Chapitre 18

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*Léontine*

-Mais maman ! Je ne veux pas aller jouer ! S'il te plaît ! Je suis grande maintenant, j'ai 14 ans aujourd'hui.

-Tais-toi et va jouer ! Tu m'agace mais à un point que tu ne peux pas imaginer Léontine ! Qu'est-ce que tu ferais à rester là hein ?

Je t'en supplie ne me force pas à monter avec lui. Je ne veux plus jouer depuis longtemps. Il se tient à l'autre bout de la table, il me regarde les yeux pétillants de malice, toujours ce putain de sourire en coin quand il me fixe. Rien que de le voir face à moi me donne envie de vomir.

-Mais je resterai avec vous, s'il te plaît maman... je la supplie dans une dernière tentative, car je sais que la phase suivante c'est l'énervement.

Elle souffle. J'ai envie de pleurer. Julie est chez son petit ami, elle au moins elle ne l'aurait pas forcée à aller jouer. Alexis est avec papa, j'aurais voulu rester avec papa aussi, mais maman ne voulait pas.

-OH LÉONTINE TU M'ÉNERVE HEIN ! Dépêche-toi d'aller jouer avant que je ne m'énerve encore plus ! Je me retiens de t'en mettre une là !

Ses yeux sont noirs de colère. Maman me fait peur. Elle m'a toujours fait peur. Même quand je fais quelque chose de bien elle n'est pas contente, pourtant j'ai de meilleures notes que Julie, et je suis aussi plus sage que mon frère et ma sœur. Peut-être qu'elle ne m'aime pas ?

Je sais que si je dis un mot de plus j'aurais cette gifle qu'elle veut tant me mettre. J'en ai parfois, et chaque fois papa n'est pas là. J'ai voulu lui dire, mais elle m'a dit que si je lui disais, elle me ferait pire qu'une gifle. Alors je ne dis rien. Je ne dis jamais rien. Lui aussi me menace. Et lui, il me fait encore plus peur. Ses grands yeux noirs me menacent, ses cheveux blonds toujours coiffés à l'arrière.

Je reste plantée devant ma mère, la tête baissée. Mes poignets me démangent, alors je les gratte. J'ai quelques croûtes à force de le faire, mais ce n'est pas grave, ça m'aide à ne pas pleurer. Si je pleure ce sera pire. J'espère qu'en restant là, je gagne du temps, et que papa viendra vite, lui il ne m'oblige pas à aller jouer.

Mes espoirs s'effritent quand j'entends la voix que je déteste le plus au monde prononcer :

-Aller viens jouer avec moi Léontine !

Je regarde ma mère, avec un tout dernier petit espoir, juste minuscule.

-Aller vas-y !

Je ne peux plus rien dire, je suis obligée d'y aller. Je traîne des pieds. Je voudrais partir en courant. Il ouvre la marche. Peut-être que si là tout de suite il ratait une marche et se faisait mal je serais sauvée. Rêve Léo ! Au fur et à mesure que je gravis les marches, une ou deux larmes s'échappent. JE NE VEUX PAS ! Nous arrivons au troisième étage, là où personne ne nous entend. Il ferme la porte et se tourne vers moi, un grand sourire aux lèvres.

-Ne fais pas la timide ma jolie, ça va être amusant.

-Hum hum !

***

Je sursaute. Mon pouls est rapide. Mon visage trempé, pas de sueur, mais de larmes. Mes yeux sont toujours fermés. Quelque chose bouge sous moi. Je me souviens alors d'où et avec qui je me suis endormie.

Mason. Qui est désormais mon petit ami. C'est fou non ? Je sens que ma tête est posée sur son torse, et j'ai aussi une jambe repliée sur son bassin. Sa main chaude touche ma cuisse et l'autre est dans mon dos, elle me serre contre lui.

Mon rêve américain Où les histoires vivent. Découvrez maintenant