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La Fille au café

La fille au café, (partie 1)

Comme un rituel pour commencer, je sais que j'arrive en avance pour la croiser.

Elle prend toujours son café à la même heure, sa tasse semblant se synchroniser avec cette vieille horloge qui se met à sonner.
Alors mon souffle s'arrête le temps d'ouvrir la porte, celle de cette salle où je n'ose pas entrer. De toute façon elle ne m'a probablement pas remarqué dans ce monde où personne ne semble avoir le temps de s'arrêter.
Mais ce matin, le temps justement en a décidé autrement, ce matin, la porte s'ouvre et elle semble s'être envolée. Pourtant l'horloge sonne comme si rien n'avait changé alors que ma belle ange s'est volatilisée.

Je me dis qu'elle ne sera pas là aujourd'hui, pourtant son parfum flotte dans le couloir, celui que je ne connais trop bien pour l'effet qu'il me fait.
Mais elle est dans son bureau, bien plus triste que les autres jours, comme si une journée sans café pour elle était signe d'un mauvais tour.

Je cherche à comprendre, et retourne dans cette salle où en effet, la machine refuse de s'allumer, comme décidée à ne plus rendre heureuse ma belle ange aux sourires d'habitude dessinés.

Je n'ose peut- être pas lui parler mais une idée bien plus folle me fait m'en aller.
Dehors, il ne doit pas faire plus de quelques degrés, mais je n'ai que quelques rues à traverser pour trouver l'endroit désiré.
Au retour, je souffle sur les emballages en cartons pour me réchauffer et espère ne pas m'être trompée.

Au chaud dans les bureaux, je grimpe sur une chaise pour terminer ce plan élaboré. Juste tourner les aiguilles d'un tic tac pour elle détraqué à reculer.
Personne ne semble avoir fait attention  à mon ange abîmé, mais quand l'horloge sonne elle entre dans la salle, l'air étonné.

Elle avance doucement et tend sa main sur ce globet pour se réchauffer avec dessus un petit mot collé : "Pour cette fille au café, comme ce crayon qui trace chaque jour son sourire qui ne cesse de résonner."

Le mien s'affiche sur mes lèvres, et je tourne le dos à cette porte entrouverte. Ma belle ange a sa boisson préférée, je peux m'en aller. Je me dis que finalement, pour moi c'est elle ma tasse de café quand tous les matins cette horloge se met à sonner.
Sauf que mon horloge à moi est cassée et que personne n'aura la folle idée de sortir pour aller m'en chercher une nouvelle à faire tourner.
De toute façon, cette horloge, c'est à moi seule de la réparer, et c'est bien pour ça, que je n'oserai jamais lui parler.

Parce que mes aiguilles ne sonnent pas aussi bien que celles sur le mur au dessus de la machine à café.

Un tour des bureaux, et puis la porte du mien, qui n'est pas refermée. Un post-it sur la table, posé, celui de la couleur de son poste attribué.

J'essaye de contrôler ma respiration, et attrape ce bout de papier, pour savoir ce que ma belle ange à la boisson sucrée a pu m'écrire. Et quand mes yeux parcourent ce simple mot, je me dis que cette journée risque d'être bien plus longue qu'à l'accoutumé.