Léonard
Il fait chaud en juin. Installé dans une balancelle de toile bleue, j'admire les arbres fruitiers, les fleurs, la végétation dense qui embaume. Difficile de croire que nous sommes en ville, l'endroit est si paisible derrière les grands portails de fer. Les coussins moelleux invitent au repos. Nous venons de rentrer d'un footing, je suis torse nu, en short. Javier est parti me chercher de la crème solaire quand mon portable sonne.
Je regarde incrédule le nom qui s'affiche sans décrocher.
Javier revient avec un plateau, il y a aussi des boissons et son ordinateur, il porte un survêtement gris et tee-shirt rouge. Je l'admire mon petit brun, il a un look de gamin adorable.
Le téléphone sonne à nouveau, mon interlocuteur est têtu, hélas ! J'enfile un tee-shirt et adresse une mimique d'excuse à Javier qui allait me mettre de la crème solaire, avant de décrocher.
C'est mon ex, Gaspard qui appelle en visio.
Je le regarde incrédule, admirant quelques secondes malgré moi, les cheveux blonds épais, le regard décidé, l'allure de l'homme à qui tout réussi et surtout cette énergie qui se dégage de lui à distance.
Ce mec c'est quelque chose. Il n'a pas changé. Il a fait le mort pendant des mois et il rapplique comme une fleur.
Mon côté politique refait surface et je lance la conversation, décidé à ne pas lui montrer combien le revoir m'affecte.
─ Salut, le revenant, tu vas bien ?
─ Salut mec comment vas-tu ? Je te revois quand ?
Nous étions dans la même école tous les quatre. Egal à lui-même, il mitraille toujours les gens de ses directives et de ses questions.
Avant, je n'étais qu'un surdoué solitaire. Nous deux, ça a collé tout de suite. Il est encore plus autoritaire que moi et on passait notre temps à s'engueuler, mais je l'aimais. Il ne rentre que rarement en France, et souvent il trimballe des mignons petits Asiatiques. J'ai tenté plusieurs fois de recoller les morceaux en débarquant chez lui au Viêt-Nam, je ne lui ai jamais manqué !
Javier n'a rien remarqué, il s'est installé sur la table de jardin pour travailler, il nous sert des boissons, pendant que je discute avec Gaspard.
─ Tu n'as pas répondu à ma question, où es-tu ? exige ce malotru.
Il m'énerve à être aussi monsieur j'ordonne. Il avait tendance à décider de tout pour nous deux, ce qui me frustrait souvent.
─ Et toi où es-tu ?
─ Tu ne devines pas ? il tourne son écran et je reconnais le château de Benoit.
─ Tu es en France !
J'ai le souffle un peu court. Je réalise qu'il est enfin rentré.
─ J'aime beaucoup la baraque de Benoit, je crois que je vais rester à demeure !
J'ai suivi vos exploits dans la presse, bravo et vous allez désormais vous attaquer au Groupe Greuner.
Il va être temps d'arrêter de jouer. S'il est en France, les choses vont se compliquer.
─ Tu veux quoi Gaspard ?
─ Rien mon grand, je suis rentré pour des vacances, je serai chez Benoit le week-end prochain. Je compte sur toi ? Surtout, on ira ensemble au gala de l'école ?
─ Je ne pense pas !
─ Mais si ! J'ai envie d'y aller et je veux que tu viennes avec moi. Tu ne m'as pas répondu, tu es où là ? Tu es dans un jardin, chez qui ?
VOUS LISEZ
J & L [M*M]
RomanceJavier rencontre un inconnu dans un train et le perd de vue. Une année plus tard son entreprise est rachetée et il se retrouve en concurrence avec le directeur informatique de la Société concurrente. C'est le L qu'il avait rencontré dans un train. Q...