Chapitre 7 -|Ora|

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« Comment peuvent-ils être aussi radieux et souriants alors que moi je me sens seule, incomplète et abandonnée ? »

A part Marie, personne n'a fait attention à moi de la soirée. J'étais comme un fantôme qui ne peut qu'observer le monde qui l'entoure et que jamais personne ne remarque. Je ne pouvais pas rester plus longtemps là-bas ; tout ce bonheur et cette joie de vivre qui se dégageait d'eux me dégoûtait.

Peu de temps après avoir regagné ma chambre, j'ai sombré dans les bras de Morphée tandis que des ruisseaux d'eau salé humidifiaient mon visage et que mon cerveau passait cette journée en boucle dans ma tête.

Je m'attendais tellement à retrouver une partie de mon passé avec eux . . .

Ais-je fait quelque chose de mal qui les a repoussés ?

Suis-je si différente ?

Qu'est-ce qui nous ait arrivé ?

Avant de sombrer, mon esprit se perd quelques instants dans les souvenirs de la journée. Je me vois sur une plage de sable fin, le bruit des vagues berçant mon cœur et rythmant ma respiration. Apaisée par ce doux souvenir, je m'endors enfin.

Je me réveille au beau milieu de la nuit. Mon téléphone indique 2h30 ; tout semble calme dans ce manoir. J'essaye de me rendormir mais rien n'y fait, mes yeux restent grand ouverts, observant les filets de lumière lunaire quadriller le sol.

C'est souvent comme ça depuis que je me suis réveillée du coma. Je peux soit être très fatiguée et dormir jusqu'à midi ou ne pas réussir à fermer l'œil plus de quelques heures par nuit. Les médecins m'ont dit que c'était normal suite au traumatisme que j'ai subi. Ils m'ont donné des somnifères à prendre si jamais je ne parvenais pas à dormir mais je refuse de les prendre. En avaler signifierait rester vulnérable, ne pas pouvoir se réveiller en cas de problème. Et ça il en est hors de question. Je sens que quelque chose cloche ici alors je préfère rester alerte.

Quitte à ne pas dormir, je décide de rentabiliser ce temps en essayant de travailler sur ma mémoire. Je m'assois alors en tailleur sur mon lit et ouvre l'un des album resté sur ma table de chevet. Je me saisit d'une photo au hasard ; il s'agit d'une photo de ma mère biologique et moi sur une plage lorsque je devais avoir une dizaine d'année. Je me focalise sur celle-ci et ferme ensuite les yeux pour tenter de visualiser la scène dans mon esprit. Je pense au sable sous mes pieds, au bruit des vagues qui percutent la plage indéfiniment, à la chaleur du soleil sur ma peau, . . . Je m'accroche à cette image comme si c'était mon unique espoir de redevenir celle que j'étais. Et, sans crier gare, un souvenir ressurgit des profondeurs de mon esprit me redonnant espoir par la même occasion.

La jeune femme brune au long cheveux bouclées qui n'est autre que ma mère, lit un livre allongée sur sa serviette, mon père arrive au loin les b ras chargés par 2 grands granité bleu et un paquet de churros. Dès qu'elle le vit, ma mère se rassit et m'invita à la rejoindre sur la serviette pour pouvoir déguster le gouter. Une fois le grand granité engloutit, je me muni des ma pelle et mon sceau afin de me lancer dans la construction d'un château de sable. Je fini par être rejointe par mon père venant m'aider à élaborer un réseau de douves autour de mon château. Je ne vois pas le temps passer ; ce n'est que lorsque nous avons fini notre petit royaume de sable que je lève la tête et remarque que le soleil est déjà bien bas sur l'horizon. Ma mère arrive alors avec son téléphone et nous posons, mon père et moi, fier, devant notre petit château sous le regard amusé de ma mère. Elle s'approche ensuite de nous mais avant qu'elle ne puisse embrasser son mari, celui-ci l'éclabousse avec l'eau de nos douves. Elle riposte et une batille d'eau commence ; on finit tout les trois complètement trempé et couvert de sable mouillé.

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