Les locaux étaient si sombres qu'on aurait pu se croire dans un film d'horreur, et les couloirs vides et angoissants. Lucie poussa une des portes de la morgue, frappée à la poitrine et au visage par une vague de froid intense. Elle ressentit aussi l'aura et l'odeur de la mort, englobée dans cette semi obscurité inquiétante. Elle tâtonnât et parvint à localiser l'interrupteur, les néons crus révélant une pièce peu accueillante, stérile et fade. Elle s'avança et ses mains glissèrent sur le métal de la table située au milieu de la pièce, elle était glaciale et emprunte de l'énergie de tous les cadavres qui y avaient été allongés.
Lucie sentit son cœur se serrer une première fois. Elle se dirigea vers l'un des coffres et localisa rapidement celui qu'elle cherchait, il n'y avait aucun doute quant à cette odeur. Elle l'ouvrit doucement, tirant la table coulissante vers elle, révélant un long drap blanc recouvrant un cadavre bien plus que familier. Lentement elle souleva le drap pour dévoiler le visage de Sacha et ce fut comme un coup de poignard dans son cœur.
Elle n'avait encore jamais ressenti autant de colère et de tristesse auparavant. Avec le retour de son meilleur ami elle était parvenue à ressentir plus de choses, mais depuis le soir de sa mort, c'était comme si le barrage commençait à se fissurer, l'eau se faufilant à travers le béton meurtri. Et elle n'était pas certaine d'apprécier cela désormais, les émotions agréables rapidement remplacées par cette douleur provoquant un étonnant vide.
La jeune femme rabattit encore un peu le drap pour dévoiler la main de Sacha. Elle prit une grande inspiration et sortit ses griffes de ses phalanges, tailladant son bras. Après cela, elle attrapa la main de celui qui fut comme un grand frère pour elle, la serrant bien fort de ses deux mains. Il lui fallait des réponses et c'était la seule manière de les obtenir. Elle se concentra, oubliant le monde autour d'elle, ses sourcils froncés au maximum.
Mais rien n'y faisait, tout ce qu'elle voyait c'était des bribes de souvenirs heureux, des rires, des sourires, des journées passées sur les toits... Elle ne parvenait pas à capter beaucoup de souvenirs, sa maîtrise de cette capacité étant extrêmement limité. Le sang coulait le long de son nez, du coin de ses yeux, alors que ceux-ci parvenaient à peine à rester blancs. Le sang passait sous le masque qu'elle portait, coulant jusqu'à sa gorge.
La voltigeuse tenta de taillader son second bras et recommença le processus, mais rien n'y faisait... Elle continua de saigner en vain, tout cela pour des souvenirs qui ne faisaient que lui rappeler ce qu'elle venait de perdre, encore et encore... Elle ne pleurait pas mais son cœur était un océan agité, elle pouvait ressentir la douleur de la tristesse dans ses veines, vibrant dans ses os.
Relâchant la main de Sacha, elle manqua de trébucher, elle avait dépensé beaucoup d'énergie. Et une rage impossible à quantifier s'écrasa sur elle, elle s'en voulait tellement et elle était prête à détruire quiconque était impliqué dans la mort de son frère. Elle se retourna vers le mur et le martela de coups de poings empreints d'autant de colère que de douleur. Criant même un peu pour extérioriser tous ces nouveaux sentiments qu'elle ne parvenait pas à gérer.
« Je vais devoir appeler la police si vous commencez à dégrader des locaux gouvernementaux », déclara une voix familière derrière elle.
Elle se retourna et vit l'agent de la dernière fois accoudé à l'encadrement de la porte. Il avait un petit sourire compatissant sur son visage et ses yeux étaient étonnement doux. Lucie se contenta de se déplacer pour aller s'asseoir sur un tabouret pendant qu'il rentrait dans la salle. Une fois assise elle essuya le sang sur son visage, tournant son regard vers le corps inerte de Sacha.
Isaac la détailla de la tête aux pieds, il était là depuis qu'elle était entrée dans la salle, donc il avait tout vu. Elle semblait réellement dévastée par la mort de ce voltigeur, ce qui ne faisait que confirmer ce qu'il avait pu observer d'elle. Entre celui qui avait coulé de ses yeux et celui qui venait des plaies grandes ouvertes sur ses bras, elle était couverte de sang. Et elle avait ce regard, celui d'un enfant ayant perdu ses parents. C'est quelque chose qui le toucha profondément, il pouvait imaginer sa douleur parfaitement.
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Les Voltigeurs
Teen FictionIl y a quelques dizaines d'année, des êtres humains évolués ont commencé à naître dans le monde entier, se nourrissant de chair humaine pour survivre et montrant des capacités surhumaines. Chassés par les forces spéciales de la BAV et appelés voltig...