Chapitre 5: Carpe Diem

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J'avais passé l'après-midi suivant sur la plage, en compagnie de la meute. À ma grande surprise, Rachel était venue nous saluer brièvement avant de s'éloigner pour se plonger dans une intense lecture. Totalement apaisé par sa présence, je m'étais contenté de l'admirer en gardant mes distances.

Le lendemain, je déambulai seul dans la maison. Cette journée me paraissait morne et sans intérêt. Fatigué de me questionner, j'essayai de me raisonner en tentant de me retrouver. Il y a des années, j'avais appris à vivre au jour le jour, sans vraiment me soucier du lendemain. C'est ce qui m'avait permis d'être heureux. 

Cependant, je n'arrivais plus à avancer. Je n'arrêtais pas de penser à Rachel. Pire encore, mon besoin d'être présent à ses côtés me paraissait incontrôlable. Plus d'une fois, j'avais suivi le son des vagues et marché sur le sable en espérant l'apercevoir ou sentir son odeur, tout simplement. Mais, pour la dixième fois de la journée, j'étais rentré chez moi, déçu de ne pas avoir pu répondre à ce besoin qui m'horripilait.

Difficilement, j'essayai d'étouffer cette petite voix qui me soufflait d'aller la retrouver, ne serait-ce que pour quelques instants. Vagabonder autour de chez elle pour l'observer me semblait inapproprié, voire complètement malsain. L'imprégnation avait peut-être détraqué mon esprit, mais j'étais bien conscient qu'il y avait des limites à ne pas franchir. Cependant, ma raison était remise en question par les symptômes de cette même imprégnation. Pourquoi pensais-je soudain que m'assurer du bien-être de Rachel ne revenait pas à l'épier ? Cette lutte entre ma raison et mon instinct était épuisante.

Alors que je m'apprêtais à rejoindre Jared pour effectuer une patrouille nocturne, Sam déboula devant moi lorsque j'ouvris la porte d'entrée.

- Un problème, Sam ? demandai-je, surpris de le voir ici.

- Viens t'asseoir, dit-il en pénétrant dans ma maison.

Sam agissait comme s'il était chez lui en se dirigeant vers la table du séjour. Il tira bruyamment une chaise et attendit patiemment que je le rejoigne.

- On est chez moi. Normalement, c'est à moi de t'inviter à prendre place, dis-je, agacé.

Tout en m'asseyant, je sentis le regard dur et froid de mon Alpha se poser sur moi. Qu'avais-je fait ? Avais-je encore dit quelque chose d'inapproprié ?

- Arrête d'admirer ma beauté, ça en devient gênant, rétorquai-je, mal à l'aise.

- Paul, sois sérieux pour une fois, souffla-t-il.

Ses expressions si sévères s'étaient envolées pour laisser place à un air navré.

- Qu'est-ce qui se passe ? m'enquis-je, inquiet par son changement de comportement.

- Billy m'a appelé hier soir en me disant que Rachel commençait à prospecter des appartements à louer à Seattle. Il n'arrivait pas à la supplier de rester ; c'était au-dessus de ses forces. Comprends-le, Paul, ça faisait des années qu'il n'avait pas vu sa fille aussi épanouie.

À cette nouvelle, je déglutis difficilement. Mon unique espoir de la voir rester venait de s'envoler.

- Je suis donc allé voir Rachel ce matin, m'avoua-t-il après un long moment de silence.

- Pardon ? bredouillai-je. Sam, ne me dis pas que vous lui avez tout dit ? Vous ne lui avez quand même pas parlé de la meute ? Ni... ni de l'imprégnation ? demandai-je en sentant la panique m'envahir.

- Ne t'en fais pas, elle a fini par accepter la nouvelle au bout d'un moment, répondit-il, confirmant ainsi mon appréhension. Je lui ai parlé en détail de l'imprégnation, de ce que représente Emily pour moi et à quel point il est primordial qu'elle reste à mes côtés. Elle a compris...

Le loup et la colombe - Paul LahoteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant