16-Piranha

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Léonard

Une de nos boites est frappée par un scandale financier à cause d'une filiale à Taiwan. À Londres nous avons rencontré nos actionnaires, nos avocats, les syndicats. Nos associés ont déjà lancé des enquêtes internes et en quelques jours nous réussissons à prouver que les agissements sont le fait d'un seul homme.

Nous avons eu chaud, mais il faut faire de la politique et nous montrer en Asie.

─ Léonard je te laisse faire la tournée à Taiwan ?

Rien d'inhabituel dans la demande de Benoit alors que nous sortons d'une audience du tribunal de commerce, le Rolls Building de Londres.

Jusqu'à peu cela ne me faisait rien d'enchainer les voyages et j'étais volontaire. Souvent j'en profitais pour aller voir Gaspard.

Là, c'est l'anéantissement, je n'ai pas, mais pas du tout envie de partir.

Je pourrais protester et lui dire qu'il n'a qu'à y aller lui ! Je comprends soudain ce qui le ramène toujours vers la même personne.

Avant de partir pour Taiwan, j'ai fait les boutiques me demandant ce qui lui plairait. Je ne le connais pas assez ! Des images de lui, nu dans son lit me revienne en tête et je souris comme un idiot. Ce n'est pas du tout moi cette mièvrerie pure.

Je lui prends une bricole, une tasse à l'effigie de la monarchie, faute de mieux.

J'ai essayé d'appeler le jeudi en attendant mon vol pour Taiwan. Il n'a pas décroché. J'ai peur qu'il le prenne mal. Rectificatif, je sais qu'il le prend mal, puisqu'il ne m'écrit pas et ne m'envoie pas de mots doux. Ce serait idiot de tenter de m'expliquer à distance. Il me faut être patient, je vais attendre mon retour.

J'espère qu'il n'enchaine pas les mecs pendant mon absence, ses amis sont plutôt délurés Il a peut-être réalisé que j'étais ennuyeux ou il s'est déjà trouvé un autre mec ?

Pour ma part, je suis étonnamment sage.

J'appelle sans arrêt Anet pour lui demander des nouvelles de la boite. Elle me parle de tout sauf de ce qui m'intéresse. Je n'ai pas envie de lui demander des nouvelles de Javier, comme si j'admettais une faiblesse.

─ Je peux vous déranger encore un peu ?

─ Bien sûr ! Qu'est-ce qu'il y a Anet ?

─ Javier Jallabert est un phénomène.

Elle dit cela d'une voix rêveuse je remarque qu'elle l'aime bien, cela me fait plaisir.

─ Comment cela ?

─ Il arrive de plus en plus tard ! Et l'autre jour il est arrivé avec un mini oreiller. Julien n'arrête pas de le houspiller.

─ Quoi ?

─ Oui il avait sommeil, alors il a emmené un petit oreiller. Julien était fou de rage et voulait le virer sur le champ. J'ai tenu le discours officiel : pas de licenciement sans Léonard. J'ai bien fait ?

Je souris amusé, mon Javier est infernal.

─ Très bien fait !

─ Léonard si vous ne rentrez pas la semaine prochaine, vos consignes tiennent toujours ?

─ Oh que oui ! Aucun licenciement quand je ne suis pas là.

─ Je crois que Benoit va vous en parler, il m'a demandé de faire la lettre, mais je ne l'ai pas faite !

─ MEEEEERRRRDE ... pardon Anet et merci de me prévenir !

J'ai remarqué le silence de Javier qui ne peut vouloir dire qu'une chose, quelque chose le dérange, je préfère régler cela de visu, alors je vais attendre pour m'expliquer avec lui dès que je rentre.

J & L [M*M]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant