3- L raconte

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Léonard

Je viens de terminer un call avec l'Asie et je m'étire pour arpenter les couloirs déserts de notre nouvelle acquisition. Ils n'ont pas l'air stressés par le plan à venir, tant mieux ! On va les bouffer tout cru. Cette boite va être repensée complètement, pour être intégré dans le groupe, mais il n'y aura pas grand-chose à garder. Pour un bilan complet, il nous reste désormais à voir l'informatique et les métiers de la finance. Je vais me charger de l'informatique et Tanguy va bouffer les financiers.

Benoit et Tanguy sont déjà là, et nous nous retrouvons dans le bureau de Benoit pour discuter de la boite et de nos prochaines acquisitions. Nous sommes convaincus que le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt.

Trio inséparable, nous nous sommes connus sur les bancs de l'école Supelec, une des écoles d'excellence française avant de partir ensemble au MIT à Boston.

Benoit est un visionnaire, c'est lui qui a eu l'idée de notre société spécialisée dans le redressement de boite, la fusion et l'acquisition sans faire de quartier. Nos juristes ont toujours du travail.

Il est sept heures trente, quand Chang et Julien, qui font partie de mon staff daignent se pointer. Je les engueule copieusement.

─ Vous vous croyez en colonie de vacances ? Je veux les rapports d'activité et les programmes analysés avant ma réunion de neuf heures, démerdez-vous !

Ils font partie des meilleurs éléments des boites qu'on écume, je les ai récupérés pour mon état-major de guerre. Ces informaticiens surdoués ont mission de tout comprendre chez ceux qu'on rachète, pour pouvoir se passer des salariés de la boite.

Nous sommes là depuis une semaine et c'est la période la plus difficile, la passation des informations. Le directeur informatique de la boite, que je vais dégager, n'est toujours pas arrivé il est neuf heures, ce qui est inadmissible.

Rosa a préparé la liste des programmes à s'approprier. Nous nous les partageons.

─ Posez autant de questions que possible et remontez-moi les murs.

Dans notre jargon ce sont ceux qui mettent de la mauvaise volonté. J'ai une technique imparable pour les dégager très vite. J'admire les locaux vides. Incroyable, personne n'est arrivé dans leurs équipes.

─ Le chef n'est pas arrivé ? je redemande pour la dixième fois.

Mes équipes ricanent.

─ Non, il n'arrive pas avant dix heures, quand il vient ! Ils repartent tous vers dix-sept heures, explique Julien. Pour les coincer, c'est compliqué.

─ Ils ont des horaires de vacances, ce n'est pas possible. s'exclame Chang.

Son ton semble un peu envieux. Je ne dis rien, mais nos salaires sont hors catégories.

Ils rigolent incrédule, se doutant que j'ai envie de les massacrer. Je compte bien passer une soufflante phénoménale à leur chef.

Les échos que j'ai eu m'ont permis de me faire l'image d'un falot inexistant.

Je termine la réunion, directif, la semaine va être chargée et pas question qu'ils s'endorment sur leurs lauriers. Un mois que nous avons une cadence infernale. Pour ma part, j'ai bossé tout le week-end autant dire que je ne suis pas de bonne humeur.

─ Nous voyons le bout du tunnel, j'insiste autant pour eux que pour moi. Allez courage !

La réunion se termine dans des ricanements de leur part sur les excentricités des informaticiens que l'on se coltine, puis je vais rejoindre Tanguy et Benoit.

J & L [M*M]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant