Sauve-moi [Sebastian Stan]

Chapitre IV

- Tu es prête ? me demande mon frère en entrant dans ma chambre.

Je me retourne vers lui, une grimace sur le visage.

- C'est quoi cette horreur ? demande-t-il en me regardant de haut en bas.

Pour la faire courte, je suis actuellement vêtue d'un jeans et d'un t-shirt bien trop grand pour moi à l'intitulé des Ramones.
En contrario, Chris est parfaitement bien habillé, d'une manière extrêmement élégante. Il porte un smoking bleu nuit avec une chemise blanche et des chaussures qui ont dû lui couter au moins un bras trois quart.

- Oui je sais, commencé-je, ce n'est pas super sexy. Mais dois-je te rappeler que ma valise est encore à l'aéroport ?

Eh oui, je n'ai toujours pas reçu de coup de fils pour me prévenir que ma valise a été retrouvée, donc j'en conclus qu'il suffit de patienter encore quelques jours.

- Mais enfin Harley, on a des tenues un peu plus correctes dans cette maison. Tu ne vas pas te présenter comme ça ! C'est mon t-shirt en plus...

Je soupire et constate une nouvelle fois que ma tenue ne me met vraiment pas en valeur et n'est pas réellement adapté pour ce genre d'évènement.

- Bah dépêche-toi de m'en donner une autre ! m'exclamé-je en levant les yeux au ciel.

Chris me prend par la main et me dirige vers une nouvelle pièce de sa gigantesque demeure, qui je suppose, se trouve être un dressing.

- Fais ton choix, annonce-t-il en me laissant dans la pièce. On part dans dix minutes, blondasse.

Je souris malgré moi et balaye la salle des yeux. C'est, en effet, une immense salle remplie de toute sortes de vêtements.
Malheureusement, je suis plutôt du genre garçon manqué, alors les robes et les blingbling, c'est très peu pour moi, et au grand regret de mes parents.

Je décide donc d'opter pour un magnifique costard bleu clair large, avec un petit pull blanc.
C'est chic sans être trop inconfortable, c'est parfait.

Ma coiffure étant déjà réalisée, ainsi que mon maquillage, je saisis uniquement une petite pochette blanche et enfile une paire d'escarpin noire laquée.

Cinq minutes plus tard, nous sommes tous les deux dans la limousine qui nous emmène au lieu de la Première.

J'ai toujours été la fan numéro un de mon frère. J'ai vu tous ses films en avant-première et je suis extrêmement fière de son travail.
C'est également pour ça que, quand je suis en Amérique, je me charge d'être sa manageuse personnelle. C'est moi qui signe les contrats de tournages, moi qui lis les lettres de ses fans et qui les tries, moi qui leur réponds également (sous l'œil attentif de Chris, tout de même).
Quand mon travail me le permet, évidemment. Je fais tout ça avec un grand plaisir.

Beaucoup de personnes m'ont déjà demandé si je n'étais pas jalouse du succès de mon frère. Du fait qu'il soit un acteur connu et que moi, je ne sois qu'une simple scientifique. En règle générale, je leur réponds « mon frère ne peut pas trouver un remède contre le cancer, lui. », ce qui provoque souvent l'hilarité chez les gens.
Mais plus tard, je leur réponds tout de même que je ne suis en aucun cas envieuse de mon frère.
Il aime sa vie et sa notoriété, et moi j'aime ma solitude et ma transparence. Je n'aurais pas supporté, de toute façon.

- Harley, tu m'écoutes ? me demande Chris en me sortant de mes pensées.

Je secoue la tête et m'excuse.

- Désolé, non pas vraiment. Tu disais ?

Le blond soupire et me prend la main.

- Sois pas stressée, me rassure-t-il. Je disais juste que je voulais vraiment te faire rencontrer quelqu'un, ce soir.

Je tends l'oreille.

- Hum ? Qui donc ?

Chris sourit.

- Un homme charmant ! C'est un ami de tournage, il te plaira, j'en suis sûr ! s'exclame-t-il.

Sa réflexion m'arrache un soupirement.

Chris n'a jamais aimé le fait que je sois célibataire endurcie. J'ai eu un ou deux petits copains au lycée, mais depuis, je n'en veux plus. Malheureusement, mon frère ne l'accepte pas vraiment.
« Belle comme tu es, tu ne devrais pas avoir trop de mal à trouver chaussure à ton pied ! » me répète-t-il souvent.
Et à chaque fois je fais la même chose : je lève les yeux au ciel et je me braque.

- Ne commence pas. On en a déjà parlé, ordonné-je d'un ton sec en tournant la tête vers la vitre tintée de la limousine.

- Mais, tu as trente ans passé Harley... Je m'inquiète...

- C'est inutile.

Chris souffle et joue des sourcils. Il prend mon menton entre ses doigts et me force à le regarder.

- Mais rien qu'en temps qu'ami. Je veux juste te le présenter, il est gentil. Essaye de ne pas être trop dure avec lui, tu peux faire ça pour moi ?

Je souffle une énième fois et acquiesce docilement. Après tout, s'il veut simplement me le faire rencontrer, je ne vois pas pourquoi je refuserais. J'adore me faire des nouveaux amis, alors pourquoi pas ?

*

La limousine s'arrête devant un long tapis rouge, qui me semble faire très cliché Hollywoodien.
Je lève les yeux au ciel et un portier vient ouvrir la porte de la grande voiture.
Je laisse Chris sortir en premier, étant donné que je ne suis que l'accompagnatrice. Une fois sorti, il me tend la main pour m'aider. En temps normal, je l'aurais refusée, car j'aurais trop peur qu'il me lâche pour me faire une blague, mais je sais qu'ici, il ne fera rien. Alors je la saisis.
Il m'aide donc à sortir, et je suis directement éblouie par les flashs des appareils photos.
Bon sang, il y en a des milliers !

Je fais tout pour sourire le plus naturellement possible, et le regard moqueur de mon frère ne m'aide vraiment pas.
On avance tous les deux sur le tapis, lui s'arrêtant pour prendre quelques photos, moi restant en retrait le plus possible.

J'entends un des journalistes crier à Chris :

- Qui est-ce !?

Je me retourne vers l'interlocuteur et le blond passe sa main dans le creux de ma hanche d'une manière protectrice.

- Elle s'appelle Harley Evans, c'est ma sœur, annonce-t-il.

J'aurais préféré qu'il ne relève pas mon prénom, de sorte à ce que mon identité puisse rester encore un peu anonyme. Car oui, Chris est même connu en Angleterre, et je ne veux pas avoir ses groupies sur le dos.

Ce n'est pas la première fois que les journaux me voient, mais je suis tellement discrète le reste du temps que des fois ils oublient que Chris a une sœur.

Mon frère leur sourit une dernière fois et m'entraine vers un deuxième tapis (encore et toujours), où on doit poser tous les deux.
Je retiens une grimace mais fais tout mon possible pour ne pas faire tâche à côté de lui ; je ne veux pas nuire à sa réputation.
Finalement, je commence à me prendre au jeu et à poser comme une vraie star d'Hollywood, malgré les centaines de flashs qui m'abiment les yeux.

- Moi je dis que tu t'en sors vraiment bien, me susurre le blond. On dirait que tu as fait ça toute ta vie !

Pour seule réponse, je lui souris et lui fait un clin d'œil qui, je suis sûre, à déjà été pris en photos par nos paparazzis.

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