n'ai pas envie de les tuer. Cette ville est étrange. J'ai l'impression d'être ensorcelée par elle. »

Halfdan me prit par le bras pour se mettre devant moi avant de couper la tête du meneur. C'est seulement à ce moment que les autres relevèrent la tête vers nous. Harald et Halfdan allaient les attaquer aussi mais nous les arrêtons avec Floki. Ce dernier ordonna : « Arrêtez ! Arrêtez ! Non. Plus de massacre. Pas ici. Pas en ce lieu. Je l'interdis. ». Halfdan nous regarda bizarrement. Floki continua : « Si vous voulez tuer ces personnes, vous devrez me tuer avant. ». Harald rit mais voyant que l'on ne bougeait pas avec Floki, il soupira : « Vous avez entendu ce qu'a dit Floki ? On ne va pas tuer ces personnes. Partons. ». Voyant que son frère ne bougeait pas, il ordonna : « On s'en va. ». Halfdan resta encore un moment planté face à moi. Je m'approche de lui, le prends par le bras et lui dis : « Viens. Il y a d'autres personnes à tuer autre part. ». Il me suivit sans broncher. Floki ferma la marche.

Après avoir changé de bâtiment, nous retrouvâmes Helga avec une fillette dans les bras. Cet endroit est vraiment étrange. Nous agissons tous de façon bizarre. Harald nous fit signe de poursuivre notre chemin. Nous retrouvâmes ensuite Bjorn, Rollo et Hvitserk ainsi que leurs hommes. Ils pillaient déjà le bâtiment.

Quand nous eûmes terminés, nous retournâmes sur les navires. Harald et Halfdan chantaient. Nous avions des bijoux et des esclaves en abondance.


Quelques jours plus tard, nous débarquâmes à un autre endroit. Nous étions tous les six, avec Rollo, Harald, Bjorn, Halfdan et Hvitserk, en haut d'une falaise à observer la mer. Elle était calme. C'était reposant. Harald brisa ce doux silence :

« Nous l'avons fait Côtes-De-Fers.

-Enfin, dit Bjorn. La Méditerranée. C'est l'endroit le plus lointain que notre peuple ait jamais atteint, plus lointain que ce dont Ragnar avait rêvé.

-C'est magnifique, avoua Harald. »

Derrière nous, j'entendais un corbeau. Avec Bjorn et Hvitserk, nous nous retournâmes. Plusieurs volaient au loin. Nous nous rapprochâmes. D'autres corbeaux arrivaient. Ils étaient de plus en plus nombreux. D'un coup, nous entendîmes la voix de Ragnar :

« Comme les petits cochons grogneront, quand ils sauront combien le vieux sanglier a souffert.

-Vous l'avez entendu vous aussi ? Demanda Bjorn.

-Oui, répondit Hvitserk.

-Je ne suis donc pas folle, soufflai-je. »

Un homme vêtu de noir apparut. Il lui manquait un œil. Il nous observait. Je demandais :

« Qu'est-ce que ça veut dire ?

-Mon père est mort, répondit Bjorn. »


 L'homme disparut alors que Bjorn commençait à pleurer. Je lui prends sa main les larmes au bord des yeux.


Nous décidâmes qu'il était temps pour nous de rentrer à Kattegat. Nous faisâmes une escale en Francie pour déposer Rollo. Beaucoup étaient contents d'enfin se débarrasser de lui. Avant de remonter sur un de ses navires, Rollo cria :

« Je vous fais une proposition à tous ! Vous qui venez de nos contrées et qui désirez de riches terres où construire une ferme, vous êtes les bienvenus dans mon royaume. Il y aura toujours une part de la Francie dans notre cœur qui fera partie de nous.

-Nous ? S'étonna Floki. Tu ne fais déjà plus parti des nôtres, Rollo.

-Mais les nôtres dont tu parles sont en train de changés, répliqua Rollo. Tu refuses de l'accepter c'est tout. Je te dis la même chose Bjorn. À toi aussi Hvitserk, et Freyja.

-Tes crimes sont impardonnables Rollo, railla Bjorn.

-On ne pourra jamais faire confiance à un traître, continua Hvitserk.

-Et moi, j'ai déjà mon royaume, terminai-je. »

Rollo se retourna pour partir quand Helga dit :

« Au revoir Rollo.

-Au revoir Helga, répondit-il. Je ne vais pas oublier. Je n'oublierai rien. »

Puis il remonta sur son navire et prit son fils dans ses bras alors que le bateau s'éloignait.


Lorsque nous entrâmes dans le grand Skali, un silence de mort règnait. Bjorn prévient :

« Si vous la tuez mes frères, alors vous devrez me tuer aussi.

-Peut-être qu'on devrait, cracha Ivar.

-Tais-toi Ivar, gronda Ubbe. Elle a tué notre mère.

-Je sais, avoua Bjorn. Et vous voulez vous venger. C'est ce que je voudrais aussi. Mais le plus important, c'est de venger la mort de notre père. Je suis revenu ici pour ça. Et c'est ça que nous allons faire, tous ensembles. »

Lagertha jeta son épée devant Ivar qui continuait de fixer Bjorn. Il finit par baisser sa hache. Ubbe fit de même. Les deux frères partirent. Bjorn s'approcha de sa mère et lui chuchota : «Alors tu as eu ta vangeance. ». Lagertha souriait.



 Le lendemain, je pus enfin retrouver mon fils. Quand je suis arrivée la veille, il dormait déjà, je ne voulais pas le réveiller. Nous avons passé la journée à nous raconter ce que nous avions vécu. Il avait l'air heureux d'être resté ici. Bientôt, je devrais repartir pour l'Angleterre pour venger Ragnar. J'ignore encore s'il viendra avec nous ou pas. Je suis persuadée d'avance que cela provoquera une nouvelle dispute avec son père.

La GuerrièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant