22- Le salon de Genève

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Léonard

Javier m'a fait de la place dans ses placards, progressivement, je me suis installé avec lui. C'est plus pratique et nous aimons être ensemble. Le seul souci, ce sont mes voitures, que je ne peux laisser dans les rues de Maisons- Alfort.

Nous sommes au lit, blotti l'un contre l'autre, un samedi matin de mars. Je le tanne pour m'accompagner au salon de l'automobile à Genève, mais Javier tergiverse, il n'est pas intéressé.

J'irai seul, probablement.

Je l'embrasse, tout en jouant avec sa bouche et nous sommes surement repartis pour un tour de manège, quand nous entendons des coups brusques à la porte de la maison.

Javier est étonné, car il n'attend personne et ses copains ne frappent pas comme ça !

Javier va ouvrir, après avoir passé un survêtement. J'entends des cris, une voix autoritaire masculine et une voix féminine enthousiaste.

─ Papa et maman, marmonne mon chéri.

Son intonation est consternée.

Je ne sais pas ce qu'il se passe avec sa famille, il n'en parle jamais. Souvent son téléphone sonne avec la mention papa ou maman sans qu'il décroche.

Je ne peux pas me cacher, la maison n'est pas grande et sa chambre donne sur le salon. Autant prendre le taureau par les cornes et peut-être qu'ils croiront que je suis un ami. Je m'habille et vais les rejoindre, curieux, de rencontrer ses géniteurs, dont il ne m'a jamais parlé. Son père est en blouson de cuir et jean, un bel homme sec, qui n'a pas l'air commode et me regarde méchamment. La maman est très belle et douce, il a tout hérité d'elle.

─ C'est qui ?

Le papa ne s'encombre pas de politesse.

─ Mon copain, murmure Javier, qui s'est tassé en répondant.

Son père ne dit rien, des yeux scrutateurs me fixent. Il a parfaitement intégré ce que ce terme englobait et ça ne lui plait pas.

Je ne suis pas sûr que Javier ait vraiment envie de faire son coming-out, alors je reste éloigné de lui, comme si j'étais un ami et je salue les parents faisant mine d'ignorer ce qui vient d'être dit.

─ Nous sommes passés par Paris, pour aller ensuite à Genève au salon de l'automobile. Ton père n'a rien voulu te dire, car tu prétextes toujours que tu es trop occupé pour nous recevoir. Nous voulions admirer ton chez toi ! explique l'enthousiaste maman.

─ Ce n'est pas grand ! remarque le père en détaillant les lieux. Tu nous laisses rentrer oui ?

─ Allez-y, murmure Javier, je ne vais pas pouvoir vous loger.

Le père a déjà repéré qu'il n'y a qu'une chambre et qu'un seul lit.

─ Nous partons à Genève demain matin, indique t'il à son fils.

Il met son fils devant le fait accompli.

─ Je vais vous trouver un hôtel, cède Javier.

J'interviens et tente de faire face à mon mec, qui ne me regarde pas.

─ Ce n'est pas la peine, je vais vous prêter mon appartement, Javier ?

Il me regarde enfin quelques secondes. Il est paumé.

─ Je vous emmènerai tout à l'heure et je vous laisserai mes voitures.

─ Vous n'habitez pas ici ? demande sa mère.

─ Non j'ai mon propre appartement, mais j'ai un voyage d'affaires prévu de longue date, je partirai ce soir et je ne reviens que la semaine prochaine. Ça tombe bien, je vais pouvoir vous loger.

─ On a faim, mon garçon, prépare le repas, râle son père, le faisant sursauter.

Javier se détourne et s'active, sans que je puisse le réconforter. Je vois bien qu'il est dans son cauchemar intérieur.

Les parents s'installent dans le canapé vert, détaillent les lieux, le bar qui sépare la cuisine du salon.

La maman s'extasie sur tout, tandis que je mène la conversation avec le père, qui est branché voiture, comme moi. Je me régale pour ma part, parce que c'est mon péché mignon. Je l'aime bien, le père, il me fait rire.

Je le vois regarder son fils, qui ne le regarde pas. Le fossé est profond entre eux. Javier n'a pas dit un mot, depuis qu'ils sont là et son père n'a pas arrêté de le houspiller.

Le père apprécie les voitures et le pognon, il est inquisiteur aussi, il m'a demandé mes coordonnées et devant moi il fouille mon casier judiciaire. Je souris amusé, il va être surpris, car mon grand-père est un ancien ministre.

Je parie qu'il doit aimer les officiels. Je vois qu'il a trouvé quand il se redresse un peu. OK, je l'ai complètement cerné.

J'aimerais raconter cela à Javier, mais c'est impossible. Il est sombre, concentré sur ses préparatifs.

─ Tu nous aideras à acheter nos places pour le salon, demande la mère.

─ Vous ne les avez pas ? s'indigne Javier.

─ On compte sur toi, tranche son père

─ J'ai de places à vous donner.

J'interviens soucieux d'aider Javier et le père me regarde admiratif. J'en suis sûr, « bon papa » m'apprécie.

Nous mangeons tous les quatre, enfin plutôt, je mande avec ses parents et lui est un zombie.

─ Je vais conduire tes parents à l'appartement et je reviens.

En douce j'ai envoyé un message à Anet, pour qu'elle se mette à leur disposition et les traite en VIP.

Nous arrivons dans mon immeuble qui leur plait beaucoup, puis ils admirent l'appartement.

─ Voici le pass du garage, j'ai quatre voitures, prenez celle que vous voulez.

─ Quelle marque ? demande beau papa aux anges, alors que Javier n'en a jamais fait de cas.

─ Une BM, une Ferrari, une Lamborghini et une Mercedes.

─ Dire que cet idiot n'aime pas les voitures !

Comment peut-on parler aussi mal de son propre fils.

─ Je vais vous laisser ? J'avais des places pour le salon, je vous les envoie et il y a un traiteur à côté je leur fais livrer le repas ?

─ Ce soir, allons au restaurant ensemble, exige le père. Un bon restaurant du guide ?

─ Bien sûr, nous nous rejoindrons là-bas. Je vous donne les coordonnées de mon assistante, elle vous aidera si vous avez besoin de quoi que ce soit. Elle va vous choisir un restaurant et allez-y en voiture, il y a des voituriers sur place.

─ Mon garçon, vous commencez à me plaire, appelez-moi Paul.

─ Très bien Paul alors à ce soir.

Et voilà beau-papa dans la poche !

J & L [M*M]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant