Mon rêve américain

Chapitre 17

*Mason*

Vendredi. Enfin cette putain de semaine de merde touche à sa fin. Je sais que vous me détestez, moi-même je me hais. Mais c'est comme ça, il faut faire avec, car je ne peux plus revenir en arrière et annuler mes décisions.

Dimanche... je n'avais jamais ressenti ça avant elle. Il fallait que je fasse quelque chose. Je devais le faire. Et je savais exactement où la toucher pour qu'elle me déteste. Je devais mettre de la distance entre nous. Mais je n'aurais jamais pu le faire de moi-même, il m'est impossible de rester loin d'elle depuis le premier jour, alors j'ai fait en sorte que ce soit elle qui s'éloigne. Même si, je l'avoue, je n'avais pas prévu de la croiser à ce moment, deux jours plus tard. Mais c'était l'occasion ou jamais pour le faire.

Alors je l'ai entraîné dans ces toilettes. Et ouais, j'ai détesté ce qui est sorti de ma bouche. Je sais que ça l'a blessée, c'était le but. Et je sais, oh oui putain que je sais, comme elle s'est retenue de pleurer devant moi, comme elle se brisait de l'intérieur. Je sais aussi qu'avant ça, elle comptait sur moi pour l'aider, elle se reposait sur moi.

Mais mon ange, tu ne peux pas te reposer sur moi. Je ne suis pas quelqu'un de bien.

J'ai agi de la seule manière que je connaisse, la violence. Mais pas physique, verbale. J'observe, beaucoup, et je sais ensuite où toucher pour faire mal. Ça peut être une qualité, ou un défaut. Là c'était plus qu'un défaut. Je m'en veux, terriblement. La voir me regarder avec mépris, rancœur, ça me fait mal à moi. Et pourtant elle est tellement forte. Elle n'en a pas dit un mot à quiconque, elle a tout enfoui, avalé, et elle essaye d'agir normalement, comme si elle avait fait ça toute sa vie.

Et cette discussion au diner... L'histoire de ses études. Ce n'est pas cohérent. Elle a dit deux versions différentes, sauf que je suis le seul à l'avoir remarqué et à m'en soucier. Elle nous a menti sur quelque chose, j'en suis certain. Mais sur quoi ? Qu'est-ce qu'elle ne nous dit pas ? Je découvrirai la vérité tôt ou tard, le plus tôt sera le mieux. Je me suis juré de percer tous ses secrets, et je le ferais.

Je sors de mes pensées pour gratifier Nolan d'un signe de tête, il vient de m'apporter un coca. Elle est tellement forte, que ni ses colocataires, ni sa meilleure amie n'ont remarqués quoi que ce soit.

Nous sommes comme presque chaque jour, dans leur appartement. C'est le seul endroit où nous pouvons traîner tranquillement. Moi, à la fraternité c'est impossible, il y a trop de monde et ce sont tous des connards. Sans compter que maintenant il y a Léo et Shelby qui sont avec nous, et il est hors de question de les emmener là-bas souvent. Même si je ne porte pas Shelby dans mon coeur, je ne la mettrais jamais volontairement dans de mauvaises situations, et puis finalement, à force de traîner avec elle, elle n'est pas si détestable que ça.

Ensuite, il y a l'appartement de Liam et Ethan. On a déjà essayé mais leurs voisins sont exécrables. Chaque fois nous avons failli nous battre avec eux. Et enfin, Zach. Mais lui vit avec son colocataire, ou plutôt son cousin je crois. Et lui ne nous aime pas forcément. Il passait son temps à nous dire de nous taire.

Donc la dernière solution était l'appartement de Nolan et Tyler. En première année leur colocataire était cool, Tyron. On s'entendait bien, mais malheureusement, il était beaucoup plus fou que nous, avec son groupe d'amis ils se lançaient dans toutes sortes de conneries, toutes plus dangereuses les unes que les autres. Jusqu'à ce que l'une d'entre elles tourne au drame. Une course de voiture, Tyron n'a pas su freiner ni dévier l'arbre qui se trouvait sur son passage. Il est mort sur le coup et n'a pas souffert. Ça nous a tous anéantis. A tel point que Nolan et Tyler n'ont pas voulus de nouveau colocataire l'an dernier, ils ont même payé une troisième part pour n'avoir personne sans faire perdre de l'argent à l'université. Ces deux-là sont blindés. Et cette année, ils étaient prêts à reprendre un colocataire. Sauf que voilà ce que le destin a mis sur notre route.