Chapitre 5

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Deux semaines se sont écoulées depuis cette rencontre du troisième type. Oui, c'en était une. Et pour le moment, ça se passait plutôt bien : je gardais mes distances, Benoît gardait les siennes, rien de plus qu'une relation prof-élève tout ce qu'il y a de basique. Mais bordel, qu'est-ce que j'en avais marre de ronger mon frein ! Ça en devenait presque insupportable. A ce moment là, je me suis même demandé si j'allais céder à la tentation de lui rouler une pelle au détour d'un couloir, simplement pour voir si ça allait être réciproque ou non. Non, ce n'était pas le coup de foudre, et je ne m'imaginais pas faire ma vie avec lui ; simplement une putain d'alchimie sexuelle comme j'en avais jamais ressenti jusque là. Et Dieu sait que je me suis tapé tout ce qui bouge, et que j'ai à peu près tout essayé.

Midi, heure de manger. Ça tombait bien, après m'être défoulé en sport, j'en avais besoin. A défaut de me vider les couilles, transpirer comme un bœuf m'a fait le plus grand bien, et j'allais maintenant bouffer comme un porc (désolé pour les comparaisons animales). Il faisait tellement chaud (en même temps, en plein mois de septembre, techniquement, on est encore en été) que plutôt d'opter pour mon côté classe habituel, le débardeur avec jeans et baskets avait fait l'affaire. Au menu : frites, steak, tout ce qu'il y a de plus gras pour compenser les kilos de sueur que j'ai perdu.

 - Je vois que tu te régales, me sort Alex en me regardant me goinfrer.

Ah oui, j'ai oublié de vous dire : il ne fait plus la gueule. En général, ça ne dure pas longtemps avec lui. Deux-trois jours, et c'est reparti comme avant.

 - Vu comment j'étais énergique en sport, j'ai bien le droit, lui répondis-je, avant d'avaler une gorgée de soda (normalement, on n'y a pas droit, mais comme j'avais besoin de ma dose de sucre tous les jours... C'est encore le cas d'ailleurs)

 - Tu as pris quoi d'ailleurs pour être en forme ? C'est la première fois que je te vois comme ça.

 - Aucune activité sexuelle depuis un moment.

 - Ah oui, je comprends mieux, maintenant, me sort-il.

Vous voulez savoir à quoi je ressemble quand je mange comme ça ?.. Vous voyez les concours de bouffe organisées aux États-Unis, où des participants ingurgitent tout et n'importe quoi en un minimum de temps ? Voilà. A ceci près que je prends pas un gramme. Vous êtes jaloux, hein ? C'est pas ma faute si j'ai un bon métabolisme.

 - Au fait... Tu en es où avec ton cher prof ? me demanda-t-il en s'approchant de moi pour que personne ne l'entende.

 - Nulle part.

 - Sérieux ?

 - Ouais. Lui comme moi, on s'est mis d'accord : il ne se passera rien du tout. Du moins, pas jusqu'au bac, j'espère.

 - C'est sa pensée ou la tienne, ça ?

Bien sûr que c'était la mienne. Oui, j'avais envie de le rebaiser, qu'il me pompe à mort, qu'on se branle l'un l'autre... Mais pas tant que c'était mon prof. Ça me démangeait l'entrejambe, mais on se l'était promis, il se passerait rien. Et je m'y tenais.

J'ai à peine eu le temps de répondre à Alex qu'une groupe de filles passa à côté de nous. Devinez le sujet de discussion : fringues ? Maquillage ? Non, mecs. Et un mec en particulier : Benoît. Parce qu'il avait la côte depuis la rentrée : pas une seconde se passait sans que j'entende parler de lui, de comment il doit être torse nu, qu'il est mignon à croquer... Je les écoutais d'une oreille discrète, tandis qu'Alex les regardait s'éloigner.

 - Si elles savaient, me sort-il avec un sourire jusqu'aux oreilles.

 - Ta gueule.

Oui, si elles savaient... S'ils savaient tout court, oui. Un prof qui fait craquer tout le monde, sur qui tout le monde fantasme... Et je me le suis tapé. Vantard comme j'étais, ça ne m'aurait pas gêné de raconter ça, mais si je le faisais, c'est lui qui risquait sa place, quelle que soit les circonstances.

 - Salut, je peux m'asseoir ? Il n'y a plus de place de libre.

Une charmante blonde se tenait à côté de nous, son plateau à la main.

 - Je t'en prie, lui dis-je en poussant mon sac.

 - Merci, répondit-elle en s'asseyant. Je m'appelle Sarah.

 - Moi, c'est Austin, lui, c'est Alex, mon faire-valoir.

 - Eh !

 - Je rigole.

Elle s'est mis à rire, et ça a permis de détendre un peu l'atmosphère. On a donc appris que comme nous, elle est en terminale littéraire, mais dans une classe différente, et qu'elle avait changé de lycée il y a peu. Elle a de magnifiques yeux bleu azur, et je mentirais si je disais que je la trouvais pas bandante à ce moment-là.

Sarah, ça a été ma deuxième erreur après Benoît. Et celle dont je souffre encore le plus actuellement. Non pas que je regrette de l'avoir connu, mais parce que les conséquences de ce petit 5 à 7 à eu des répercussions avec elle. Mais pas celles que j'aurais espéré.

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