Chapitre 17: Un jour parmi tant d'autres

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- Paul, il faut que tu te lèves, chuchota Rachel après avoir éteint son réveil.

- Il est à peine sept heures ! Pourquoi tu me fais ça ? me lamentai-je en la ramenant dans mes bras.

- Ah non, on ne va pas encore avoir cette discussion, maugréa-t-elle avant de se lever.

Comme quasiment tous les matins depuis onze mois, alors que je me prélassai dans le lit, j'ouvris les yeux afin de la regarder se préparer. Je ne me lasserai jamais de la voir se coiffer, ni même de la voir hésiter sur la tenue qu'elle porterait, comme si sa journée en dépendait.

Il avait fallut du temps avant que Billy ne se résigne à me laisser passer certaines nuits ici. Quant à Jacob, il n'avait pas laissé le choix à Rachel et lui avait redonné sa chambre. Adieu cagibis et matelas gonflable. Quoi que, le matelas gonflable avait eu certains avantages insoupçonnés.

- Tu vas finir par être en retard au lycée, dit Rachel.

Las, je me leva. Cependant, au lieu de m'habiller, je me précipita vers elle afin de la prendre dans mes bras.

- J'aurai préféré aller travailler, me lamentai-je.

- Je te le répète, on ne va pas encore avoir cette discussion. Et ton père est d'accord avec moi. Tu dois passer ton diplôme, c'est ...

- Important. J'ai compris, répondis-je avant de l'embrasser.

- Il ne te reste que six mois. Tu peux le faire, m'encouragea-t-elle.

Je ne comprendrais jamais l'importance qu'elle accordait aux études. A mes yeux, avoir mon diplôme était une perte d'énergie et de temps, surtout que j'avais goûté aux joies de la vie active l'été dernier. Durant deux mois, j'étais allé travailler à la scierie avec mon père. Si lui occupait le même poste de commercial depuis des années, moi je m'étais aventuré dans le côté manuel en réceptionnant et en triant le bois. Ce n'était pas compliqué, pas prise de tête et pas si mal payé que ça. Le gérant m'avait même proposé de prolonger mon contrat, mais mon père s'était rangé du côté de Rachel et avait catégoriquement refusé et insisté pour que je termine mes études. J'avais tellement hâte de retrouver cette routine beaucoup moins ennuyeuse.

Une fois prêt, je m'installai au côté passager dans la voiture de Jake. Dès l'instant où il démarra, son vieux radio cassette se mit également en marche.

« ... crises de colère font partie du développement naturel de l'enfant. Si certaines crises ne durent que quelques minutes, d'autres peuvent ... ».

- J'essaye de comprendre Nessie, bafouilla-t-il en arrêtant la diffusion.

- Oh, laisse. Peut-être que je comprendrais Embry grâce à ça, rigolai-je amer.

- Fiche lui la paix, ça lui passera, râla-t-il tout en s'engageant sur la route.

- Ça lui passera ? Ça fait quasiment un an qu'il nous traite de lobotomisés. Je ne sais pas toi, mais moi j'en ai plus qu'assez de supporter ses remarques, rétorquai-je.

- Si tu arrêtais de lui rappeler l'existence de Lysandre, il s'en porterait mieux !

- Pardon ? m'offusquai-je. Sam, Jared et Quil sont d'accord avec moi et je ne suis pas le seul à penser qu'elle pourrait être son imprégnée.

- Mais peut-être pas. Alors arrêtez avec ça.

- Bon, alors vu la manière dont il pense à elle avec cette fascination dérangeante, il est peut être juste dérangé. Tu préfères cette version ? Ou alors tu en as une autre à nous proposer ?

Le loup et la colombe - Paul LahoteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant