Léonard
J'ai aimé notre scolarité, l'ambiance intellectuelle, l'émulation de notre école, cette impression d'être les rois du monde.
Le samedi soir, selon une tradition bien rodée, nous avons un diner entre anciens élèves, avec beaucoup de discussion et d'alcool. Les conjoints nous rejoignent le dimanche matin pour un déjeuner et une journée de détente.
Je retrouve avec plaisir tous mes copains et aussi mes ennemis, dont Rodolphe, un surdoué plus jeune. Nous n'arrêtions pas de nous lancer des piques, de nous faire des vacheries, à la mode guerre des boutons. Il est gay et Gaspard a déconné en le draguant.
Nous sommes adultes, mais cela continue, car il a monté une boite équivalente à la nôtre. Je suis persuadé qu'il a pompé notre idée.
Comme je le craignais, cela dégénère avec Rodolphe qui nous cherche comme toujours. Il a une langue acérée et il fait mal. J'ai peur pour demain quand Javier va me rejoindre.
─ Vous vous êtes remis ensemble ? demande-t-il à Gaspard. Je croyais que tu avais une copine qui venait demain.
Je me crispe et Gaspard l'envoie bouler.
Rodolphe ricane, content de l'avoir énervé.
─ Qu'est-ce que tu es agressif. Vivement demain, on va rigoler.
─ Pauvre type !
Rodolphe va être odieux avec Javier. J'ai très peur.
J'ai peur de ses vacheries et bien envie d'appeler Javier pour lui demander de ne pas venir, cela reviendrait cependant à avouer que je n'ai pas confiance en lui.
Javier est trop gentil et ne verra pas les manœuvres de Rodolphe qui n'auront qu'un seul but, le ridiculiser et prouver qu'il est un con.
C'est le jeu de certains mecs ici, un jeu débile et insupportable : prouver aux autres, que leur moitié sont des connes.
Benoit est venu seul cette année, Ginevra pouponne. Gaspard a déjà ramené des petits amis qui ne parlent pas un mot de français, c'est plus facile pour ne pas se faire emmerder.
Tanguy lui ramène toujours des connes, il cherche toujours à améliorer le niveau.
Javier n'est pas au courant et je n'ai pas intérêt à ce qu'il le découvre, car je sens que sinon, je risque de me prendre une belle engueulade. Je sais qu'il y a quand même des limites et le connaissant, cela en sera une.
Le lendemain nous faisons un match de basket, en théorie amical, en réalité à couteau tiré. Rodolphe et ses compères contre nous, nous jouons pour gagner et écraser l'adversaire. En lançant la balle, nous nous balançons des crasses à notre habitude.
Les premières voitures des conjoints arrivent, ce sont des gros véhicules couteux, ostentatoires, des berlines luxueuses. Nous visons à nous en mettre plein la vue.
Sur mon insistance, Javier m'a laissé lui offrir une voiture : il a choisi une fiat turquoise. Je suis sûr qu'il a hésité avec le rose, mais il s'est dégonflé.
La petite fiat arrive et quand il sort, tout le monde le regarde. Il se gare de travers et prend deux places. La conduite ce n'est pas son truc du tout.
Il porte un jean et un pull bleu marine, il est à croquer avec ses cheveux lissés sur le côté.
Je suis censé jouer, mais ce connard de Rodolphe fonce déjà vers lui.
─ Javier ? C'est toi ? Rodolphe a une voix incrédule.
Je vois ce crétin se jeter sur Javier et l'enlacer. Je le connais, il adore dégommer les gens et les mettre plus bas que terre, il fait quoi là ?
Je quitte le jeu à mon tour, décidé à ne pas le laisser faire. Cependant il est évident qu'il s'agit de retrouvaille.
─ Vous vous connaissez ? je demande incrédule.
─ Tu as l'a devant toi le mec le plus intelligent de la terre, dont j'étais fou amoureux à quinze ans.
Javier sourit.
─ J'étais le prof de math de Rodolphe, il exagère et tu connais son père, c'est l'adjudant Moreau.
Je regarde Rodolphe Moreau, qui me fixe narquois et n'a pas lâché Javier.
Connaissant la grosse tête de Rodolphe, pour être son prof, il faut du high level. Il est beaucoup plus exigeant que moi.
─ Javier était mon prof de math quand j'étais ado. Il n'avait qu'un an de plus que moi, il était super doué et intelligent, mais n'a jamais voulu voir mes techniques pour le draguer. Javier, tu es officiellement mon premier chagrin d'amour.
─ Tu étais trop jeune, et moi aussi, rétorque Javier en rigolant et en essayant de se défaire de ses bras.
─Rodolphe ? Tu peux lâcher Javier ?
─ Pourquoi ?
─ Parce que c'est mon petit copain à moi ! Et que je suis jaloux !
Javier s'adresse à Rodolphe.
─ Lâche-moi, je suis content de t'avoir revu. Tu as bien bossé si tu as fait centrale.
Rodolphe sans nous écouter le resserre conte lui, et lui souffle à l'oreille :
─ quitte-le ! Ce n'est pas lui ton avenir ! C'est moi ! Quitte-le mon Javier. Je m'occuperai de toi. Tu as fait quoi ?
─ Polytechnique et j'ai adoré. Je te présente mon copain Leonard.
Benoit et Tanguy, Gaspard et tous les autres nous ont rejoints et regardent ce con en train d'essayer de me piquer mon mec, devant moi.
J'ai eu peur que Javier subisse les moqueries des autres, il doit surtout calmer un excité visiblement toujours amoureux de lui. Je l'arrache des mains de Rodolphe réalisant qu'il va me falloir passer à la vitesse supérieure.
─ Tu tombes bien Rodolphe, j'avais besoin d'un témoin.
Je cours à ma voiture récupérer un petit coffret avec les alliances que j'ai acheté. Il me semble qu'il va être temps pour nous deux de nous engager. Je pensais faire une demande discrète, mais à cause de ce connard je me mets à genou devant tout le monde.
Javier recule surpris, les autres s'exclament ébahis et Rodolphe glapit.
─ Javier Jallabert mon merveilleux J, est-ce que- tu veux m'épouser ?
─ Non !
Ça, c'est Rodolphe encore.
─ Oui, répond mon adorable amour.
FIN
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J & L [M*M]
RomanceJavier rencontre un inconnu dans un train et le perd de vue. Une année plus tard son entreprise est rachetée et il se retrouve en concurrence avec le directeur informatique de la Société concurrente. C'est le L qu'il avait rencontré dans un train. Q...