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Le lendemain, ce fut les cris du coq qui réussit à la réveiller, la veille, n'ayant eu d'effet sur personne. Elle prit une douche et se rendit au rez-de-chaussée, où elle se rendit par la suite à la cuisine. Aurélianne se prépara le même déjeuner que la veille, en compagnie de son grand-père. Rapidement, Ren et Alden arrivèrent. Ce dernier passa derrière la jeune fille, qui ne l'avait pas vu entrer, et lui murmura à l'oreille :

- Bon matin, mon Auré.

Elle sursauta, puis se tourna vers lui. Il fut surpris de sa réaction rapide. Ils étaient maintenant un en face de l'autre, l'adolescente se collant le plus possible au comptoir pour ne pas être près de son ami. Soudainement timide, elle se mit à rougir, ce qui ne passa pas inaperçu à l'œil d'Alden. Il sourit et s'éloigna. Aurélianne soupira de soulagement, se retourna et continua de garnir ses gaufres, les joues encore rouges. Elle se dépêcha de manger et rejoignit son grand-père aux enclos, à gauche de la maison. Ils passèrent les deux premières heures à s'occuper des animaux et Aurélianne à faire de l'équitation, pendant qu'Alden allait de nouveau se cacher dans les bois. Elle se surprit même à penser où il pourrait bien aller. Elle chassa immédiatement cette horrible question de sa tête.

Lorsqu'elle rentra finalement, sa grand-mère étant debout, elle décida d'aller lui relater la lecture de la veille.

- Tu as l'air d'avoir bien aimé le livre, se réjouit Mireille.

- Oui, je l'ai adoré. C'était le livre le plus parfait que je n'ai jamais lu de ma vie.

- Tant mieux, ma chérie. Je suis contente qu'il t'aie plu.

Aurélianne hésita un peu, mais se lança à poser la question qui la grugeait.

- Dis-moi, grand-maman, tu aurais vu Alden? Depuis hier, il disparaît.

- Non, je ne sais pas où il peut être. D'après-moi, il s'est sûrement trouvé une cachette où il se sent bien et dans son élément. Il ne voit peut-être pas le temps passé.

- Mais, quand nous étions pas encore arrivés, il disparaissait souvent comme ça?

- Non, il passait ses journées avec moi. Il faisait le ménage avec moi, lisait avec moi, jardinait avec moi, il voulait apprendre de la vie.

Un tout petit plus... Elle ne s'en rendait pas compte. Elle n'avait surtout aucune maîtrise sur la confiance que son cœur voulait octroyer à Alden mais pas sa tête. D'ici la semaine prochaine, ils riraient ensemble de bon cœur et passeraient leurs journées ensemble. En tout cas, ce n'est qu'une hypothèse...

Encore une fois la journée passa vite, bien trop vite d'ailleurs. Aurélianne s'amusa dans les champs comme l'innocente enfant qu'elle avait été autrefois, lu et aida sa grand-mère à faire le souper. Elle n'a vu Alden que quelques heures avant le souper. Ils mangèrent, puis la jeune adolescente annonça qu'elle sortait dehors. Elle se rendit en arrière de la maison et s'allongea sur l'herbe courte. Ses yeux fixant le ciel qui s'assombrissait et ses oreilles se concentrant sur le bruit de la nuit qui s'en venait, elle n'entendit pas les pas de quelqu'un qui venaient vers elle. Cette personne ne s'annonça pas et s'allongea près d'elle. Elle ne fut pas stupide, rendu là, elle avait reconnu celui qui l'avait rejoint. Alden...

- Calme-toi, l'avertit-il.

- Je le suis déjà, se défendit-elle.

- T'allais éclater.

- Non! se révolta-t-elle en s'appuyant sur ses coudes et en le regardant.

Il la fixa intensément.

- Je ne suis pas venu ici pour te faire fuir. Juste pour la même raison que toi, essaya-t-il de la calmer.

Elle se recoucha près de lui et regarda vers le ciel, Alden l'imitant. Plus de dix minutes s'écoulèrent, ou peut-être quinze ou vingt, mais tout ce qu'Aurélianne savait, c'est qu'elle ne se sentait plus seule. Pendant toutes ces années, même ses amis n'avaient pu combler ce vide en elle, mais ce garçon qu'elle ne connaissait que depuis deux jours, avait au moins pu en combler une partie, malgré sa présence silencieuse.

Ne pouvant se retenir, Alden brisa le silence.

- Je peux te poser une question? demanda-t-il.

Aurélianne perdit le sourire calme et heureux qui illuminait son visage quelques secondes plus tôt.

- Vas-y, finit-elle par dire.

- Ta sœur, Ruby, est-elle vraiment aussi méchante qu'elle le laisse paraître?

- Oui. Si elle est méchante avec toi aussi, c'est pour t'utiliser pour me faire chier.

- J'avais deviné qu'elle faisait ça sur moi, mais sur les autres, je n'en avais aucune idée. Je croyais que c'était sur tout le monde, sans exception.

- Elle a déjà essayé avec mes parents et mon frère. Après que le résultat fut catastrophique, elle a accusé mes parents de me considérer comme l'enfant préféré. Ma sœur a des amis, tu sais. Elle en a une grosse gang. Elle n'est jamais méchante avec eux. Les autres, soit, elle les ignore, soit, elle les manipule pour me faire du tort.

- Tu ne sembles pas la détester pour autant.

- Oui, je la déteste, mais je montre l'inverse, pour montrer que je suis aussi stupide qu'elle le pense.

- Qu'est-ce que tu veux dire?

- Cette façade enfantine, celle que je présente à tout le monde, ce n'est qu'un masque. En réalité, je suis dure et pleine d'émotions pour tout le monde. Ceux que je déteste, c'est parce qu'ils m'ont fait du mal par le passé. Je préfère me créer un reflet différent, un personnage qui n'est pas moi, pour ne pas me faire juger par la société. Ni mes parents, ni mes amis ne connaissent ce secret...

Ce n'est que quelques secondes plus tard qu'Aurélianne remarqua ce qu'elle avait fait. Elle ouvrit grand les yeux et mit sa main sur sa bouche. Elle se leva.

- Je crois qu'il est temps pour moi de rentrer, s'excusa-t-elle en se dirigeant vers la maison.

Alden se leva à son tour et courut jusqu'à elle en criant son nom. Fatigué par sa journée, il s'arrêta à quelques mètres d'elle, alors qu'elle courait encore. Il cria une autre fois le nom de la jeune fille. Elle s'arrêta finalement, mais ne tourna que sa tête de côté, pour que son interlocuteur ne voit que son profil.

- Je suis content que tu m'aies fait confiance. Je l'emporterai avec moi dans la tombe!

Il crut déceler sur le visage de son amie un petit sourire, puis elle se mit à courir jusqu'à ce qu'elle soit dans la maison.

Dans leurs chambres, elle pensa, il pensa... Tous deux ne croyaient pas ce qui venait de se passer. Ils s'étaient sentis si bien avec la présence de l'autre. Pendant un quart d'heure à peu près, ils avaient été si près l'un de l'autre. Le silence avait enveloppé les alentours. Les yeux vers le ciel, ils avaient pensé. C'est tout ce qu'ils avaient fait dans les dernières trente minutes. Leurs pensées n'ont pas arrêté de rouler. Ils pensaient à eux, à rien d'autre. À ce qui allait se passer. Si un futur amical était possible. 

Un été différentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant