Chapitre 45

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Jake

— On y va. Me prévient la vipère rousse.

Nous quittons le petit glacier et montons dans une limousine noir, direction le manoir. Quand mon ancien "chez moi" apparaît à la vitre de ma portière, je ne peux m'empêcher de trouver la propriété différentes. Ce n'est plus une résidence luxuriante et lumineuse. Tout est terne, comme sans vie. J'ai peine à croire que tout ce qui faisait de cet endroit un havre de calme et de sécurité s'est évaporé.

Je nous revois tous les quatre : Marie, Julia, Matt et moi enfants quand nous jouions à cache-cache dans le jardin. Puis, je me remémore notre adolescence, quand nous partions, tous les cinq nous cacher dans la cabane aux lucioles pour regarder des films, manger des sucreries et échapper aux mondanités où aux soirées mondaines qui servaient de couverture pour les réunions du trafic. Même si je savais que des choses pas très nettes se passaient ici, je me sentais toujours protégé et aimé ici. Mais aujourd'hui que je reviens ici, je vois que tout à disparu, il ne reste plus que ce sentiment oppressant de danger et cette impression morbide que tout est mort ici.

Une fois arrivé, nous nous dirigeons directement vers le bureau de mon père. La marche au travers du couloir est semblable à celle d'un condamné à mort qui se rend à la potence. Mais la véritable question est : qui est-ce que la mort attrapera ce soir ?

J'entre à la suite de Julia dans le bureau. J'y retrouve les deux hommes qui ont dicté ma vie depuis tant d'années et dont je vais devoir me débarrasser. Je dois avouer que pour mon père, ça risque d'être plus compliqué mais en ce qui le concerne lui, George, je n'hésiterais pas. Cet homme m'a tellement pris que sa mort me permettra d'enfin me délivrer de tout ce malheur accumulé depuis plus de 20 ans.

— Jake ! Comment oses-tu te pointer ici après tout ce que tu as fait ?!! Dit George d'un ton agressif, un regard haineux posé sur moi.

Il se tourne ensuite vers ma sœur et l'interroge du regard. Et j vois pour la première fois cette femme au caractère dur est impitoyable qui ne recule devant personne avoir peur. Cette expression de terreur sur son visage ne dure qu'un court instant. Elle retrouve bien vite son masque impassible, qui la fait paraître forte et inébranlable même devant le pire des monstres. Le plus ironique dans cette histoire c'est que je me rend compte que Julia, celle qui les as toujours soutenu et qui continu d'être à leurs côtés même quand tout le reste de la famille se soulève, se révèle être en réalité terrifié par ces bourreaux qui se cachent sous les noms de George et Ted Winters.

— Il a compris qu'il a fait une erreur et il est même prêt à nous aider maintenant. Affirme la rousse avec un calme olympien face au monstre âgé qui s'approche lentement de nous.

Il la contourne et vient se placer à seulement quelques centimètres de mon visage. Je peux sentir son haleine envahir mes narines. L'odeur de whisky et de tabac mélangée à son eau de cologne me donne envie de vomir.

— À nous aider, tu dis ? Répète-t-il calmement sans détourner son regard du mien une seule seconde. Comme s'il scrutait mon âme à cet instant.

— Oui, dis-je avec le plus d'aplomb possible. Je veux réparer mes erreurs et faire payer à cette salope tout ce qu'elle m'a fait faire.

Un sourire sadique se dessine sur ses lèvres. J'entends également le rire glacial de mon père résonner dans la pièce.

— Ce n'est pas trop tôt ! S'exclame mon père. Mais comme on dit, mieux vaut tard que jamais. Cette gamine nous aura tous bien eu mais ne t'inquiète pas. Tu es dans le bon camp à présent et nous allons régler ce problème.

— Tu n'aurais jamais dû la ramener chez toi.

— Je sais papa mais on ne savait pas à cette époque qu'elle nous causerait autant de problème.

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