Chapitre VI

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Alors que je dormais tranquillement dans mon lit, la bave au coin de la bouche, un bruit me réveille en sursaut. La sonnette de la maison.

Je peste intérieurement contre la personne qui ose me réveiller aussi tôt. Enfin tôt, pas vraiment, il est en réalité quatorze heures.
Je me lève nonchalamment en remarquant que mon frère ne se rend pas à la porte pour l'ouvrir. J'en conclus qu'il doit être sorti.

Je rassemble rapidement mes cheveux en un chignon mal coiffé tout en dévalant les escaliers quatre à quatre, manquant ainsi de me viander plus d'une fois. Je m'essuie rapidement la bouche et ouvre la porte d'un coup sec.

Je manque de m'étouffer avec ma salive quand je vois qui se tient devant chez moi (enfin chez mon frère, plutôt).

- Salut, commencé-je, nerveuse.

- Bonjour Harley, me salue-t-il.

Je ferme la bouche et m'écarte pour le laisser rentrer dans la maison.

- Je te réveille ? me demande Sebastian.

- À peine...

J'essaye d'organiser un peu ma coiffure et ma tenue, bien que ce soit peine perdue.

Le brun détaille quelques secondes mon accoutrement, passant de mes cheveux en bataille à la marque de l'oreiller sur ma joue puis sur le t-shirt des Gun's bien trop grand pour moi, qui m'arrive à peine au-dessus des genoux.

- Excuse-moi, je ne savais pas que tu passerais, déclaré-je en me dirigeant vers la cuisine.

Je lui fais couler un café sans même demander s'il en veut un.

- Ton frère a oublié sa veste hier, il m'a demandé de passer la lui ramener.

Je souffle.
Chris, évidemment.
Qui d'autre ?

- Il ne m'avait pas prévenu, je me serais levée plus tôt sinon...

Sebastian rigole, et ce son aussi insignifiant soit-il me réchauffe le cœur.

- Je ne compte pas rester, je vais te laisser te reposer, rigole-t-il.

Je souris et lui tends son café. Au moins qu'il le boive avant de partir.

Un silence gênant s'installe, et je ne sais pas vraiment quoi dire pour le combler. Heureusement, je n'ai pas à le faire, car le brun me devance.

- Alors, que fais-tu ici ? me demande-t-il. Chris nous parle souvent de toi mais on ne t'avais jamais vu avant.

Je triture mes ongles.

- Je suis venue rendre visite à ma famille. Ça fait très longtemps que je ne les avais pas vu. Je travaille à Londres et mon taff me prend tout mon temps libre, avoué-je en rigolant nerveusement.

Je suis nerveuse. Il me rend nerveuse. Pourquoi ?

Sebastian pose sa tasse et m'interroge du regard. Je ne lui laisse pas le temps de poser la question.

- Je suis biochimiste.

Il écarquille les yeux et secoue la tête pour acquiescer, visiblement impressionné.

- Donc, tu découpes des poussins pour voir ce qu'il y a à l'intérieur ? demande-t-il soudainement, le plus sérieux du monde.

Je m'offusque et m'étouffe avec ma salive avant de froncer les sourcils.

- Non ! Je suis chercheuse, mais pas ce genre-là, me vexé-je.

Un rictus prend place sur le coin des lèvres du brun, je comprends alors qu'il se fichait ouvertement de moi depuis toute à l'heure.

- Je te taquine, me rassure-t-il.

Je plisse du nez et secoue la tête.
Sebastian se lève et sourit.

- Bon, je vais y aller, merci pour le café.

J'acquiesce et pose sa tasse dans l'évier ; je la laverai plus tard.
Ou pas.

Il s'avance jusqu'à la porte et se retourne vers moi, me lançant la veste de costard de Chris. Je lève ma main et la rattrape, par reflexe.
Sebastian rigole et secoue la tête de haut en bas, impressionné par mes sublimes reflexes (notez l'ironie).

- Bonne journée, le salué-je.

- J'espère te revoir bientôt, dit-il.

- J'espère aussi, dis-je à mon tour.

Il me fait un clin d'œil et s'en retourne vers sa voiture.

Je ne me gêne pas pour le mater ouvertement, dans son costard parfaitement repassé, ses chaussures cirées et ses cheveux royalement plaqués en arrière.
Je referme la porte et me jette sur le canapé, froissant au passage la veste de mon frère.
Sans m'en rendre compte, je me rendors.

*

- Je te jure que ça s'est passé comme ça ! j'entends.

J'ouvre un œil en comprenant que quelqu'un est en train de rentrer dans la maison. La clef dans la serrure fait des bruits et je me redresse.
Merde.
C'est la voix de ma mère.

- Et là, il a- Harley ! s'écrit-elle.

Je frotte mes yeux et je sens une grande masse me compresser la poitrine. Ma mère m'enlace de toutes ses forces.

- Mi amor ! Ça fait tellement longtemps ! dit-elle en inspectant chaque centimètre de mon visage.

Sans que je ne puisse en placer une, elle renchérit.

- Mais dans quel état te trouves-tu ? Tu as une mine affreuse. Eh voilà, je te laisse seule deux ans et tu te négliges ! Ce n'est pas comme ça que tu vas trouver un mari, tu sais...

Je lance un regard d'appel à l'aide à mon frère, qui me regarde en souriant. Il fait exprès de ne pas me venir en aide, ce connard.

- Maman... la réprimé-je. Ne commence pas. Je viens juste de me lever, j'étais fatiguée.

- Mais il est seize heures !

Je souffle et me lève.

- Seb est passé pour déposer ma veste ? demande soudainement Chris en voyant cette dernière.

- Yep. Merci de m'avoir prévenu, au passage, lancé-je en lui lançant un regard noir.

Il m'envoie un bisou dans les airs et je lève les yeux au ciel.

J'embrasse ma mère une dernière fois et m'en vais dans ma chambre pour prendre une bonne douche.
Je laisse l'eau brûlante couler sur mon corps nu, détendant tous mes muscles un par un. Je shampooine mes cheveux et les rince, essayer de vider ma tête de toutes pensées.
Mais je n'y arrive absolument pas.
Une mystérieuse image d'un brun aux yeux bleus ne fait que de ma revenir en tête.
Mais casse-toi !

Je souffle et crache l'eau que j'avais dans la bouche avant de sortir et d'enrouler mon corps dans une serviette.

Je ressens encore toute la honte de toute à l'heure, quand je me suis présentée à moitié nue et totalement négligée devant un acteur mondialement connu.

Quelle honte, non mais quelle honte...

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Sauve-moi [Sebastian Stan]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant