Chapitre 35

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Ora


Il est minuit lorsque je me réveille en sursaut à cause des bruits provenant de ma porte. Je peine à ouvrir les yeux. Une fois ma vision rétablie et mon esprit plus ou moins éveillé, je me rends compte que ce bruit vient de ma porte. En ouvrant ma porte, je découvre une Amalia en pyjama en train de marteler ma porte de son poing. Son air fatigué combiné à son pyjama à rayures et à ses lunettes me donne envie de rire. Je sais que ce n'est pas bien, c'est pourquoi je me contiens mais pour quelqu'un qui est toujours parfaitement impeccable et qui passe son temps à crier après le personnel lorsque les uniformes sont mal mis, je trouve son accoutrement plus qu'ironique.

Je n'ai même pas le temps d'ouvrir la bouche qu'elle me tire par le bras à travers le couloir puis jusqu'à l'aile est où je ne suis jamais allé. Personne n'a le droit d'y mettre les pieds, il s'agit de l'aile avec la chambre et la salle de bain de Knight. Seulement Amalia, le chef de la sécurité et deux femmes de ménages dont j'ignore le nom sont autorisés à entrer dans cette partie de la maison.

— Il t'attend. Lâche-t-elle tout simplement et desserrant sa prise de mon bras et en m'indiquant le long et obscur couloir qui marque l'entrée de cette aile. C'est la troisième porte à droite au fond du couloir.

Sans plus attendre, elle me tourne le dos et regagne l'étage des chambres.

Super, je me retrouve seule en pleine nuit avec un type dangereux qui doit probablement vouloir me tuer. Je suis même prête à parier que son absence durant le reste de la journée est dû au fait qu'il ait passé tout ce temps à prévoir mon meurtre et à trouver quelqu'un pour me remplacer. Si seulement j'avais ne serait-ce qu'un petit couteau, au cas où.

J'avance tel un prisonnier se dirigeant vers l'échafaud. Mes pas sont lents et laissent dans leurs sillages toute la peur qui s'échappe de mon être.

En regardant un peu partout dans l'espoir de voir une fenêtre ou un tout autre point de sortie potentielle, j'aperçois les tableaux qui se succèdent tout le long de cet interminable couloir. Chaque tableau représente des hommes et des femmes à travers l'histoire. Sur un, je reconnais le roi Louis XIV sur son cheval blanc recouvert de sang. Il surplombe une vallée jonchée de cadavres. Sur un autre, je vois un homme en costume noir au sourire terrifiant accompagné d'une sublime femme tenant un couteau ensanglanté. L'obscurité fait ressortir leurs expressions ; tantôt de la douleur et du désespoir, tantôt du plaisir sadique et une soif de sang incommensurable.

Personne ne vient ici alors je peux en déduire que ces œuvres, aussi morbides soient-elles, sont là uniquement pour décorer. Mais quel genre de malade pourrait trouver ça beau. En tout cas, une chose est sûre, la personne qui a choisi ces tableaux pour décorer un couloir doit être sacrément dérangée avec de fortes tendances meurtrières.

Une fois devant la porte indiquée par Amalia, je me retrouve tétanisée, paralysée de la tête au pied avec la voix dans ma tête qui me hurle de prendre mes jambes à mon cou. Mais pour aller où ? Je n'ai nulle part où aller, je suis bloquée ici et attendre comme un piquet devant sa porte ne réglera pas le problème. Ça pourrait même l'empirer car Knight est un homme avec une minuscule patience et le faire attendre ne fera qu'aggraver mon cas.

Je dois en finir une bonne fois pour toute. Je rassemble le peu de courage qu'il me reste, c'est-à-dire pas grand chose, et j'abats mon poing contre le bois dur de la porte. Mes coups sont lents, leurs bruits résonnent comme ceux du marteau d'un juge officialisant la sentence d'un détenu.

Le plancher de la pièce derrière la porte grincent de manière rythmé, m'indiquant que quelqu'un se rapproche de la porte. Je me mets à triturer mes doigts dans tous les sens. Lentement la poignée s'abaisse et la porte s'ouvre.

Forever my lifelineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant