Forever my lifeline

Chapitre 17

Ora

Jake revient enfin parmi nous. Mais je remarque immédiatement à son regard détaché et la douleur qui marque son visage que quelque chose ne va pas. On dirait qu'il marche tout droit vers le peloton d'exécution.

Une boule se forme au creux de mes entrailles quand je le vois comme ça. Je n'ai qu'une envie, c'est de me lever et de venir le prendre dans mes bras et faire disparaître la douleur de ses traits.

Alors, une fois qu'il s'est rassis à mes côtés, je lui demande si tout va bien et ce qu'il s'est passé. Mais, il ne m'adresse pas un seul regard.

Une lutte intérieure semble faire rage en lui. Instinctivement, je glisse alors ma main dans la sienne pour lui montrer que je suis là, que je ne le laisse pas. Mais à peine ma main eut-elle frôler la sienne qu'il l'écarte d'un mouvement discret mais brusque. Je ne remarque qu'à cet instant le regard sévère que pose mon grand-père sur nous.

Jake prend ensuite une grande inspiration puis se tourne en direction d'Agnès et entame avec elle une discussion des plus légères sur les travaux en cours dans leur chalet à la montagne. Je ne comprends plus rien à ce qui se passe. Tout le monde reprend comme si de rien était. Pour ma part, j'en suis incapable, mon cerveau reste bloqué sur les dix dernières minutes, essayant de trouver une explication logique à tout ceci.

Je passe alors le reste du repas à les observer, les détailler un par un pour déceler d'éventuels indices dans leur comportement.

Ce dîner me fait penser à une danse chorégraphiée où tous les danseurs connaissent leur mouvement à la perfection. Ils agissent en parallèle sans la moindre confrontation. Tout est réglé comme une boîte à musique, évitant ainsi tout autre débordement.

Une fois le dessert avalé, je file en catimini dans ma chambre. L'ambiance à table est tellement pesante et étrange que je préfère monter.

Ce qui me perturbe le plus dans tout ça c'est le comportement de Jake : j'ai bien remarqué qu'il a passé tout le début de soirée à m'épier sans jamais oser venir me parler. Mais, il a suffit d'une seule petite seconde pour que grand-père pète les plombs. Et depuis, il est distant et froid. Moi qui voulait avoir une discussion avec lui, je ne suis plus certaine qu'il viendra me parler ce soir comme il l'a dit à Marie plus tôt dans la soirée.

Je fini par me préparer pour aller au lit quand soudainement, quelqu'un toque à ma porte. Mais, la seule chose que je vois en ouvrant c'est un couloir vide. Au moment où j'allais refermer la porte, je vois un petit morceau de papier dissimulé derrière le miroir situé en face dans le couloir. Cela ne peut pas être une coïncidence. Je me saisis donc de ce petit bout de papier et le deplis. Il n'y a qu'une seule inscription :

2h00 dans la forêt, comme la dernière fois

Jake

Je n'ai pas besoin de réfléchir longtemps pour savoir que je vais y aller. Je dois m'excuser auprès de lui mais je veux aussi des réponses ; et je sais que lui seul sera en mesure de me les apporter.

Arrivé 1h50, je décide de quitter ma chambre pour me rendre à mon rendez-vous nocturne. Heureusement, la maison est dans un calme olympien ce qui signifie donc que tout le monde dort et que je serais tranquille. Au moins je n'aurais pas à expliquer pourquoi je me rends dans la forêt en plein milieu de la nuit.

Une fois dans la forêt, je me retrouve seule alors je décide de m'asseoir sur le même tronc que la dernière fois et d'attendre. Au bout de quelques minutes, j'entends des bruits de pas qui se rapprochent. Je distingue, dans l'obscurité de la nuit, une ombre se dessiner entre les sapins. Plus elle s'approche, plus les traits de son visage se précise. Il s'agit bel et bien de Jake. Il est vêtu d'un jogging et d'une veste noir.