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Aurélianne avait mollement ramassé ses bagages et les avait emmenées dans la chambre où elle dormait chaque été lorsqu'elle venait chez ses grands-parents. Elle retourna ensuite dehors pour attraper le sac où ses affaires de bain étaient. Quand elle vit qu'Alden aidait sa famille à rentrer leurs valises, elle grogna de déplaisir, étant donné que c'était elle qui les aidait habituellement. Elle se dirigea vers la maison en courant. Alden la regarda et s'inquiéta. Même s'il ne la connaissait pas énormément, il savait que quelque chose n'allait pas avec la jeune fille. Il avait facilement deviné qu'elle n'aimait pas l'idée qu'il passe l'été avec eux. Mais il ne pouvait rien y faire, à part essayer de devenir ami avec elle, et de lui faire passer un superbe été. Même si cette dernière idée avait peu de chance de se produire, il essaierait quand même. Il voulait au moins faire une chose de bien avant de quitter ce monde. Auparavant, il n'avait pas été capable d'être gentil et préférait être bête et ne faisait confiance à personne. D'ailleurs, les filles de son école lui couraient après. Il avait beau évité tout le monde, il était quand même le gars le plus attirant de son école. Voilà un point en commun avec Aurélianne. Et il faisait aussi la même chose lorsqu'une fille l'approchait, il l'envoyait promener. Mais avec Aurélianne, c'est différent. Elle n'était pas attirée par lui, elle préférait largement être loin de lui et avait une profonde haine à son égard. Cette fille ne l'intéressait pas seulement à cause de sa beauté ou de son caractère, mais aussi de la pureté de son cœur. Il savait qu'au plus profond d'elle-même, son cœur était celui d'un enfant et qu'elle accordait de l'amour à ceux qui le méritaient. À ceux qui méritaient sa confiance. Il la gagnerait, et il le savait.

Dans sa chambre, Aurélianne défaisait ses bagages et rangeait ses vêtements dans le meuble qu'elle avait tant utilisé depuis sa plus tendre enfance. Repenser au passé lui redonna le sourire et elle décida de mettre de la musique. Elle ferma sa porte et se mit aussitôt à danser. Ce qui était spécial, dans cette maison, c'est que chaque chambre avait sa propre salle de bain, donc ils n'avaient pas besoin de s'aventurer dans le corridor et de tomber face à une porte de salle de bain fermée et verrouillé où il y avait quelqu'un, alors réalisant par la suite qu'il venait de faire toute cette route pour rien et qu'ils devraient attendre en plus. C'était beaucoup plus facile de vivre dans une maison construite ainsi.

Vers minuit, tout le monde était endormi et il n'y avait que le bruit des aiguilles de l'horloge du salon qui dérangeaient le silence de la maison. Dehors, le vent soufflait beaucoup en ce début d'été et balayait la fine poussière de la route. Les arbres faisaient leur bruit si réconfortant et quelques oiseaux n'avaient pas encore fini de chanter. Tous les animaux de la ferme dormaient.

Cette nuit-là se passa parfaitement bien, à part pour Aurélianne qui se réveilla très tôt, elle qui aurait tant voulu dormir encore un peu. Elle se tourna vers son téléphone et porta attention à l'heure affichée sur l'écran : 7h30. On dirait qu'elle s'était trop habituée à son heure de réveil pour aller à l'école... Mais de toute façon, ça devrait mieux aller d'ici une ou deux semaines, dans son cas. Étant incapable de se rendormir, elle décida d'aller prendre une douche. Lorsqu'elle en sortit, son plus beau sourire décorait son visage angélique. Cheveux mouillés, elle se rendit à la cuisine où elle avait pour but de manger son déjeuner. "Au moins je mangerai sans la présence de l'élément perturbateur de mon été", pensa-t-elle tout en gardant le sourire. Elle dévala l'escalier qui menait au premier étage à toute vitesse, puis traversa le salon et l'entrée avant d'arriver dans la salle à manger. Cette dernière et la cuisine étaient reliées, sans aucun mur pour les séparer. Elle s'arrêta net en voyant celui qu'elle ne voulait pas voir en ce joli matin du premier jour des vacances en train de boire de l'eau. Elle perdit son sourire et son visage devint neutre. Dès qu'il la vit, Alden arrêta son geste et déposa son verre d'eau sur le comptoir.

- Bon matin. Il n'est pas un peu tôt?

- Je me suis réveillée de moi-même et je n'ai pas pu me rendormir. Mais sinon, je te retourne la question, cracha-t-elle d'une voix bête tout en ne bougeant pas.

- Je me suis réveillé et j'avais soif. Je suis incapable de me rendormir, moi aussi.

Elle se décida finalement à s'avancer et ouvrit le frigidaire. Elle n'y trouva rien qui puisse la satisfaire, et dans les armoires non plus.

- Il y a des gaufres dans le congélateur du garage, si tu veux? On les a achetés hier.

Elle le dévisagea pendant quelques secondes avant de se diriger vers le garage, juste à côté. Elle n'avait qu'à descendre quelques marches et d'ouvrir une porte qui la mènerait à son but. Lorsqu'elle revint, Alden l'attendait en haut du mini escalier. Aurélianne s'arrêta.

- C'est quoi? Tu vas m'enfermer ici? demanda-t-elle, méfiante.

Alden rigola ce qui fit Aurélianne lever les sourcils d'incompréhension.

- Non, je ne suis pas aussi méchant, crois-moi. Je voulais seulement que tu me donnes le paquet pour que je puisse aller mettre quatre gaufres dans le toaster.

- Ouais, toutes pour toi, cracha Aurélianne. Je me sers avant!

Le visage serein d'Alden ne changea toutefois pas et il laissa alors passer la jeune adolescente. Elle mit deux gaufres pour elle dans une partie, puis donna ensuite le sac à son nouveau colocataire, qui mit lui aussi deux gaufres dans l'autre partie. Pendant qu'ils attendaient qu'elles sautaient, Aurélianne alla porter le paquet dans le garage et Alden termina son verre d'eau.

Quelques minutes plus tard, lorsque leurs gaufres furent assaisonnés de chocolat fondu et de crème fouettée et d'un fruit de leur choix sur le top, Alden se dépêcha de passer près d'elle en chuchotant :

- Mange bien, Mon Auré.

La principale visée fut surprise, puis le regarda s'en aller. Avant qu'il ne quitte la pièce, elle lui cria :

- Ne m'appelle plus jamais comme ça!

- Chut. Tu vas réveiller tout le monde, l'avertit-il, un sourire en coin.

En colère, Aurélianne se rendit à sa chambre et mangea son déjeuner sans appétit, un livre entre les mains. Bientôt, tout le monde fut debout. La jeune fille ne perdit pas de temps avant de se diriger vers la ferme. Elle passait tous ses étés à faire du cheval, car ces derniers avaient été entraînés à faire des courses. Elle était très habile. Certains matins même, elle se réveillait super tôt pour aller accompagner son grand-père dans ses habitudes du matin. Elle aimait toutefois plus courir dans les champs ou s'allonger sur l'herbe de la colline en arrière de la maison et regarder le magnifique ciel bleu de la journée ou la lune et les étoiles de la nuit. Elle s'était alors décidée, en route vers les enclos, qu'elle ne se laisserait pas avoir par Alden Collins. 

Un été différentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant