11- Deuxième diner au restaurant

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Léonard

Nous rentrons en voiture le mercredi soir et Javier râle copieusement après son con de patron qui l'oblige à aller sur site. J'aime bien sa façon de me voir de deux façons.

─ Tu sais ce qu'il va faire le con de patron ?

─ Non.

─ Il va te mettre la fessée !

─ Arrête bon sang ! Léonard ? Comment on peut mélanger autant nos jobs et nos vies ?

─ Parce qu'on baise, c'est normal de se mélanger.

─ Au fait je n'ai plus grand-chose chez moi. Je n'ai pas pu aller en course. Je t'ai fait du bœuf bourguignon hier soir, donc il me reste du saumon au congélateur, mais je n'ai plus que des pommes en dessert. Ça ira ?

─ J'ai une pizzeria très bien, juste à côté de chez moi et je te ferai visiter mon appartement.

J'ai fait ma proposition malgré moi, désireux de lui faire découvrir mon univers.

─ Notre deuxième fois au restaurant ! approuve Javier ravi.

Cela m'amuse qu'il compte nos sorties, comme si nous étions en couple. Je crois que je commence à me faire à l'idée. Avec lui, je pourrais envisager à nouveau l'idée.

J'ai su tout de suite que j'aimais les mecs et par chance j'ai été élevé par un intellectuel philosophe qui se moquait de ma vie sexuelle. J'ai eu pas mal d'aventures, jusqu'à ma rencontre avec l'amour de ma vie. Gaspard était à Supelec, brillant, beau, solaire, il m'a arraché le cœur. Je crois que je suis toujours amoureux de lui, bien qu'il m'ait présenté ses nouveaux copains.

Sans doute que j'espère encore que nous nous remettrons ensemble, un jour ou l'autre. Il m'a quitté pour s'installer au Viêt-Nam, il voulait travailler sur les économies solidaires, le développement des pays. Ce mec est un génie et il a toujours eu des grandes théories en tête.

Je réalise en conduisant que je pense aux deux hommes en même temps, Gaspard celui que j'ai tant aimé et Javier qui m'émeut et m'intéresse de plus en plus.

Pourtant, les deux n'ont rien en commun. Si Gaspard m'évoque une symphonie élaborée, compliquée, Javier, lui c'est définitivement le petit tube de l'été, qui cartonne. Les tubes de l'été c'est sympa, rafraichissant et ça fait du bien, ...sauf qu'on s'en lasse forcément un jour !

Le restaurateur me connait bien, il nous sert efficace et rapide. Discute avec nous de ces critères de qualité pour la bouffe. Javier veut essayer de reproduire une de ses recettes. Plus tard, quand je vais payer au comptoir pour lui dire au revoir, il me glisse, amusé que c'est la première fois que j'emmène quelqu'un. J'acquiesce, il a raison. Je ne vais jamais au restaurant avec les mecs avec qui je couche, c'est une première. Enfin sauf avec Javier, qui comme il l'a fait remarquer, nous en sommes à notre deuxième diner au restaurant.

Dans le parking je lui ai désigné mes voitures. J'ai quand même une Lamborghini. Il a jeté un bref regard, par politesse. C'est la même chose dans mon appartement, il observe les lieux, le grand salon au sol de marbre blanc et aux meubles sombres élaborés. Il n'est guère admiratif et seuls, la terrasse et la cuisine aménagée avec des gadgets trouvent grâce à ses yeux.

─ C'est grand, reconnait-il.

─ Tu n'aimes pas ?

─ Si je trouve ça très bien. Un peu moderne peut être ! Je ne t'imagine pas ici, je trouve que ça ne te correspond pas.

Il est gêné de m'avouer la vérité.

─ Pourquoi ? Comment on peut dire qu'un endroit ne ressemble pas à quelqu'un.

J & L [M*M]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant