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Une dernière fois, le laisser me réveiller alors que je n'ai pas envie d'y aller. L'éteindre et remplacer la sonnerie par mes écouteurs enfoncés dans mes oreilles, pour m'évader comme si je pouvais ne plus exister dans cette réalité.
Parce que c'est le seul moyen que j'ai trouvé, pour éviter de me regarder, éviter d'entendre ce nom que je n'ai pas choisi d'être tous les jours prononcé.

Retarder le moment où je vais devoir sortir et les affronter, affronter ceux qui ne savent pas et me regarde comme je suis dessiné.
Affronter cette bande d'abruti en me demandant quel supplice aujourd'hui ils auront décidé de m'infliger.

Un signe à mes parents en partant, qui pensent juste à une crise d'ado qui passera.
Parce qu'ils n'ont pas vu les traces dans mon dos, celles comme on marque la mauvaise bête dans un troupeau. Celle qui ne se contente pas de faire de qu'on lui dit et veut sortir de cet enclot où il n'y a plus d'air à respirer.

Une porte claquée et une inspiration faite dans un air glacé. La saison que je préfère, celle où tout devient froid et tout semble s'arrêter mais surtout celle où je peux tout cacher. Celle où je peux me convaincre que je suis un petit peu l'être qui vient s'imposer toutes les nuits dans mes rêves à décrypter.
Pas besoin d'un code élaboré, juste une évidence qui vient de plus en plus s'imposer.

_Hey, alors, t'as mis trop de temps à te maquiller mademoiselle ?

Une bourrade dans l'épaule et au vu de mon agacement, James sait qu'il ne doit pas insister.
_ Ohh Chloé ! Je plaisante ! En même temps tu fais aucun effort pour être bien présentée ! Je suis sûr que tous les garçons pourraient craquer !

Mâchoire crispée, je me retiens de tout lui balancer, mais comme bien souvent je me mure dans un silence qu'il ne vaut mieux pas briser. Il sait qu'il doit attendre, attendre que je sois obligé de revenir à la réalité.

Il retire un de mes écouteurs :
_ Ohhh !! Je te parle !! En ce moment t'en fait qu'à ta tête ! T'es chiante hein ! C'est bien un truc de fille ça !

_ Je ne suis pas une....

Je m'arrête me rendant compte de cette phrase qui a trahi mes pensées. Qui s'est imposée à sortir sans que je n'ai rien demandé.
James se fige et s'arrête :
_ T'allais dire quoi ?!

Il sait que je n'ai jamais aimé être comme les autres. Il sait que je préfère un tee shirt à un haut décolleté. Mais il n'a jamais su dans quelle prison je suis enfermé. Il ne sait pas la douleur provoquée par tous ces mots qui semblent être mal conjugués. Il ne sait pas ce que c'est de vouloir leur hurler d'enfin voir cette silhouette que je ne cesse pas d'imaginer.

Je décide de faire demi-tour, je ne veux pas qu'il insiste pour savoir. Mais il me suit avec l'intention de me faire cracher la vérité.

_ Ohh ! Tu nous fait quoi là ?! Je sais bien que t'es pas très féminine mais tu vas pas me dire que t'es un mec hein ?! Tu sais que t'as pas ce qu'il faut de bien placer pour ça hein ?!

Son rire résonne bien trop dans mes oreilles, avec en prime cette pluie gelée qui s'est mise à tomber.

_ Mais bordel tu vas où ?!

_ Et si c'était ça hein ?! Si je voulais être quelqu'un d'autre tu ferais
quoi ?!

Je me suis retourné bien trop vite, les traits bien trop crispés pour lui faire croire que je puisse plaisanter. Son visage se décompose :
_ Tu me fais flipper !

Premier coup asséné quand enfin les mots que je n'arrive pas à formuler décident d'essayer d'être réalité.
_ OK je vais te laisser te calmer. Je vais en cours moi.

Sans un mot de plus, il tourne les talons, quelque chose me soufflant que le seul que je pensais être prêt a l'entendre fera comme si jamais rien ne s'était passé.

Seconde bourrade, mais celle-ci bien plus enfoncée. Une épaule que je connais bien trop par la marque de sa veste cousue à cet endroit. Cet endroit que j'ai eu le temps de bien regarder quand il décide de frapper.

Son regard me signifie que je l'ai contrarié, mais cette fois je ne veux pas le laisser me marquer. De toute façon la journée a déjà mal commencé.

Alors j'essaye de me persuader que celui qui est en moi arrivera à s'imposer et relève mes manches comme si ça pouvait m'aider.

Seulement quand quatre de ses gorilles finissent par arriver, je sais que cette journée va aussi mal se terminer.

Textes L, G, B, T ou toutes les lettres que vous voudrezWhere stories live. Discover now