Chapitre 10

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Lucie attendit que les portes de l'ascenseur s'ouvrent, trop lentement à son goût, pour remonter le long couloir menant à l'immense double porte dont elle connaissait tous les détails. Elle ne prit pas la peine de toquer et entra sans y être invitée, s'asseyant sur le fauteuil en cuir en penchant légèrement la tête sur le côté.

« Lucie... Ravie de te voir, mais je n'ai pas le souvenir de t'avoir convoqué aujourd'hui », déclara son patron en levant les sourcils.

« J'ai des questions »

« Très bien, je t'écoute dans ce cas »

« Est-ce que vous saviez que ce ne sont pas les Goules qui ont tué Sacha ? »

« Je n'en avais aucune idée, je pensais sincèrement qu'ils s'agissaient d'elles puisque qu'elles ont mené l'attaque sur la boîte de nuit »

« Et bien peut-être qu'elles ont attaqué la boîte de nuit, mais elles ne sont pas responsables du meurtre de Sacha », répondit-elle en observant avec attention les mouvements du visage de son supérieur.

« J'ai l'impression que tu me penses responsable de quelque chose Lucie, pourrais-je savoir de quoi ? », il demanda en gardant un calme olympien, ses mains jointes comme toujours.

« Disons que les informations fusent de tous les côtés et je ne sais plus qui croire concernant cette affaire »

« Tu n'as pas à te faire de soucis concernant notre relation, d'ailleurs j'allais t'annoncer que tu m'escorteras pour le gala. Tu es la seule personne à qui je fais confiance à ce point et mon meilleur élément quand il s'agit de force et de capacités », confia-t-il avec ce qui semblait être de la sincérité.

Lucie ne répondit rien, essayant encore de le jauger, la graine du doute installée en elle germant un peu plus à chaque nouvelle révélation.

« Je comprends ta méfiance, perdre un proche n'est jamais chose facile et beaucoup de personnes s'intéressent à toi, te nourrissant de doutes pour te faire glisser dans leur direction. Tu sais toi-même que tu es très prisée »

Elle hocha la tête affirmativement, un peu calmée, mais toujours pas complètement apaisée. Il pouvait lire dans ses yeux et dans la froideur de son expression qu'elle avait une hargne dangereuse qui grandissant dans son cœur. La jeune femme sans émotions laissait peu à peu place à une arme de destruction massive guidée par la passion.

« Vous étiez méfiant face à mon affinité avec Sacha, je reste donc sur mes gardes, je pense que vous pouvez le comprendre », déclara-t-elle en se levant pour faire le tour de la pièce, ses doigts glissant sur chaque détail.

« Je n'ai aucun intérêt à faire une telle chose, la preuve, tu es désormais dispersée entre ton travail ici et ton enquête. Ce n'est pas bon pour moi, je n'y gagne rien, j'y perds même »

« Vraiment ? Parce que j'avais très envie de décapiter l'entièreté du groupe de votre ennemi juré il y a encore quelques heures... Cela me semble un motif suffisant »

« Si j'avais voulu cela j'aurais simplement pu te le demander. Je n'ai pas besoin de mettre en place ce genre de plans tordus pour me débarrasser d'insectes de ce genre »

« Sauf que je n'aurai pas eu la même motivation, cela aurait pris bien plus de temps. Et rien ne dit que j'aurai accepté en règle générale, puisqu'on parle tout de même d'un génocide »

« Je ne sais plus vraiment quoi te dire pour te convaincre, tout ce qui compte c'est que je sais où je place dans cette histoire. Je n'ai rien à me reprocher, et par conséquent je te laisse de l'espace pour mener ton enquête. Je ne suis pas inquiet », il répondit de sa voix convaincante, celle de tous les businessmen.

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