Chapitre 8

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J'ai du traîner une bonne heure en ville avant de rentrer à la maison. J'avais même coupé mon portable pour être tranquille. Je voulais décompresser, et ce n'était pas avec le téléphone qui sonnait sans arrêt que j'allais y arriver. J'ai traîné sur les quais, joué au ballon au parc avec un petit garçon sous les yeux de sa mère, observé l'eau qui coulait sous un pont, écouté les oiseaux qui chantaient... Oui, je sais, on se croirait dans un film pour gonzesses, mais ça m'aidait. J'ai toujours été comme ça : je perds rarement le contrôle, mais quand ça arrive, je mets une plombe à me calmer. Tout ce qui réussit à m'apaiser, c'est d'être seul. Alex le sait, c'est d'ailleurs pour ça que je ne l'ai pas vu quand j'ai quitté le lycée. D'habitude, on fait un bout de chemin ensemble, et l'un attend l'autre à la sortie si un de nous deux a du retard. Là, personne.

Arrivé devant la maison, j'ai pris une grande respiration avant de rentrer. J'appréhendais déjà la réaction de mes parents.

 - Tu en as mis du temps.

J'ai reconnu cette voix entre mille : Alex. Il était accoudé au comptoir de la cuisine, discutant avec ma mère.

 - Euh... Désolé, je n'avais plus de batterie (oui, c'est vieux comme le monde cette excuse, mais ça marche à chaque fois... Surtout pour un jeune connecté en permanence sur son smartphone). Maman, il faut que je te parle. A toi et papa.

 - Alex m'a déjà tout raconté mon grand, me répondit-elle.

 - Merci, articulai-je silencieusement.

 - Et le proviseur a appelé aussi, ajouta-t-elle. (Ça, c'était moins cool)

 - Papa n'est pas là ?

 - On a un dîner en ville ce soir, me répondit-elle en passant devant moi pour prendre son manteau. J'en profiterai pour lui parler de tout ça. Ça ne va pas lui faire plaisir, mais, tu as des circonstances atténuantes, d'après ce que j'ai compris. Tu as à manger dans le frigo, si tu veux. Passe une bonne soirée, mon chéri.

Elle referma la porte derrière elle. Je me suis écroulé sur le comptoir, la tête dans les bras. Putain de journée de merde...

 - Ça va ? me demanda Alex.

 - Pas autant que je voudrais, lui répondit-je en relevant la tête.

Mes mains ne tremblaient plus, mais j'avais encore une boule à l'estomac. Je me servis un grande verre d'eau et l'avala d'une traite.

 - Tu veux rester manger ? demandai-je. Je suis sûr qu'il y en a assez pour nous deux.

 - Oui, si tu veux. Je vais appeler mes parents.

 - Je vais prendre une douche et je te rejoins, lui dis-je en montant l'escalier.

 - Ok, pas de problème.

Je t'aime, Alex, tu le sais, j'espère ? Malgré mes conneries, tu as toujours été là pour moi, sans me juger, à me soutenir, à ne pas me harceler de questions quand ça n'allait pas. Ça nous ai arrivé de nous faire la gueule, mais ça n'a jamais altéré notre amitié. Il était clair que je n'avais vraiment pas envie de parler de cette journée. Tout ce que je voulais, là, tout de suite, c'était passer à autre chose. Et un bon repas entre potes devant la télé, c'était l'idéal. Et ça, tu l'avais très bien compris.

Après qu'Alex soit parti, je suis allé me coucher. J'étais épuisé nerveusement. J'avais besoin de repos. J'ai jeté un rapide coup d'œil à mon portable, que je n'avais toujours pas rallumé : une dizaine de messages, et autant d'appels en absence, la plupart d'Alex et de ma mère. C'est à ce moment là que je me suis souvenu que j'avais le numéro de Benoît.

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