A ... ( partie 2)

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Dans ces moments là, je ferme juste les yeux , en me disant que j'ai le pouvoir de ralentir le temps.
Ralentir les coups et pouvoir les intercepter , ralentir les mots comme des lames de rasoir et les dévier.
Comme celui qui arrête du bout des doigts ce qui pourtant risque de le transpercer avec une déconcertante facilité.

Laisser résonner le bruit sourd dans ma tête , celui du monde où je bascule ,celui où j'ai le rôle du héros capable de faire la justice, de défendre les autres , mais avant tout simplement de me protéger.

Mon corps, n'est pas de cet avis , il se balance de droite à gauche , entre les mains de mes ennemis qui semblent connaître tous mes points de déséquilibre , laissant échapper leurs rires parce que j'essaye de lutter alors que la partie est déjà jouée.

Comme un plan cent fois répété , la douleur extérieure devient presque aussi forte que celle intérieure à supporter. Celle qui hurle que de toute façon , si ça se passe comme ça c'est que quelqu'un a décidé que je le méritais.

Ouvrir la bouche pour faire sortir un son ,mais renoncer, de toute façon mon corps s'est déplacé sans que je ne le demande dans ce recoin où personne ne semble jamais passer.

Réouvrir les yeux , les joues trempées , et observer , en quelques secondes les dégâts infligés. Bien moins nombreux que ceux qui ne se voient pas : un fil pend de ma veste comme pour me dire qu'il est désolé de ne pas avoir résisté.
Une main tremblante passée sur ma tête pour faire cesser ce qui s'est mis à cogner , avec la peur qu'elle ne se teinte de ce liquide rouge foncé bien trop voyant et difficile à oublier. Mais pour cette fois ça a l'air d'aller.

Mes épaules me murmurent que demain j'aurai de nouvelles courbatures, et mon coeur lui, martèle qu'il est fatigué. Fatigué de devoir sans cesse s'acharner à continuer de battre alors que je n'ai rien de ce que je voudrais dans ce monde de réalités imposées.

Un coup sur mes vêtements comme une gomme qu'il suffit de passer pour tout recommencer et je me retrouve dans le couloir au milieu de tous ceux qui ne verront pas. Ne pas voir ce que je suis ou pas.

Arriver à mon casier en me demandant comment mes muscles sont parvenus à me trainer et l'apercevoir.
Voir celle qui réussit à tout changer, comme une feuille blanche tendue pour remplacer celle qui dès le matin vient d'être froissée.

Celle d'un carnet où elle aime probablement dessiner. Imaginer son crayon courir sur ce papier , et se demander quelle forme elle pourrait esquisser. Imaginer ses cheveux longs calés derrière son oreille quand elle est concentrée , et qui l'agacent les jours où le vent a décidé qu'il en serait autrement. Alors sourire , un sourire léger , qui me fait serrer tout de même les dents pour me rappeler que ce début de journée est de ceux que je veux voir se terminer le plus rapidement possible.

Faire demi-tour , aller au stade à côté , là-bas je serais seul face à moi. Face à cette immensité où l'air pourra faire de moi ce qu'il veut , passer le long de mes bleus.

M'asseoir ,enfoncer mes écouteurs et me laisser enfin porter. M'autoriser à respirer , sans que mes côtes décident d'avoir du mal à se soulever , et sortir un autre carnet. Celui où moi j'écris tous ces mondes où chacun rêve d'aller sans qu'aucunes brutes ne puissent gagner mais surtout où chacun sera ce qu'il aura décidé.


À toi....❤️❤️... À celui qui m'a tant apporté, il semblerait bien que je continue à découvrir qui tu es...

Textes L, G, B, T ou toutes les lettres que vous voudrezWhere stories live. Discover now