La Fille du train : je suis un de ses repères

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Note : ça y est, je l'ai mise en histoire individuelle comme ça vous pourrez lire tout à la suite 😊😊.
Je vous copie colle le dernier chapitre, et pour la suite, ce sera à vous de voir si ça vous intéresse de continuer à suivre mes deux protégés.


Sam

Je n'ai mis que quelques secondes pour rentrer après elle mais elle semble ne jamais avoir été là.

À la place de son foulard, une écharpe grise dont le parfum sucré qui s'en échappe encore, n'a pas changé.

_ Qu'est-ce qui se passe ? T'as vu un fantôme ou quoi ?
Je me force à sourire à Xavier affairé à préparer le petit déjeuner. Il ne croit pas si bien dire.
_ Désolé j'ai la tête ailleurs. Je... Je vais ressortir prendre un peu l'air.

J'ouvre la bouche pour lui poser cette question, qu'il me dise que je n'ai pas rêvé, que cette fille est bien rentrée mais au lieu de ça je fais demi-tour et ferme la porte sous son regard ahuri.

Mes mains dans mes poches, le vent a décidé de souffler bien plus fort encore.
Comme s'il était capable d'effacer ce à quoi je peux bien penser. Un ouragan pourrait éclater qu'il n'arriverait rien à balayer.
Je me dis juste qu'il va bien falloir à un moment la croiser et affronter la vérité. Celle que son monde comme le mien depuis la dernière fois s'est bel et bien transformé.

***

Elle n'est pas réapparue de la journée, et Xavier avait l'air contrarié. Je n'ai pas osé lui demander, ce sera à lui de venir m'en parler.
Je fixe la lune sans même la voir. Alors qu'elle éclaire la chambre, j'ai la sensation qu'il fait tout aussi noir que si elle n'était pas là ce soir.

Il faut que je me lève, que je fasse quelque chose, que j' occupe mon esprit pour qu'il arrête ce bruit.
Celui qui ne sait pas ce qu'est le silence, jusqu'à ce qu'en bas de l'escalier je distingue sa silhouette dans la pénombre.

Elle semble préparer un thé, sans même une seule lumière allumée.
Figée par le bruit du plancher que je viens de faire craquer, elle arrête l'eau qui remplit la théière.

_ Tu en veux un peut-être ?

Je met quelques secondes à lui répondre, comme si elle pouvait parler à quelqu'un d'autre que moi.

_ Euh.. Oui.. pourquoi pas.

À elle de sembler ne plus pouvoir bouger. Puis elle s'empresse de poser la théière, allumant le gaz et se retournant.
Son foulard toujours autour de son cou, elle se retourne comme pour fixer la lune alors que je me met à jurer. Encore cette chaise qui ne supporte manifestement pas que mon tibia se mette dans son passage.

_ Je... Je peux allumer une lumière ?

_ Oh... Oui, excuse-moi. Disons que je n'en ai pas vraiment besoin alors... Je n'ai pas pensé à..

Elle se dépêche de tirer sur ses manches et resserrer son foulard comme si je ne devais rien voir.

_ Pas de souci. C'est juste que cette chaise ne semble pas d'accord avec ma présence ici.

J'aimerai la faire sourire, mais c'est comme si tout s'était éteint. Comme si j'aurais beau allumer toutes les lumière, aucunes ne serai assez forte pour lui rappeler qu'il y a quelques mois, elle était celle qui illuminait mes journées quand je l'avais croisé.

En silence, elle verse l'eau doucement dans chacune des tasses et je me demande si ne vais pas remonter parce que j'ai l'air de l'embarasser.

_ Ta tasse est prête...

Sans réfléchir, j'éteins, comme si pour elle, ça pouvait changer quelque chose, comme si elle allait me parler et tout me raconter.

Quand je m'approche, elle se fige un peu plus et je décide qu'il est temps de m'en aller.

_ Attends... Tu peux rester, tu ne me dérange pas si c'est ce que tu crois.

_ Je ne veux pas m'imposer...je...

Sourcils froncés, elle me fait signe de m'installer sur le fauteuil et prend place sur le canapé.

_ J'aime la pleine lune. Elle rappelle que la lumière était là avant même qu'on puisse exister.

J'essaye de comprendre ses yeux parfois fermés et parfois semblant fixer un monde qui n'existe que dans ses pensées.

_ C'est vrai, moi je dors plutôt mal quand elle est là.
_ Peut-être justement parce qu'elle éclaire un peu trop ce qu'il y a au fond de toi.

Elle porte sa tasse à ses lèvres et j'espère simplement qu'elle va continuer à m'expliquer.
Qu'elle m'explique le monde où elle a basculé.
Au lieu de ça, elle murmure :
_ Je n'ai rien de vraiment intéressant tu sais.
_ Quoi ?
_ Ton regard sur moi.
_ Oh...
_ L'océan ne semble toujours pas s'être calmé. C'est ça qui fait ce matin que tu n'es pas allé te balader ?

Je comprends à ce moment là qu'elle savait. Elle savait que c'était moi.

_ Disons que j'y suis allé mais plus tard.

Encore une gorgée de son thé avalé et je redoute qu'elle finisse et se lève pour repartir se coucher. Je serre les dents, parce que je voudrais tant lui demandé ce qui s'est passé. Si elle se souvient de ce mot qu'elle m'a laissé ce jour là où je me suis caché pour ne pas lui parler.

_ J'aime bien ton parfum, il y a un soupçon d'odeur de café.

Je ne sais pas quoi répondre, j'ai juste cette sensation qu'elle lit dans mes pensées. Mais elle laisse de nouveau le silence s'installer te fini par s'allonger :
_ Le bruit des vagues, régulier, comme quelque chose qui ne peut pas être modifié. C'est rassurant de se dire que quelques repères n'ont pas changé.

Sur ces mots, elle fini par s'endormir. Une couverture que je pose sur elle, et j'essaye de réprimer cette envie de lui murmurer que je suis un de ses repères de sa vie passée. Mais qu'elle semble avoir oublié.






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