9- Au lit

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Léonard

Je suis bien chez Javier et je n'ai pas le courage de repartir.

─ Je peux rester dormir ici, nous irons ensemble demain ? Je dois juste passer chez moi pour me changer ?

Javier hoche la tête. Il règle son réveil à sept heures, cela me parait juste pour être à Saint-Ouen à huit heures, je ne dis rien. Il se blottit contre moi pour dormir, pose sa main sur ma hanche pour m'enlacer.

Je m'attendais à devoir le supplier, à m'expliquer des heures, mais il a vite évoqué le sujet et l'a clos encore plus rapidement. J'ai vu qu'il était sincère, ce gars c'est le gros lot.

Il a éteint la lumière et sombre déjà, j'adore son prénom qu'évidemment, je n'aurai jamais pu deviner.

Son CV m'a épaté, je n'avais pas eu le temps de regarder au bureau, j'ai juste récupéré son téléphone. Il a la tête bien faite, mais surtout bien pleine et il n'aura pas de mal à trouver un autre poste. Il devrait avoir un salaire bien plus élevé que celui qu'il occupe !

Quel mystère ce garçon.

Je regarde son corps chaud appuyé contre moi. Il est honnête, tendre, je n'aurai pas parié terminer au lit avec lui ce soir.

J'ai un peu chaud, alors je vais entrebâiller la fenêtre. Quand je me recouche, il m'enlace à nouveau, me faisant sourire. Je vérifie, et oui il dort bien.

Quand le réveil sonne à cinq heures, je suis en pleine forme et de bonne humeur. J'ai baisé, la vie est belle.

Malgré le bruit que je fais, Javier ne bouge pas. Je le réveille difficilement et il est clair que je n'aurai pas de câlin ce matin. il a enfoui sa tête sous l'oreiller.

─ Il est cinq heures, tu viens, je voudrais passer chez moi me changer avant d'aller au bureau ?

Il marmonne alors que je suis déjà habillé.

─ Javier ! Je t'emmène ?

Il ouvre les yeux et s'assoit les cheveux ébouriffés en se frottant les yeux. Il regarde son lit malheureux et finalement se recouche en se remettant sous les couvertures.

─Iltrotommmmmhhhh

─ Pardon, je n'ai pas compris ?

Je m'assois à côté de lui, amusé et le fais se relever en le tirant par les coudes.

─ Il est trop tôt, Je crois qu'il va falloir que tu le découvres, je suis un gros dormeur. J'irai tout seul, tout à l'heure, désolé.

Je le regarde ébahi, il s'est rallongé et dort déjà profondément. Javier n'est pas du matin et je sens qu'entre son lit et moi, ça sera son lit. Je ne me sens pas trop inquiet quand même, car il a été câlin hier soir, bien plus que ce que je pouvais espérer. C'est un idiot idéaliste, mais une bonne personne qui m'amène à me questionner un peu sur ce que nous faisons.

Je prends son portable, curieux de tester s'il dort vraiment, à mon avis, s'il fait semblant, il va réagir ...il dort indifférent. Je pourrais fouiller ses affaires sans qu'il réagisse.

J'admire les traits délicats, les cils posés sur les joues, les lèvres roses et qu'est ce qu'il est bien gaulé. Le torse est masculin, les tablettes, les biceps tout y est et pourtant tout est fin et délicat à croquer. J'ai rarement vu des corps qui me plaisent à ce point et pourtant des mecs j'en consomme pas mal. Je me rassois à côté de lui avant de partir et je l'admire, je prends une photo en douce pour mon fond d'écran. Je caresse les cheveux épais, je dois malheureusement y aller.

Quand j'arrive chez moi, mon appartement parait glacial et bien trop grand par rapport à sa petite maison. J'ai acheté un duplex dans le douzième, un investissement. Je suis sûr que ma chambre immense ne lui plaira pas, enfin je suis curieux de voir sa réaction.

Je réalise sous la douche que je suis prêt à l'emmener chez moi, ce qui sera quand même une première.

Javier c'est tellement évident et pourtant un ovni par rapport à moi. Il m'amuse tellement et quand j'y songe, quel mauvais manager, je secoue la tête incrédule.

Je l'ai vu parler à ses amis, il a l'air proche d'eux. Je ne sais pas ce que cela donnera avec les miens et moi avec les siens. Je redoute que dès que nous commencerons à élargir notre cercle, les ennuis nous tomberont dessus.

À Saint-Ouen, Benoit et Tanguy sont là avec les principaux cadres pour notre première réunion.

─ Tu es de bonne humeur ! s'extasient-ils en chœur à croire que j'étais une porte de prison avant.

Je ne réponds pas, vaguement agacé.

─ Tu as rencontré quelqu'un ? Tu as été en boite ! suppute Tanguy.

Je lui jette un cahier à la tête. Heureusement nous sommes interrompus par Zeina qui nous a trouvé l'homme fort de la boite : C'est Mister Jallabert ! j'aurai dû m'en douter.

Tanguy me regarde : on fait quoi ?

─ Je vais le garder sous le coude un peu.

Ils n'y voient que du feu. Je brule de leur crier : hé ! ho ! C'est un J, c'est mon J ! J'apprécie le secret de notre relation qui redémarre où nous l'avions laissé. Pour l'instant il ne me saoule pas et ça c'est hyper intéressant et nouveau.

Honnêtement, je ne suis pas très sûr que cela dure bien longtemps. Généralement je ne revois jamais mes conquêtes, cependant à force de fréquenter les mêmes endroits, il m'est quand même arrivé de retomber sur des gars que j'ai connus bibliquement. Certains me collent ou geignent, d'autres m'abreuvent de reproches et ils arrivent à me dégouter des mecs pour quelques jours. Bon jamais dégouté au point de passer aux filles.

Mon équipe arrive à sept heures comme prévu, mais il n'y a personne de l'équipe de Javier et pas ce chameau non plus. Ils ricanent, s'attendant à ce que je les dégomme quand ils arriveront.

Je sais déjà que beaucoup ne viendront pas et j'ai vu Javier endormi, il a prévu de se lever à sept heures, je me demande comment il pourra être là à huit heures, ça va être juste.

Pour notre réunion de huit heures, nous sommes entre nous, il n'y en a pas un d'arrivé et comme je le craignais il n'est pas à l'heure.

Nous sommes dans la bulle vitrée qui donne sur leur bureau, donc je le vois arriver en jean foncé et pull bleu marine avec un gros logo rouge le fameux Boomy. J'ai le cœur qui se décroche tellement il est adorable, mais il est huit heures vingt.

Avant que je n'aie pu dire quoi ce soit, Julien se dépêche de sortir pour lui faire une remarque, qu'il évacue en lui disant qu'il a eu des problèmes de train et qu'il a besoin d'un café. OK ! Il a quand même du caractère mon petit mec.

Je souris, malgré moi amusé par son aplomb, je sais qu'il est parti tellement juste qu'il n'a la place pour aucun imprévu et les trains devaient circuler normalement. Il suffit de prévoir une marge.

─ On fait des réunions de mise à niveau tous les matins, tu pourrais être à l'heure, insiste Julien.

Il baille.

─ D'accord je fais juste le café d'abord. Elles sont trop tôt ces réunions.

Petit con, je vais le mordre.

─ Bon très bien, inutile de perdre notre temps, je décale la réunion à neuf heures.

Mon équipe me regarde avec des yeux ronds.

Tandis que je rassemble mes affaires, je vais profiter de ce temps pour lire un dossier sur notre prochain achat, Rosa s'extasie sur lui, alors qu'il est parti chercher l'eau pour la machine à café.

─ Bon sang, mais ce gars, je le mettrais bien dans mon lit.

─ Quelle gourmande ! se moque Éric. C'est vrai que ce gars doit emballer qui il veut.

Je ne dis rien, mais il est déjà dans mon lit Javier ! ou plus précisémentje suis dans le sien.

J & L [M*M]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant