Un été différent

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- Pas trop fatiguée? demanda son grand-père à Aurélianne.

- Non, ça va. Tu sais que je suis une habituée. Après tout, je me lève tôt tous les matins pour aller à l'école. Et les jours de congé, je veux toujours profiter de mes journées.

- Tu t'es quand même couchée tard, hier soir.

- Comme d'habitude, grand-papa. Peu importe le nombre d'heures que je dors, je suis bien en forme le lendemain.

- C'est grâce à ta joie de vivre, ça. Peu importe ce qui te dérange, tu ne le laisses pas t'enlever le sourire qui épingle ton visage si magnifique et dont je ne peux me passer.

- L'apparition surprise d'Alden, oui. Je m'attendais pas à ce qu'il apparaisse dans le but de gâcher mon été.

- Je ne crois pas que ce soit son but, crois-moi. Pourquoi ne deviens-tu pas ami avec lui?

- Ça se fait pas en claquant des doigts, grand-papa. C'est un choix et une expérience à vivre à cent pour cent. Si mon cœur le désire, il vivra cette expérience. Pour l'instant, il s'en méfie.

- Toujours méfiante des personnes qui pourraient changer ta vie à jamais, n'est-ce pas?

- En quoi Alden pourrait-il avoir un effet sur ma vie?

- Tu verras, qui sait?

- T'as bien raison.

Ils se dirigèrent vers l'enclos où les coqs étaient et l'ouvrirent. Rapidement, ils en sortirent. Heureusement, les enclos étaient entourés d'une clôture chacune pour ne pas que les animaux ne s'enfuissent. Pendant près d'une heure, ils s'occupèrent personnellement de chaque animal sous l'œil attentif d'Alden, qui les regardait du perron de la maison, mettant son poids sur l'un de ses murs extérieurs, les bras croisés. La sœur d'Aurélianne, Ruby, arriva près de lui, un faible sourire flottant sur ses lèvres. Alden tourna la tête dans sa direction, puis la ramena vers Aurélianne et son grand-père.

- Pourquoi ne les rejoins-tu pas? lui demanda Ruby.

- Parce que je ne veux pas faire de l'été de ta sœur un total cauchemar. Je vais lui laisser un peu d'air. Mon but est quand même d'essayer de devenir son ami. Toi, par exemple, ton but est de m'obliger à aller les rejoindre, car tu veux qu'Aurélianne perde son sourire éternel.

- Et son caractère tellement enfantin. Tu sais lire les gens comme s'ils étaient des livres ouverts, toi.

- Non, mais là, c'est évident. Tu ne portes aucun amour pour ta petite sœur. Hier soir, tu es venue la provoquer. Je ne suis pas aveugle, même si j'étais parti à la rencontre de vos parents.

- Okayyy, calme-toi, gentleman.

- Pourquoi est-ce que je me calmerais?

- Tu t'éclates pour rien. Ce n'est que d'Aurélianne que nous parlons!

- Une personne n'est jamais qu'une simple personne, dit-il en se décollant du mur et en s'approchant de Ruby jusqu'à ce qu'ils soient nez à nez, parce que oui, ils avaient la même grandeur.

- Et qu'est-ce que t'en sais?

- Tu ne portes d'amour que pour toi-même. Aurélianne, elle, au moins, montre au monde entier qu'elle l'aime.

- Tu crois que cette enfant a de l'amour pour tout le monde, alors qu'elle ne t'en porte pas.

- Elle me voit d'un mauvais œil à cause de ses habitudes d'été annuelles, mais tu verras, elle finira par m'apprécier.

Il s'apprêtait à partir. Il la contourna, mais s'arrêta quand il fut à deux pas derrière elle, afin d'entendre ses paroles.

- Perds pas ton temps, Collins. Tu ne réussiras jamais à ouvrir le cadenas du cœur d'Aurélianne. Par exemple, là, si tu réussis, tu mériteras un Oscar.

- Crois-moi, cet Oscar, s'il était vraiment à gagner, je l'aurais déjà gagné d'avance.

Ruby fut prise de court alors que son interlocuteur rentrait à l'intérieur de la maison. Jamais elle n'aurait pensé qu'elle rencontrerait un garçon si déterminé. Elle savait que jamais Aurélianne ne baisserait sa garde et si elle le faisait, c'est que quelque chose n'allait pas. ...Ou que cet Alden avait une quelconque emprise que personne d'autre n'aura sur elle. Mais pour l'instant, Aurélianne ne se laissait pas avoir... Elle contempla les deux fermiers au loin revenir vers la maison et rentra à son tour.