Forever my lifeline

Chapitre 34

Jake

Nous avons établi notre "base" dans une petite maison en dehors de la ville. Maman m'a dit qu'elle l'avait achetée en cachette juste avant son mariage avec papa parce qu'elle savait ce qu'il faisait et qu'elle voulait avoir un lieu sûr où elle pourrait se réfugier si jamais ça tournait mal pour elle ou pour ses enfants. En clair, au cas où ce qui est en train de se produire arriverait. C'est dans des moments comme celui-ci, que je salue le connais parano de ma mère et son côté extrêmement prévoyant ; grâce à elle nous sommes à l'abri, mon père ne pourra pas nous retrouver et nous pouvons établir notre plan pour sauver Ora sans craindre d'être espionner ou l'arrivée d'un membre de notre famille. Il est certain qu'à la seconde où ils apprendront, par mon père très certainement, que nous projetons de récupérer Ora et, d'au passage, les faire payer, ils se mettront tous à notre recherche pour nous arrêter. Les plus sociopathes d'entre eux essaieront même sûrement de nous tuer.

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Il nous a fallu 6 jours, des centaines d'appels à des anciens associés de mon père et un bon paquet de fric pour réussir à trouver Ora. Ma mère a failli faire un arrêt quand on lui a dit qu'elle avait été vendue par grand-père au chef du réseau de trafic d'armes du pays : Knight. C'est un homme puissant et très réputé pour son caractère impitoyable et sa détermination à toute épreuve. Un "non" ne l'a jamais arrêté et lui refuser quelque chose revient à peu de chose près à signer son arrêt de mort. Je connais Ora et quand j'ai appris qu'elle avait été vendue, j'ai été rassurée de la savoir vivante quelques part ; connaissant son caractère et sa force, je sais que où qu'elle soit, elle s'en serait sortie mais entre les sales pattes de Knight, je n'en suis plus si sûr. J'espère vraiment qu'elle s'est tenue à carreau parce que sinon il est très probable qu'il lui soit arrivé quelque chose. Je connais son caractère et sa manière d'être avec Knight, ça ne peut qu' être dangereux pour elle.

Après avoir repris un peu ses esprits, ma mère sort de la chambre où elle s'était enfermée pour pleurer un bon coup et extérioriser tout le stresse et l'angoisse qui la consumait depuis près d'une semaine maintenant.

— Pourquoi ? Nous demande-t-elle en nous fixant tour à tour Grant et moi.

Je pouvais clairement voir l'incompréhension dans ses yeux bruns. Je pivote vers Grant et nous échangeons lui et moi un regard entendu. Il est temps de lui dire, de toute façon elle l'aurait su un jour ou l'autre. La seule chose qui me rassure un tant soit peu dans tout ça, c'est le fait qu'il ait besoin d'elle donc il ne la tuera pas avant d'avoir obtenu ce qu'il veut.

— Ça fait un moment maintenant qu'il a annoncé qu'il allait se lancer dans l'organisation de parties clandestines réservées à l'élite.

— Je sais, je sais, . . . Mais en quoi cela a-t-il avoir avec ta sœur ?

Je ne trouve plus les mots, comment expliquer à sa mère que sa fille, qu'elle pense innocente et qu'elle voit encore comme une enfant, est en réalité une des personnes les plus influentes dans le monde du jeu illégal.

— Vous devriez vous asseoir madame Winters. Suggère Grant, ce qu'elle fait sans attendre.

— Vous commencez à me faire peur les garçons. Elle réfléchit quelques secondes. Ma fille est impliquée dans une mauvaise histoire c'est ça ?!!

Je rassemble tout mon sang froid pour faire face à son désespoir et pouvoir affronter toutes les questions à venir.

— Oui, oui maman.

— De quoi s'agit-il ? Tu dois me le dire Jake, je suis sa mère et si c'est en partie à cause de ses ennuis que Knight l'a voulu auprès de lui, vous devez me le dire !

— Tu te rappelles de la fois où tu as dit à Marie que tu trouvais étrange qu'Ora disparaisse à chaque fois durant les galas organisés à la maison. En réalité, elle était au sous-sol où elle avait l'habitude d'organiser des parties de poker.

— Il n'y a pas que ça Jake, ce n'est pas parce qu'une gamine de 19 ans organise quelques parties de jeux avec ses amis qu'un mafieux tel que Knight peut la convoiter.

— Au début, ce n'était que de simples parties avec d'autres jeunes qui devaient accompagner leurs parents mais ça à rapidement pris de l'ampleur et des gens ont commencé à venir d'un peu partout. Elle s'est vite fait une réputation, une très bonne réputation. Aujourd'hui, beaucoup la considèrent comme la meilleure du pays. Avant son accident, des personnes venus du monde entier essayaient d'obtenir des invitations pour ses soirées.

— Depuis combien de temps ça dure ? Une telle réputation ne se fait pas en un jour alors depuis quand, Jake ? Et comment ce fait-il que personne que nous connaissons n'ai entendu parler d'elle.

— Elle a commencé quand elle avait 14 ans mais tout s'est accéléré quand elle avait 16 ans : c'est à ce moment-là qu'elle s'est vraiment fait un nom dans ce milieu. Et si vous n'avez jamais pu découvrir que c'était elle qui dominait le marché c'est parce qu'elle faisait signer des contrats de confidentialité à tous les invités et aussi aux personnes qu'elle employait. Ils n'avaient pas le droit de donner le lieux des parties ni son véritable nom.

— Elle se faisait appeler Belle John pour que personne, de votre famille en tout cas, ne sache qui elle est réellement et ce qu'elle fait de son temps libre. Ajoute Grant voyant que mes nerfs commencent à lâcher au fil de la discussion.

Le visage de ma mère se mue en une expression quasi indéchiffrable qu'elle n'adopte que lorsque tout va vraiment mal. Elle prend son visage dans ses mains et se masse les tempes vigoureusement comme pour faire passer un mal de tête virulent ou chasser des pensées de son esprit.

— Il faut croire qu'on ne peut pas échapper à son destin.

Elle doit comprendre à mon regard interrogateur que j'attends plus qu'une simple histoire de destin comme réaction de sa part et elle développe. Quant à Grant, il tire l'une des chaises de la table et vient s'asseoir, lui aussi est exténué. Une semaine à remuer ciel et terre pour retrouver Ora tout en surveillant nos arrières, c'est évident qu'il doit être fatigué. Mais ce qui est certain c'est que je lui serais à jamais reconnaissant de m'aider à la chercher ; il risque sa vie pour elle alors qu'il ne lui doit rien et ça, c'est quelque chose que je n'oublierais jamais.

Nous écoutons alors attentivement ma mère, curieux de comprendre pourquoi elle n'est pas plus étonnée que ça d'apprendre la vérité.

— C'est vrai, les parents biologiques d'Ora étaient des trafiquants bien connus, elle a grandi, même si avec le temps ces souvenirs ont disparus, dans ce milieu dirigé par l'argent et où le crimes étaient roi. Ensuite, c'est nous qui sommes devenus sa famille et vous savez tous les deux très bien d'où vient vraiment la fortune de notre famille. Même si nous n'avons jamais impliqué Ora dans tout ça, elle y a tout de même baigné sans le savoir. Comme dit le dicton, la pomme ne tombe jamais bien loin de l'arbre. Nous aurions dû nous douter que ta sœur allait finir par être mêlée à tout ça. Avec le tempérament qu'elle a, je ne suis même pas étonnée que ce soit elle Belle John.

Un long silence suit la déclaration de ma mère. Un long silence durant lequel elle n'arrête pas une seule seconde d'occuper mes pensées : je vois ses yeux d'ambre dans lesquels mon visage se reflète quand je suis près d'elle. Je vois ses long cheveux brun et soyeux étalés sur les oreillers blanc, les courbes de son corps que je trace du bout des doigts quand elle dort près de moi. Et je ressens la douceur de sa peau contre la mienne.

Elle n'a pas quitté mes pensées depuis sa disparition mais dans ce silence, où seul le bruits de notre espoir s'éteignant résonne, je deviens fou. Je ne rêve que d'une seule chose, c'est de la serrer contre moi et de ne plus jamais la quitter. Ma vie sans elle n'est qu'une longue et douloureuse marche vers la folie.