Chapitre 8-|Jake|

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Les rayons ocres du soleil entrent par la fenêtre. Il est encore tôt mais mon esprit s'active déjà, m'empêchant de me rendormir. J'enfile alors mon jogging et un vieux tee-shirt avant de sortir faire un petit footing sur la propriété. Ça fait tellement longtemps que je ne suis pas sorti courir sur le sentier qui coupe à travers les bois.

Sentir la fraîcheur du matin sur ma peau et l'air frais s'infiltrer dans mes poumons, il n'y a rien de mieux. L'espace d'un instant, je me revois deux ans en arrière avant que ma vie ne m'échappe. Et je laisse mes pas être rythmés par l'enchaînement des souvenirs.

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Je remonte le couloir et passe devant la porte de l'ancienne chambre d'Ora. Je m'y arrête, pris par un violent sentiment de nostalgie.

La porte est ouverte, pourtant hier ma mère l'avait fermée sous mes yeux. Elle pense qu'Ora n'est pas prête à faire face à tout ça mais la vérité c'est que c'est elle qui n'y est pas préparée. Et mon père ne doit certainement pas aider dans tout ça.

Intrigué, je m'approche doucement vers l'embrasure de la porte. Des petits bruits de pleures se font entendre depuis l'intérieur de la chambre.

J'essaye de faire le moins de bruit possible, ne voulant pas effrayer l'inconnue. Quand je passe la tête par l'entrebâillement de la porte je reste figé, paralysé par un tourbillon d'émotions qui ébranle mon esprit.

C'est elle.

Elle est recroquevillée au pied du lit, les joues inondées de larmes. Je sens mon âme se fissurer face au désespoir imprimé sur son visage. Je sais que je ne devrais pas, que j'aurais dû passer à autre chose et ne pas laisser cette vision m'atteindre à ce point mais je ne peux pas contrôler mon cœur.

Instinctivement, mon corps traverse la pièce pour la rejoindre. Je pose une main sur son épaule et le contacte de sa peau nue sous ma paume envoie une décharge électrique si puissante qu'elle fait repartir mon cœur.

Elle sursaute brusquement, se cognant la tête contre le cadre du lit. Son regard est différent de tous ceux que j'ai pu voir auparavant. Elle a peur mais pas seulement, elle est aussi perdue.

Je n'ai qu'une seule envie : la prendre dans mes bras et ne plus jamais la lâcher.

Elle pose alors sur moi un regard interrogateur pendant que ses larmes continuent de couler. Si seulement je pouvais les faire disparaître à tout jamais. Elle ne mérite pas tout ça.

Je lève la tête pour lui faire face et ancre mon regard dans le sien. Son visage à seulement quelques centimètres de ma poitrine, je sens ses bras s'enrouler autour de mon torse. Elle s'y blottit tandis que mes bras se referment sur son corps comme des barrières protectrices, la gardant hors de portée du danger extérieur. Malheureusement, je ne peux rien contre son chagrin ; je ne sais plus comment chasser ses démons.

Elle reste dans mes bras sans bouger, ni prononcer le moindre mot, essayant de calmer sa douleur. Ces pleurs ont fini par cesser ou sont devenus silencieux car le calme règne de nouveau en maître dans la chambre.

Je ne veux pas qu'elle quitte mes bras. Le contact de sa peau contre la mienne, sa poitrine qui se soulève au rythme de ses respirations et ses longs cheveux caressant mes biceps me rendent plus vivant que je n'ai pu l'être ces 12 derniers mois.

Elle finit par bouger la tête pour plonger son regard d'ambre dans le mien.

— Pourquoi ? demande-t-elle dans un soupir en essayant d'étouffer un ultime sanglot.

— De quoi est-ce que tu parles ?

— Cette chambre . . . dit-elle en parcourant la pièce du regard. Pourquoi tout le monde me ment ?

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