Je reste figée après avoir lu la lettre. Comment ça un bal matrimonial ? Qui est ce prince héritier ? Comment me connaît-il et depuis quand la France a un prince ?! Mon père est tout aussi stupéfait que moi. Sa bouche s'est ouverte sous le coup de la surprise et il ne l'a pas refermée.
- Mais..pourquoi ...comment....je ne comprends pas., finis-je par avouer.
C'est irréel. Je ne peux pas être inviter à la cour. Je ne fais même pas partie de l'aristocratie ! Mon père secoua la tête.
- Je ne comprends pas plus que toi, ma chérie.
Il baissa les yeux vers la lettre et l'enveloppe et s'écria soudain.
- Regarde ! Il y a un autre morceau de papier.
Je descendis les yeux vers l'invitation et vit qu'il avait raison. Derrière la belle carte, se trouvait un petit morceau de papier. Il était froissé, comme si on l'avait rajouté à la dernière minute. Je posai l'enveloppe, le pris dans ma main et le défroissai. Je reconnus l'écriture au premier coup d'œil.
- Papa...
- Oui ?
- Ça vient de Théo.
- Quoi ?! Comment ça ?, s'exclama-t-il en s'approchant de moi.
Pour toute réponse je lui tendis le papier.
« Iris,
Désolé de ne pas être venu comme prévu. Fais ce que te dis le majordome et prépares toi. Tu comprendras une fois arrivée.
Théo »
Mon père releva la tête, surpris.
- Il est dans le coup ?
- Visiblement. Ça veut dire qu'il est proche de la famille royale ou qu'il en fait partie., dis-je.
- Tu ne penses pas....
- Je crois que Théo est de la famille royale. Comment et pourquoi je ne sais pas, mais j'ai l'impression que c'est lui.
Il n'en revenait pas. Moi non plus, à vrai dire. Comment avais-je pu côtoyer une personne pendant tant d'années et ne m'apercevoir de rien ? Mon meilleur ami...celui qui est toujours présent pour moi, même quand ce n'est pas joyeux.... Je croyais le connaître. Un détail me fit tiquer.
- Mais...si c'est un bal matrimonial...pourquoi je suis invitée ? Je ne suis quand même pas une candidate ?!, m'écriais-je.
Une moue inquiète s'étala sur le visage de mon père. Il y avait pensé. Je me détournais et soufflais. Je ne pouvais pas être une potentielle femme du prince ! Non. Je devais être invitée pour une bonne raison. Je l'apprendrais une fois sur place.
- Iris. Tu comptes vraiment y aller ?, me demanda mon père en me prenant par les épaules.
Je le regardais.
- Je pense....pour avoir une réponse, je dois aller voir ce qu'ils veulent.
- Tu feras attention à toi ? Je ne supportes pas de t'avoir loin de moi., s'enquit-il en pressant ses mains.
Je souris. Mon papa à moi. Tout le temps inquiet pour ma sécurité. Il faut dire qu'il avait perdu maman et qu'il ne voulait pas connaître cette douleur de nouveau.
- Ça va aller papa. Tu me connais, je fais toujours attention.
- Justement. C'est parce que je te connais que je te dis ça.
Nous éclatâmes tous les deux de rire. Je jetai un coup d'œil à l'horloge. Quinze heures. Dans trois heures, je serai en route pour le palais royal. Mon père me relâcha.
- Va préparer ton sac et on se retrouve après pour le gâteau.
Je me précipitais dans le couloir. Nous n'avions pas d'étage, mais la maison était très bien comme ça. J'ouvris la porte de ma chambre et rentrai en coup de vent. C'est d'ailleurs la meilleure métaphore pour expliquer le bazar de la pièce. Une tornade ou un coup de vent avait frappé. Des vêtements traînaient sur le sol. Des livres s'empilaient sur la table de chevet. Mais la pièce maîtresse était le chevalet, tâché de peintures. On ne pouvait pas souvent s'en offrir. Mais dès qu'il pouvait, papa m'en offrait. J'adorais voir mes idées et mes histoires prendre vie sous mes doigts. D'après papa, maman peignait aussi. Surtout quand elle était enceinte de moi, apparemment. C'est sur son chevalet que je peins. Je pris un sac posé sur le sol et le posa sur le lit. Les couvertures étaient à moitié par terre, encore emmêlés de ma nuit. J'ouvris mon armoire et commença à prendre un jean, un sweat, un tee-shirt et des sous-vêtements, avant de m'arrêter. L'invitation disait de ne pas prendre de tenues de rechange. Et puis zut, me décidais-je. Mieux vaut en avoir une, au cas où. J'ajoutais mes affaires de toilette ainsi que mes pinceaux. C'est bête, mais j'ai l'impression d'emmener ma mère avec moi, quand je les prends. Et qui sait, je pourrais peut-être peindre là-bas. Je fermais mon sac, le posa sur mon épaule et sortit de la chambre. Je trouvais mon père devant la fenêtre, regardant dehors. Lorsque je posais mon sac, il se retourna. Une lumière sur sa joue attira mon regard. Je fronçais les sourcils.
- Papa..tu pleures ?
Il essuya rapidement ses larmes et dit.
- Ne t'inquiètes pas. C'est l'émotion.
- De me savoir partir ou de mes dix-huit ans ?, le taquinais-je en levant un sourcil.
Il me rendit mon sourire.
- Un peu des deux j'imagine. Allez c'est l'heure du gâteau.
Nous nous assîmes à tableau et prîmes chacun deux parts. Nous discutâmes et rigolâmes pendant un long moment. Ces moments étaient rares. Souvent, on se parlait au magasin, mais pour le travail. Lui s'occupait de faire les chaussures et moi je faisais les comptes et les commandes. Quand je regardais à l'horloge, il était six heures moins dix. Mon père jeta un coup d'œil aussi. Il se tendit. Soudain, un bruit de moteur résonna à l'extérieur. Nous nous ne levâmes que lorsque l'on sonna à la porte. Mon père partit ouvrir la porte tandis que je récupérais mon sac. Devant notre porte, le même homme qui était venu apporter la lettre. Il inclina la tête devant moi.
- Mlle Marchand. Veuillez me suivre.
Je hochai la tête. Mais avant de faire un pas de plus, je me jetais dans les bras de mon père. Pour le rassurer et me donner du courage. Il me serra fort contre lui, avant de me relâcher.
- Je t'aime. Fait attention et garde ton téléphone prêt de toi, m'ordonna-t-il.
- Je t'aime aussi papa. Je t'appelles quand je suis arrivée.
Je déposais un baiser sur sa joue et suivit l'homme. Je ne regardais pas en arrière. Ce serait encore plus dur d'avancer. Il m'ouvrit la portière et je montais dans la voiture. On referma la portière derrière moi. J'entendis un porte s'ouvrir et se refermer à l'avant, puis la voiture démarra. Je lançais un regard à mon père. Il était toujours sur le pas de la porte et me regardais. J'agitais la main, avec un sourire. Il me rendit mon geste et mon sourire. La voiture dépassa la haie et je le perdis de vue. La route fut longue. J'adorais découvrir les paysages qui nous traversions, mais je m'endormis vers le milieu du trajet. Je me réveillais au son d'un bip. À la place de la plaine que j'avais vu avant de m'endormir, un immense portail se dressait devant la voiture. Il s'ouvrit sous mes yeux et nous nous engageâmes dans l'allée. La pelouse était tondue à la perfection et les arbres coupés comme il fallait. Mais le plus impressionnant restait le palais qui s'étalait sous mes yeux. Aussi long que haut, il devait faire plus de deux mille mètres carré, au bas mot. Un petit auvent en pierre, couvrait l'entrée. La voiture s'arrêta sous lui. L'homme qui m'avait apporté la lettre, m'ouvrit de nouveau la porte. Prenant mon sac, je descendis du véhicule. Il me désigna les escaliers d'un geste discret de la tête. Bon. Je devais sans doute monter les marches. Mes mains tremblaient. Le remarquant, il dit.
- Tout va bien se passer. Ils ne mangent pas vous savez.
Pour toute réponse, je lui souris et commença à monter les marches. Les portes s'ouvrirent devant moi. Je pensais me retrouver face à une architecture incroyablement belle, mais je me retrouvais face à une paire d'yeux verts. En habits princiers, Théo m'attendait juste derrière la porte. Avec toute la famille royale. Et moi qui était en jean et sweat à capuche !
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Le Prince Sans Couronne
AventuraLa France est une monarchie. La Vème République n'a jamais vu le jour. Pourtant, personne n'a jamais vu les princes et princesses du royaume. Le roi et la reine sont visibles, mais aucune trace des enfants. Iris, la fille d'un cordonnier, vient de...