Toute la foule se rapprocha rapidement de nous. Je restais par terre, trop abasourdi par la réaction de Fleur. Je regardai Aurore et Théo. Elle semblait étonnée sinon furieuse et ses yeux lançaient des éclairs. Pas dans ma direction mais dans celle de Cordélia...qui avait le bras passé autour de celui de Théo. Je sentis alors le sang quitté mon visage. Il ne faisait pas mine de se dégager de l'emprise de la jeune femme. Hein ? J'ai manqué un truc là c'est pas possible. Il me roule la plus grosse pelle de ma vie et juste après il se pavane avec une pimbêche ? Je m'imaginais soudain mon cerveau en train de dire à mon cœur qui se recroquevillait sur lui-même : « je te l'avais bien dit ». Un ordre se répercuta tout à coup dans la serre, mettant fin aux chuchotements.
- Gardes ! Emmenez cette jeune femme dans les cachots !
Je regardai qui venait de donner cet ordre. Il s'agissait de la reine Ivana. Décidément, celle-là, je l'aimais bien au début, mais plus ça va, plus le roi m'est sympathique à côté. Je n'eus pas le temps d'épiloguer dans ma tête que deux hommes m'empoignèrent par les aisselles et me soulevèrent. Je ne me débattis même pas car je savais que je n'aurais l'air que plus ridicule. Ils m'amenèrent devant les monarques. Je vis alors que Théo essayait de me rejoindre mais qu'il était retenu par son père. Aurore semblait aussi furieuse que son frère et lançait des regards noirs à sa mère, qui l'ignorait. La reine Ivana me regardait avec dédain, comme Fleur et Cordélia, mais il y avait quelque chose de plus, comme de la fierté malsaine. Elle semblait contente d'avoir un prétexte pour me nuire. Mais pire encore, j'aperçus un désir d'humiliation à mon égard. Non contente de me punir, elle semblait vouloir me ridiculiser à un haut niveau. Les gardes me posèrent devant la reine et j'attendis. Les remarques froides, déplacées et méchantes.
- Et bien, et bien.....On ne vous a jamais appris à ne pas toucher ce qui n'est pas à vous ?
Je restais de marbre et ne réagit pas. Elle ne cherchait que ça. J'ignorais les petits rires qui venaient de retentir. Ignorer les regards, le dédain, le visage victorieux de Fleur.
- Savez-vous ce que vous venez de détruire ?, continua Ivana. Il s'agit de fleurs sacrés, des roses noires. Des roses qui apparaissent sur notre drapeau national. Elles sont extrêmement difficiles à faire pousser et leurs graines sont rares.
Mon sang se glaça. Je n'avais rien fait mais elle était en train de m'accuser d'avoir détruit un trésor national. Et Fleur qui me regardait avec fierté....J'avais envie de vomir. Elle n'a hésité à ruiner une richesse culturelle pour assouvir sa petite vengeance. Mais quelle saleté !
- À cause de vous, la France vient de perdre la majorité de sa fierté nationale ! J'espère que vous êtes fière !, reprit la reine en me toisant.
Je ne répondis rien et me contentais d'encaisser les coups. La seule chose qui me faisait tenir était Théo. Il continuait de se débattre dans les bras de son père, qui avait de plus en plus de mal à le maintenir.
- Vous allez donc passer la prochaine journée dans les cachots. Et nous allons détruire un de vos biens les plus précieux, en guise d'échange pour le trésor que nous avons perdu., asséna Ivana avant de se tourner vers Fleur. Avez-vous vu quelque chose qui lui appartient ?
Mon corps se figea. Je n'avais rien dit car je savais que l'on ne me croirait pas. Une fille de baron ou comte je ne sais quoi contre moi, une petite fille de campagne. Qui allaient-ils croire ? Pas moi. Mais il ne fallait pas toucher à mes pinceaux. Ce sont les derniers souvenirs de ma mère. Les seuls choses qui me permettent de me rappeler sa présence et de la sentir avec moi. C'est pour ça que je peins. Non pas parce que c'est extraordinaire, juste parce que ça me rapproche de ma mère. Comme Théo était déjà occupé, je fixais Aurore, d'un regard suppliant. Elle comprit immédiatement pourquoi je la regardais et s'avança près du chevalet tombé, des tubes et de mes précieux pinceaux. Elle les ramassa tous et revint près de nous. Je savais qu'elle ne les donnerai pas à sa mère, ni à Fleur alors je me détendis un brin. Devant moi, Ivana ne semblait pas penser la même chose, croyant que sa fille trahirait l'une de ses plus vielles amies pour elle. Fleur, quant à elle, s'était fermée. Elle avait dû comprendre que mes pinceaux étaient importants et espérait pouvoir les apporter à la reine, pour de la reconnaissance. La femme tendit le bras, dans un geste universel pour qu'Aurore lui remettes les pinceaux. Mais elle ne fit rien et se contenta de les rapprocher de sa poitrine.
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Le Prince Sans Couronne
PertualanganLa France est une monarchie. La Vème République n'a jamais vu le jour. Pourtant, personne n'a jamais vu les princes et princesses du royaume. Le roi et la reine sont visibles, mais aucune trace des enfants. Iris, la fille d'un cordonnier, vient de...