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Cela faisait quelques heures qu'Aurélianne était réveillée. Elle avait déjeuné tranquillement sans la présence dérangeante d'Alden. Ce matin-ci, elle avait aussi décidé d'aider son grand-père à la ferme. Elle avait aussi lu quelques minutes avant de remarquer qu'elle était incapable de se concentrer. La jeune adolescente avait alors décidé de fermer son livre et de le remettre à sa place, menant ensuite ses pas vers l'extérieur de la maison. 

Il n'y avait personne sur le balcon. Heureusement pour elle, car elle ne voulait pas tomber sur sa maudite sœur encore. Avec un sourire, elle s'étira, respirant l'air si bon de l'été. Avec de l'entrain, elle se dirigea vers les champs, près de la forêt. Elle rencontra une petite grenouille qu'elle essaya d'attraper, en vain, mais au moins elle en ria. Puis, Aurélianne s'allongea parmi les longues tiges de blé, regardant le ciel à travers ceux-ci. 

Soudainement, elle entendit le bruit de pas qui venaient dans sa direction. Elle se ramena vers l'avant et se leva. Elle regarda dans la direction où elle entendait les sons, ce qui veut dire, vers la maison. Alden apparut alors. Ce dernier s'arrêta lorsque son regard atterrit sur elle. Un sourire apparut presque immédiatement sur son visage. Aurélianne soupira de soulagement, heureuse que ce ne soit pas sa sœur.

- Ouf! Je suis contente que ce soit toi.

Elle réalisa rapidement ce qu'elle avait dit, et, par réflexe, mit sa main sur sa bouche en agrandissant les yeux. Elle les baissa avant de les remonter, afin de s'expliquer. 

- Ce n'est pas ce que tu crois! Je pensais que c'était ma sœur c'est tout. Je suis juste soulagée que ce ne soit pas elle.  

- Ouais, non. Tes mots voulaient exactement dire ce qu'ils voulaient dire.

- Exactement! cria-t-elle inconsciemment. Quoi?! Non! Ce n'est pas ça! AHHHH! Tu comprends rien!

Elle enfonça son visage dans ses mains et Alden s'approcha d'elle. Il les enleva et la regarda dans les yeux. Aurélianne devait s'avouer que ce qu'il avait dit n'était pas totalement faux. 

- Je rigolais, c'est tout. Je ne sais pas ce qui s'est passé avec ta sœur pour que tu t'enfuisses au village, mais je sais très bien que tu ne voudrais la croiser encore une fois pour autant. 

La jeune fille détourna les yeux, détestant se faire avoir de cette façon. Elle croisa ses bras sur sa poitrine. Alden ne la laissa pas dans cette position longtemps, car il empoigna la main de son amie et l'entraîna avec lui dans les champs en courant. Aurélianne ne chercha pas à se défaire de sa poigne, mais fut simplement étonnée par ce geste si rapide.

- Tu fais quoi? demanda-t-elle dans un cri de surprise.

- Suis-moi, tu ne le regretteras pas! cria-t-il.

Elle n'en rajouta pas plus et se laissa guider par Alden. Ils entrèrent rapidement dans la forêt. Ils continuèrent à courir, alors que la beauté de cette forêt passait devant leurs yeux. Bientôt, ils débouchèrent près d'un point d'eau. C'était un tout petit lac d'un bleu si brillant et attirant. C'était comme dans les films fantastiques, sauf que cette fois-ci, c'était dans la réalité et il n'y avait absolument rien de fantastique dans cet environnement. C'était naturel. Les oiseaux chantaient, les grenouilles sautillaient et le soleil surplombait l'endroit. C'était tout simplement magnifique. Alors qu'Aurélianne s'émerveillait devant ce spectacle, elle ne remarqua pas que la main d'Alden avait quitté la sienne. Puis, le regard de la jeune fille se tourna vers le jeune homme.

- Tu m'as conduit ici dans quel but? Tu savais que cet endroit existait?

- Oui. La journée après votre arrivée, lorsqu'on était dans les champs ensemble, tu pensais que je te suivais alors que je voulais tout simplement explorer. Je marchais dans la forêt et je suis tombé ici. C'est calme... Je me suis dit que venir ici tous les jours ne serait pas si mal, si c'était pour me calmer. C'est un peu une cachette.

- Alors pourquoi tu m'y as emmenée?

- Parce que je te fais confiance et si je devais partager l'existence de cet endroit avec une seule personne sur Terre, ce serait évidemment toi, avoua-t-il en regardant le ciel. 

- Tu dis ça comme si j'étais la personne qui comptait le plus à tes yeux.

- C'est le cas.

- Mais tu ne me connais à peine! Et ta mère, elle?

- Ma mère... Elle a arrêté de m'aimer depuis bien longtemps. Je n'étais qu'un poids sur ses épaules. Je n'ai jamais été voulu. Mon père l'a laissé dès qu'il a su qu'elle était enceinte. Elle a essayé d'avorter, mais il était trop tard. À ma naissance, elle aurait pu me mettre en foyer d'adoption, mais elle voulait paraître comme étant une bonne mère et a fait sa possessive. Je n'aime pas ma mère non plus. 

- Tu n'as pas eu une vie facile. Tu es le complet opposé de moi.

Il descendit son regard sur elle.

- Tant que ça?

- Oui. Ma sœur compte pas dans ce cas-là. Ça a aucun rapport avec ce que t'as vécu. C'est tellement stupide comparé à toi. 

- Elle essaie quand même de gâcher ta vie en utilisant d'autres personnes. 

- Je m'en suis sortie.

Elle s'assit sur le sable près du lac. Alden vint rapidement se mettre à ses côtés. Tous les deux regardèrent au loin. 

- Tu sais, il y a aussi les filles qui ne m'ont pas laissé la vie facile. Je suis le genre de garçon qui attire l'attention et pas qu'un peu. Je n'avais aucun ami à l'école parce que je me faisais utiliser pour ma popularité. En tout cas, avant que je le réalise. 

- Moi aussi. Sauf que dans mon cas, j'ai trouvé des amis qui tiennent vraiment à moi.

- T'es chanceuse.

Aurélianne allait dire quelque chose, mais hésita. Elle y réfléchit fortement avant de se décider.

- Mais au moins...

Elle s'arrêta. Alden tourna la tête vers elle.

- Au moins quoi?

Elle tourna la tête vers lui.

- Au moins tu m'as moi, lui sourit-elle. 

Il fut surpris, mais sourit, content d'enfin avoir trouvé quelqu'un qui n'allait pas le traiter comme un jouet. 

- Merci, souffla-t-il.

- Pas besoin de me remercier... mon ami.

Cela rendit encore plus heureux Alden qu'il ne l'avait jamais été. Ils restèrent assis pendant quelques heures là, à parler de tout et de rien, à rire, à se lancer de l'eau dessus pour s'amuser avant de rentrer à la maison. Avant de sortir des champs, Alden arrêta Aurélianne en l'attrapant par la main et la fit tourner vers lui. Cette dernière ne résista pas. Elle remarqua rapidement des larmes qui se formaient dans les yeux du jeune homme.

- Merci.

Elle lui sourit, puis le tira par la main vers la maison. Avant d'entrer, elle s'arrêta et s'approcha de son oreille.

- Ça me fait plaisir, Alden.

Alors qu'elle atterrissait sur ses pieds à nouveau, elle vit un sourire apparaître sur son visage et se décida à entrer. 


Un été différentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant