Chapitre 6: Le manque

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Après plusieurs jours sans voir Rachel, je m'étais finalement confié à mon père. Il était la personne la mieux placée pour m'aider. Après tout, il ne connaissait l'imprégnation que d'après ce que nous en savions, mais pas d'après ce que j'en pensais. J'avais besoin de son regard extérieur pour ne pas être jugé. Il m'avait alors conseillé de vivre et de laisser les choses se faire, tout simplement.

Je me sentais mieux depuis que je m'étais confié à lui. Malgré tout, je continuais à me questionner et à éprouver ce curieux besoin d'être aux côtés de Rachel. Maintenir mes distances pour la laisser réfléchir était épuisant. C'était comme si je n'avais plus goût à rien. Toutes mes pensées convergeaient vers elle.

Je laissais donc mon père me remonter le moral comme il savait si bien le faire. Un jour, il m'accueillait avec une tenue pour jouer au laser game. Le lendemain, il m'embarquait en voiture pour aller jouer au baseball. Il m'avait même traîné dans un magasin de jouets, et j'avais dû le calmer pour éviter qu'il ne dépasse son budget. Pour lui, rien de mieux que de s'occuper l'esprit en permanence pour ne pas penser à ses soucis. Ça fonctionnait plutôt bien. Mais aujourd'hui, j'allais devoir m'occuper autrement, car il serait absent. Personne n'aimait patrouiller le samedi en journée. J'avais donc proposé à Quil de le remplacer afin qu'il puisse profiter de la présence de Claire. Je n'avais pas fait cela par gentillesse, mais parce que je devais occuper mon esprit.

C'était un véritable calvaire de patrouiller avec Seth. Au bout d'un moment, tout ce que j'entendais, c'était « bla bla bla bla bla ». Seth ne fait que parler. Dès que tu penses à quelque chose, il doit absolument argumenter. J'étais vraiment soulagé lorsque la relève est arrivée. Cependant, il fallait bien admettre que, grâce à lui, je m'étais senti plus léger pendant quelques heures.

Le jour était presque couché lorsque j'arrivai devant chez moi. Une faible lumière s'échappait d'une voiture garée dans l'allée voisine, et quelqu'un attendait à l'intérieur. Ce n'était pas la première fois que quelqu'un essayait de s'introduire chez Lyse depuis que sa famille était partie.

- Hey ! hurlai-je en mettant mes mains sur le capot de la voiture.

Et merde. Rachel avait lâché son bouquin et sa lampe torche en me voyant débarquer comme ça. Qu'est-ce que je devais faire ? Ouvrir la portière pour m'excuser ? Ou est-ce que ça lui ferait encore plus peur ? Non, ce n'était pas la bonne décision.

- Désolé ! Je pensais que c'était quelqu'un de mal intentionné ! criai-je pour qu'elle m'entende.

Elle sortit de sa voiture en riant. Quoi ? Qu'est-ce qui était drôle ?

- Je ne suis pas sourde, les voitures ne sont pas très bien insonorisées, m'indiqua-t-elle d'un ton moqueur.

Comment devenir l'idiot parfait devant son imprégnée... Gêné par mon comportement, je passai une main dans mes cheveux. Mon embarras fut cependant de courte durée. Lorsque mon regard se posa sur son visage, le sourire qu'elle m'offrit me soulagea en un rien de temps. Rachel rayonnait malgré la pénombre qui commençait à s'installer.

- On peut parler ? demanda-t-elle en brisant le silence.

- Bien sûr ! Je te propose d'entrer dans mon palace ou tu préfères rester ici ?

Alors que je la fis entrer chez moi pour la première fois, Rachel avança d'un pas hésitant vers le canapé. Je ne m'étais jamais rendu compte à quel point mon père et moi étions désorganisés. D'un pas précipité, je la rejoignis pour débarrasser les vêtements encombrants qui traînaient sur le canapé.

- C'est bon, tu peux t'asseoir, lui dis-je en enlevant les derniers vêtements.

Elle avait désormais une superbe vue sur la table basse, presque invisible sous les cartons de pizzas, les bières, et les magazines de sport qui s'empilaient. Merci papa.

Le loup et la colombe - Paul LahoteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant