Personne ne dit rien pendant quelques instants, puis Cordélia se dégagea doucement de l'étreinte du prince. Elle affichait maintenant un doux sourire, mais je sentais qu'il était factice, trop crispé. Elle effectua une rapide révérence puis dit.
- Votre Altesse, je ne vous avais pas vu. Que faites-vous dans les cuisines ?
Théo ne répondit pas tout de suite. Il continua à me fixer quand soudain il détourna le regard.
- Je pourrais vous poser la même question mademoiselle Duvent. Que faisiez-vous ici à déranger les cuisiniers durant leurs heures de travail ?, demanda-t-il à la noble.
- Je venais commander un pique-nique pour vus et moi votre Altesse. Je pensais que vous accepteriez de déjeuner avec moi dans le jardin.
J'eus soudain envie de vomir. Son ton mielleux me donnait la nausée. Comment une personne pouvait-elle être aussi différente selon ses humeurs ? Derrière Cordélia, Aurore tentait de dissuader son frère d'accepter. Elle se tenait toujours le bras et suppliait littéralement Théo d'envoyer bouler la jeune noble. Après un regard dans ma direction, il finit par regarder sa sœur et sembla comprendre ce qu'elle lui demandait. Cependant, à notre plus grande surprise, il répondit.
- Avec plaisir.
Puis se tournant vers les cuisiniers, il ajouta.
- Pourriez-vous préparer le pique-nique que demandait Mademoiselle Duvent s'il vous plaît ?
Tous hochèrent aussitôt la tête de haut en bas. Théo tendit ensuite son bras à Cordélia pour qu'ils s'en aillent. À la porte, cette dernière se retourna et nous toisa Aurore et moi, d'un regard suffisant. Lorsqu'ils eurent passer la porte, tout le monde se remit à respirer normalement de nouveau. Enfin, jusqu'à ce que je me précipites vers Aurore en demandant un médecin. Les personnes présentes commencèrent à s'affoler et Hélène eut la présence d'esprit de sortir rapidement pour aller chercher un médecin. On installa Aurore sur une chaise dans la pièce où j'avais commencé à manger. Quelques minutes plus tard, Hélène revint avec une femme à lunettes. Elle entreprit d'examiner mon amie, avant de conclure qu'elle s'était juste déboîtée l'épaule et que c'était moins grave que cela en avait l'air. Après quoi, nous dûmes remette l'épaule d'Aurore dans son axe, ce qui la fit pousser de terribles cris, créant de la culpabilité chez toutes les personnes forcées de lui infliger ça. Heureusement, une fois son épaule remise correctement, mon amie allait mieux. La médecin la raccompagna pour vérifier qu'elle allait bien se reposer. Je me retrouvais bien vite uniquement en compagnie d'Hélène. Elle avait pensé à prendre de la glace qu'elle appliqua sur mes joues afin d'empêcher un trop gros enflement de ces dernières. Durant tout ce temps, je ne fis que ruminer. Pourquoi, pourquoi Théo avait-il accepter ce repas alors qu'il avait remarquer nos blessures ? Plus que perplexe, j'étais aussi folle de rage. Finalement, Hélène prit la parole rompant le silence.
- N'en veuillez pas trop au prince Iris.
- Quoi ? Pourquoi pas ?
- Il n'a agi que par jalousie.
- Par jalousie ?
- Oui...vous n'avez pas vu sa réaction lorsqu'il est entré dans la cuisine ? Il ne regardait que vous. Vous sa meilleure amie ou plus, qui étiez affalée contre un autre homme que lui. Vous pouvez comprendre que ce ne dut guère l'enchanter.
La moutarde me monta au nez. Elle ne veut tout de même pas dire que c'est de ma faute ?
- Je peux comprendre mais ce n'est en rien ma faute. Je venais de prendre plusieurs baffes et seul Quentin à penser à me rattraper. Si il était là depuis un moment, il aurait dû intervenir au lieu de piquer sa petite crise !, m'énervais-je.
- Il ne voit pas les choses ainsi même si je reconnais que c'est plus sensé.
Je croisais les bras et sans le vouloir, je fis une moue boudeuse, comme une enfant si j'interprétais le rire d'Hélène.
- Vous devriez sortir visiter le jardin. Il est magnifique et vous pourriez visiter l'écurie, le lac , ...
- Bonne idée ! Mais tu ne veux pas que je restes pour vous aider ?
- Ne vous inquiétez pas. Nous allons nous en sortir. Maintenant ouste !, me chassa-t-elle de la main.
Je partis en riant et regagnait le couloir. C'est à cet instant que je me rendis compte que j'en étais au même point qu'avant. Je ne savais pas par où aller. Poussant un soupir, je pris un chemin au hasard et, pour mon plus grand bonheur, il m'amena devant la baie vitrée menant à la terrasse. L'air me jaillit au visage et j'inspirais une grande bouffée d'air frais. Enfin, je peux respirer librement, loin de quelqu'un devant lequel je dois paraître agréable.
Durant le reste de la journée, je fis le tour du jardin. Je visitais d'abord les abords du château puis m'aventurais plus loin. Et aux alentours du déjeuner, j'eus la chance de tomber sur le bâtiment dédié à l'accueil de réfugiés, qui aujourd'hui abritait mes compagnons de cellule. Maya était revenue avec sa magnifique petite fille dans les bras et toutes deux rayonnaient. Je mangeais avec eux, puis repartit continuer mon exploration. En quittant le bâtiment, j'avais entendu un hennissement et en me rendant sur les lieux, je découvris de vastes écuries. Pendant une heure, je me promenais parmi toutes les bêtes, donnant un sucre quand un palefrenier ne regardait pas, prodiguant des caresses...Puis, peu avant le crépuscule, j'eus enfin un aperçu du fameux lac. Il était immense mais l'eau était clair. Soudain, une idée folle me vint. Après avoir jeté un coup d'œil autour de moi, je m'approchais du bord. Et je me déshabillais entièrement avant de me jeter d'un coup de le lac. L'entrée dans l'eau fut quelque peu brutale mais je fus vite habituée. Je commençais à barboter tranquillement, immergeant de temps à autre ma tête. Autour de moi, aucun bruit non naturel. Juste le bruit de l'eau sur le ressac, le vent dans les feuilles, les quelques animaux parcourant les bois, la personne qui se cachait derrière un arbre,.... Je m'immergeais soudain complètement, excepté la tête quand mon cerveau enregistra la dernière information. Il y avait quelqu'un. Une personne. Un humain. Potentiellement un homme qui avait dû se rincer l'œil pendant ma baignade.
- Qui êtes-vous et que faites-vous ici ?
Je n'obtins aucune réponse sinon un léger bruit qui ressemblait étrangement à un vêtement que l'on retire. Ne me dites pas...que la personne...comptait me rejoindre ? Le bruit se poursuivit un moment, puis s'arrêta. J'en profitais pour reposer ma question.
- Qui êtes-vous ?
Une silhouette se détacha tout à coup de l'arbre. Malheureusement pour moi, le soleil était derrière elle et je ne pus donc que remarquer qu'il s'agissait d'un homme. Homme qui avait l'air d'être torse nu, mais je n'étais pas totalement sûre. L'homme commença à retirer son pantalon et son caleçon. Je n'arrivais toujours à distinguer son visage quand il rentra dans l'eau à son tour. Il s'immergea quelques minutes et par instinct, je plaçais mes mains mes seins et mon sexe. Tout à coup, deux mains attrapèrent ma taille et m'entraînèrent sous la surface. Je me débattis et remontait à l'air libre. Après avoir inspiré une grande goulée d'air frais, je décidais de revenir sur la terre ferme, mais les mains me retinrent une nouvelle fois. Mais à la différence de tout à l'heure, elles m'attirèrent contre un torse nu. À son contact, je frissonnais. Cette sensation m'est familière...ou je perds la boule ? L'une des mains remonta le long de mon bras et se posa sur la main qui essayait de cacher ma poitrine. Je tentais vainement de me débattre mais cela ne fit que me rapprocher davantage de l'homme. Je sentis soudain son souffle près de mon oreille avant qu'il parle.
- Que fais-tu ici Iris ?, me souffla Théo d'une voix rauque.
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Le Prince Sans Couronne
AdventureLa France est une monarchie. La Vème République n'a jamais vu le jour. Pourtant, personne n'a jamais vu les princes et princesses du royaume. Le roi et la reine sont visibles, mais aucune trace des enfants. Iris, la fille d'un cordonnier, vient de...